L’occupation de l’université lyon 2 à été votée lundi 12 lors d’une assemblée générale mobilisant environ 1 500 personnes. Depuis, le débat provoqué par la loi Pécresse évolue dans un sens qu’on ne saurait imaginer, celui de l’ignorer entièrement. La volonté ou non de voir cette nouvelle loi mise en place n’est plus le coeur du sujet. Une seule question occupe les esprits des étudiants et des membres de l’université en général : pour ou contre le blocage ?
Avec de multiples communiqués adressés aux élèves, la présidence de l’université revendique explicitement son désaccord face au mouvement. Armée de torchons, elle passe un sacré coup de chiffon aux étudiants grévistes et mobilisés. « Une petite centaine d’étudiants est enfermée à l’intérieur ne dialoguant avec personne, confisquant le débat » voila ce qu’elle nous annonce le jeudi 15 novembre. Cependant, durant le blocage ultérieur à ce communiqué, des assemblées générales étaient organisées régulièrement, ouvertes à tous évidemment, et des colloques invitant des personnes extérieures à l’université avaient été prévus. Cette occupation étant perçue par les « bloqueurs » comme une manière de propager le débat, et non de le clôturer. Malheureusement, ils ont été annulés quelques heures avant leur commencement, les étudiants jugés trop dangereux par l’administration. Est-il important de rappeler que le blocage a été choisi grâce à son aspect pacifique ?
Bref, il suffisait simplement de se déplacer sur les lieux pour se rendre compte de la véritable atmosphère, en apparence désertique, c’est vrai, mais profondément animée, instructive, et surtout accueillante.
Le froid était la seule raison d’un dit « enfermement » des étudiants à l’intérieur, et après une longue heure de discussion avec eux près de la bibliothèque, on comprend vite pourquoi !
Quelques mots plus loin, nous apprenons aussi que « les enseignants sont empêchés d’exercer leur fonction. Les personnels administratifs s’efforcent de demeurer à leur poste dans des conditions de travail et de sécurité devenues difficilement admissibles », mais paradoxalement des assemblées générales du personnel se sont déroulées, avec pour résultat un soutien majoritaire accordé aux occupants, tiens donc... !
Ce même jour, la présidence décide la fermeture administrative du campus, en d’autres termes, la volonté de balayer par tous les moyens les bloqueurs du campus. Drôle de situation, ils ont été enfermés dans les locaux par des cadenas (rassurez- vous, ils sont désormais libres). Il est donc difficile de comprendre, la présidence voulait bloquer les bloqueurs ? Le mystère reste entier. Cette décision engendra d’ailleurs l’inaccessibilité à la bibliothèque universitaire, ainsi qu’aux salles informatiques, jusqu’alors laissées ouvertes.
Le nettoyage ne s’arrête pas là. Le lendemain, à 10h, la présidence sort l’artillerie lourde de la parfaite ménagère, ne comptant pas laisser un brin de poussière sur le campus de Bron. Pris en flagrant débris par une jeune bloqueuse, des employés de l’université vidaient 5 locaux associatifs.
Conclusion ? Du matériel dérobé, des cloisons détruites, des papiers brûlés. Et dire que la présidence condamnait un jour plus tôt le fait que « les dégradations s’accroissent » sur le campus, et précisait que l’université devait rester un « espace de débat démocratique, de dialogue » alors même qu’aucun membre de ces associations n’avait été informé. La présidence explique cet acte en jugeant ces biens et matériaux comme « présentant des dangers pour l’hygiène et la sécurité ». C’est bien connu : des pâtes, des feuilles de papiers et des banderoles, un véritable cocktail explosif !
Le comble est atteint lorsque que le lendemain même, le 17 novembre, le président rappelle « la nécessité du respect des personnes et des biens » , et c’est d’ailleurs pour cela que les responsables des associations vont prochainement porter plainte !
Décidément, la semaine fut rude pour la Présidence...
Revenons au 16, mais cette fois ci à 23 h, le campus des Berges du Rhône a lui aussi reçu une leçon de la part de Monsieur Propre. Le temps se faisant long, il fut aidé par ces acolytes préférés, les gendarmes mobiles. Les étudiants réfugiés dans l’amphithéâtre Laprade ont été évacués [1] dans un calme dit « relatif », c’est à dire, sans arrestation.
Désormais, la dernière trouvaille de la présidence pour aseptiser l’université, c’est la banalisation des trois premiers jours de cette nouvelle semaine, pour inciter le personnel et les étudiants à débattre ensemble en vue d’un vote électronique. Malheureusement, pour les étudiants mobilisés, seule l’AG est légitime, et à ce sujet, notre fée du logis remue le balai dans la poussière en feignant de ne pas entendre, comme par enchantement...
À trop vouloir nettoyer les couloirs, elle en oublie ses propres oreilles.
Le Collektif Sans Nom.
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