1. La réforme des retraites en cours s’inscrit dans la droite ligne des précédentes casses du système de retraite. Depuis l’adoption du système par répartition, le patronat n’a eu de cesse de chercher à le liquider par différents mécanismes : assèchement des recettes par les exonérations, transfert de financement du salaire à la fiscalité, baisse des pensions par l’allongement des durées de cotisation et le report de l’âge à la retraite.
2. Cet allongement aggrave la situation des travailleuses qui sont particulièrement touchées par ces réformes du fait de la surprécarité, des salaires inférieurs, des temps partiels et des carrière incomplètes imposées par le patronat comme par le patriarcat. Dans la réforme actuelle, les mesures présentées comme favorables aux femmes, avantagent dans les faits ceux qui ont les meilleurs revenus, les hommes.
3. Ce qui est insupportable au patronat, c’est tout ce qui dans le mécanisme actuel repose sur le fonctionnement collectif et solidaire, c’est tout ce qui échappe à la plus-value, donc à l’exploitation. C’est aussi tout ce qui échappe au marché, à la capitalisation.
4. Ces éléments ont été le résultat d’un rapport de force continu, et imposé par la mobilisation collective et les outils du mouvement ouvrier et syndical : grèves interprofessionnelles, boycott, blocage de la production et de la distribution, sabotage des cadences, manifestations de masse...
5. L’Etat a été le fer de lance du démantèlement du système de répartition. Il a imposé d’abord le paritarisme pour briser le contrôle syndical, supprimé les élections de la sécurité sociale pour liquider tout embryon de contrôle ouvrier, permettre la gestion bureaucratique des caisse sur fond d’accord tacite entre MEDEF et organisation syndicale jaune. Il a également utilisé la loi pour assécher les recettes, baisser les pensions, faire passer du capital au travail le financement par le biais de la fiscalité et des exonérations patronales.
6. Le fait que le gouvernement actuel s’inscrit dans la continuité de cette politique de casse menée aussi bien par la gauche que par la droite n’a rien de surprenant : il s’inscrit dans la longue liste des reniements politiques dont les partis de gauche ont fait preuve au cours de l’histoire du mouvement ouvrier. Cela après avoir prétendu, chaque fois qu’ils avaient besoin de voix, défendre les intérêts des travailleuses et des travailleurs. Rappelons que l’un des architectes de la stratégie de casse en cours est Michel Rocard, qui a préconisé dans son « livre blanc sur les retraites » l’essentiel des tactiques mises en œuvre depuis pour cette liquidation progressive.
7. A l’inverse, tous les acquis sociaux ont toujours été le résultat d’un rapport de force de haut niveau, fondé sur la lutte dans les lieux de travail et la rue.
8. Dans ce contexte, seule la mobilisation la plus large, et le blocage collectif le plus ferme de la production et de la distribution, dans les entreprises et les services, sera à même de faire reculer l’Etat et le patronat.
9. Il n’y a rien à attendre de bon d’une stratégie de lobbying, ou d’une position attentiste qui consiste à espérer le moins pire, pas plus de mots d’ordres radicaux lancé sans se soucier de leur mise en œuvre concrète.
10. Nous pensons que nous devons tout mettre en œuvre pour que les structures syndicales organisent cette lutte de masse.
11. Néanmoins, nous pensons également :
● que c’est à chaque syndiquéEs, à toutes les travailleuses et travailleurs avec ou sans emploi, de prendre en charge l’extension de la grève et son organisation.
● qu’il est fondamental de créer des outils permettant de faire circuler efficacement les informations nécessaire à la mobilisation
● qu’il est nécessaire que tous les syndicalistes conscients de la nécessité de construire un rapport de force se mettent en rapport, s’organisent pour réaliser l’unité syndicale à la base.
12. Pour cela il est nécessaire de mettre à distance toute tentative d’instrumentalisation politique par des avant-gardes autoproclamées, par quiconque souhaite faire du mouvement syndical un marche pied pour les élections. Cela passe par une attention toute particulière à la démocratie syndicale, aux décisions collectives des grévistes, au contrôle des mandats. Cela seulement permettra de créer l’unité syndicale et l’unité des travailleuses et travailleurs autour des objectifs propres de la lutte.
13. Une victoire sur le terrain social reste le meilleur moyen de faire reculer fascistes, nationalistes et réactionnaires qui se nourrissent aussi bien de nos échecs que du contexte de crise.
Nous invitons toutes celles et ceux qui se retrouvent dans cette approche, à nous contacter afin de contribuer ensemble à construire un outil de résistance intersyndical à la base.
Tribune syndicaliste libertaire
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Qui sommes-nous ?
Tribune syndicaliste libertaire est animée par des militantes et militants syndicalistes libertaires lyonnaisEs, organiséEs à la CGA ou se retrouvant dans ses conceptions de l’action syndicale et adhérentEs de différentes organisations syndicales. Elle a pour objet la diffusion des propositions que font les militant-e-s syndicalistes libertaires, dans le respect de l’indépendance et de la démocratie syndicale, contribuant au débat en cours dans le mouvement syndical, avec pour but le renforcement du rapport de force en faveur des travailleuses et des travailleurs, par le développement des luttes.
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