Vers 23 heures hier soir, de nombreux quartiers de Lyon, ainsi que dans les villes périphériques, un élan de fête, des cris de joie et des pleurs de satisfaction ont rempli les rues. Comme pour un second 14 juillet, le ciel du quartier de la Guillotière s’est rempli de feux d’artifice. Rapidement, à des kilomètres à la ronde, était visible la joie de tous les supporter.rices de l’équipe algérienne. Et il faut avouer que c’était beau. Le mélange de pyrotechnie chaotique, des chants, des gens qui s’enlacent et font la fête. Tout le quartier dans la rue pour fêter ça, une liesse populaire comme ça fait plaisir à voir.
Mais comme lors des dernières victoires de l’équipe d’Algérie à la CAN (Lire : Dimanche 7 juillet : la police fête la CAN à sa manière..., Jeudi 11 juillet : la police fête « encore » la CAN à sa manière... et Ce 14 Juillet, la police frappe fort lors de la victoire algérienne à la CAN), la préfecture et ses larbins en armure bleue avaient déjà acté qu’à 23h30, la fête serait finie. Et comme du papier à musique, l’horaire fut respecté et les tirs de gaz lacrymogènes ont plu sur la foule entre la Fosse aux Ours et la place Raspail. Bien entendu, la flicaille trouvera bien une excuse après coup pour expliquer leurs premières salves, mais à ce moment, la fête était bon enfant et aucune agression contre les forces de police n’était visible selon de nombreux témoins.
Le préfet avait prévu la chose et avait interdit tout regroupement ou feu d’artifice. Le discours de justification des violences policières avait débuté avant le coup d’envoi du match.
A partir de là, la fête se transforma en troisième mi-temps. Un match classique entre supporter.rices de foot et toute la flicaille de la ville. La seule différence entre un match foot et cette troisième mi-temps, c’est qu’une équipe s’octroie le droit de faire toutes les fautes possibles sans aucune retenue. Il faut dire que l’arbitre, aussi appelé « justice » est un vendu. Quand la police éborgne, violente ou tue la faute n’est jamais sifflée.
Comme dimanche, pour la Coupe d’Afrique des Nations : Ce n’est pas à cause des supporters algériens que nous nous cachons derrière nos fenêtres. Le quartier de la Guillotière a par la suite été allègrement noyé sous les nuages de lacrymogène. A plusieurs reprises même, les pompiers venus aider des personnes blessés ont été bombardé de lacrymogène. On savait que les flics, on l’a que trop vu durant les Gilets Jaunes, avaient une tendance à tirer sur les street medics, voilà qu’ils bombardent les pompiers. Que la police ne respecte pas la convention de la Haye de 1899, ni la Convention sur l’interdiction des Armes Chimiques signée le 13 janvier 1993 à Paris c’était déjà bien dégueulasse, voilà que maintenant la préfecture a oublié la Convention de Genève qui interdit de s’attaquer à tout personnel médical.
Les nuages de gaz finissent par envahir les rues, tirés sans aucune retenue, touchant façades, voitures, végétation, devantures de magasin et faisant fuir toute la population du quartier. Face à ce déluge de violence chimique, les supporter.rices se dispersent alors un peu partout en ville avant de se regrouper sur les quais du Rhône, côté presqu’île, devant l’Hôtel-Dieu. Faire la fête sous les fenêtres d’un hôpital aurait été malvenu, mais « grâce » à la politique pro-bourgeois et pro-touriste de Collomb, la fête n’empêcha que quelques touristes friqués de dormir.
Durant les heures qui suivent, l’hélicoptère de la gendarmerie survole la ville et peut observer les quais facilement car, depuis 2h du matin, tout l’éclairage urbain des quais a été allumé. Économie d’énergie et politique répressive ne font pas bon ménage. Cette troisième mi-temps va durer jusqu’à trois heure du matin. A ce moment de nombreuses charges sont menées de manière coordonnée sur les quais du Rhône devant l’Hôtel-Dieu, tout comme à la Fosse aux Ours afin de disperser les derniers groupes de supporter.rices. Gazage massif et tirs de LBD sont légion et marquent la fin du match. Le canon à eau disposé sur le pont de la Guillotière, qui devait s’ennuyer après plusieurs heures statiques sur le pont, décide de tirer un petit coup pour la route (sûrement un flic phallocrate aux commandes) sur les jeunes devant lui.
A trois heure du matin, il ne reste que quelques camions de CRS en poste sur les ponts, la BAC qui chasse dans les petites rues et l’hélicoptère qui fera des rondes encore une petite heure.
Ce vendredi, comme souvent après une victoire d’une équipe de sport, la police et la préfecture ont fait la fête à leur manière. Violences, gazs, tirs de LBD, arrestations, provocations, histoire que l’on n’oublie pas que l’on vit sous la coupe de la police coloniale de la bourgeoisie.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info