Toute l’après-midi, il.elle.s ont furtivement inondé les différents halls de ces enveloppes blanches, avec une question : “Avez-vous reçu la lettre ?”
À l’intérieur on pouvait y lire :
Chèr·e Inconnu·e,
Les ouvrier·ère·s ont disparu.
Nous les avons remplacé·e·s.
Nous, vous, les artistes, les œuvres, les médiateurs·trices,
les curateur·trice·s, les producteur·trice·s, les audio-guides, les cartels, le restaurant, la boutique, la billetterie.
Nous sommes les héritier·ère·s d’une entreprise de machines à laver. Nous sommes les spectateur·trice·s et les acteur·trice·s d’une nouvelle entreprise.
L’entreprise de la Biennale de Lyon.
Nous le dénonçons.
L’entreprise est soutenue par la fondation Total.
Une multinationale néolibérale.
Source de scandales de corruption.
Elle est responsable de l’écosystème en destruction.
La Biennale revendique des œuvres anticapitalistes.
Des œuvres d’ « urgence écologique »
Des œuvres de « récit scientifique techniciste et progressiste de l’exploitation des ressources naturelles par l’homme ».
La Biennale ne respecte pas ses revendications.
Certain·e des artistes de la Biennale ne perçoivent aucun honoraire. L’artiste est fragilisé·e par son statut non reconnu.
Pour exposer, pour sa visibilité, il·elle ne reçoit aucun salaire.
En travaillant par passion il·elle devrait subir une protection sociale pré- caire.
Un mois de grève n’a pas suffit à apaiser le pays. Artistes et travailleur·euse·s dans les différents secteurs Se mobilisent ensemble pour défendre leurs labeurs
Nous sommes menacé·e·s par une idéologie confondant libéralisme économique et liberté individuelle.
Pour cette nouvelle année 2020,
Nous souhaitons ajouter à votre lecture,
Le contexte absent de ces murs blancs
Pour combattre ensemble ce systématisme marchand.
Une assemblée générale se réunira mercredi 8 janvier à la maison de l’écologie (4 Rue Bodin, 69001) à 20h
Rassemblement pour contrer cette énième réforme mais surtout pour converger et construire collectivement une alternative anti- capitaliste, solidaire et intersectionelle.
Intrigué.e.s les visiteur.euse.s attendaient avec impatience de la recevoir, se passant, glissant, donnant le mot et l’enveloppe ; tour à tour les lettres se sont propagées dans toutes les mains. Il était alors impossible de savoir qui les avait données ou les avait reçues.
Travailleur.euse.s, étudiant.e.s et précaires de l’art ont souhaité dans cette lettre dénoncer et faire part aux visiteur.euse.s de la duplicité de position de la Biennale de Lyon qui, d’une part, propose des oeuvres qui se revendiquent écologistes, pro-sociales et progressistes et de l’autre, accepte, à des fins purement économique, de blanchir et d’utiliser l’argent sale du géant pétrolier Total.
Aussi, travailleur.euse.s, étudiant.e.s et précaires de l’art, ont affirmé leur refus d’un système économique qui contribue à la précarisation des artistes, en en privant certain.e.s de rémunération.
Fragiles d’un vide juridique qui ne leur octroie aucun statut les artistes ne peuvent se contenter d’une prétendue visibilité.
Nous, travailleur.euse.s, étudiant.e.s et précaires de l’art , réunis au sein de « Art en grève » réclamons au travers de cette action, notre leur droit à être reconnu·e·s pour ce que nous sommes : les rouages et les producteur·rice·s d’un des marchés économique les plus florissant du pays.
Art en grève Lyon.
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