Comment comprendre et accepter de telles dépenses, alors que des organisations CGT peinent à assumer financièrement l’activité syndicale quotidienne, que des militantEs sont confrontéEs à la répression patronale, que l’engagement sur le terrain de beaucoup de militantEs CGT peut se faire parfois jusqu’au détriment de leur santé, que les militantEs de terrain prennent sur leurs sous personnels pour se déplacer aux instances syndicales, pour aller diffuser des tracts aux heures d’embauches, qu’ils et elles sont la cibles de sanctions financières, de procédures ciblées de licenciements ?
Les dépenses confédérales révèlent un train de vie de cadre, de patron, bien éloigné de celui de l’immense majorité des salariéEs. Les réponses apportées aux questionnements relèvent d’un mépris de classe évident, et d’une insulte à l’intelligence des militantEs et des syndiquéEs. De qui se moque t’on, quand on prétend que « de province, on ne voit guère la différence entre Vincenne, Aubervilliers et Clichy » ?
Au delà de la question financière, c’est tout le glissement du bureau confédéral vers un mépris ouvert des mandats donnés dans les instances, qui légitimement suscite la colère des militantes et des militants. Quand un Le Paon va expliquer dans un journal bourgeois qu’il n’y a pas d’opposition entre capital et travail, quand des positions publique sont tenues en contradiction avec les orientations de congrès...
La CGT à la croisée des chemins
Aujourd’hui, de plus en plus de syndiquéEs, militantEs et organisations CGT exigent la démission du secrétaire général ou sa révocation.
Cette dynamique montre un sain réveil démocratique, qui réaffirme un des mécanisme fondateur du fédéralisme et du confédéralisme syndical : le contrôle des mandats, et ce qu’il comporte de refus de la hiérarchisation du syndicalisme.
Plus globalement, ce sont deux conceptions qui s’affrontent, d’un point de vue organisationnel :
L’une, qui emprunte à la tradition syndicaliste révolutionnaire et la tradition syndicaliste libertaire, qui insiste sur le caractère collectif des organisations, sur le fait que les exécutifs ne sont pas des « directions » des syndicats mais des exécutants des orientations et stratégies définies en congrès. C’est la tradition fédéraliste, celle de la CGT des origines qui fait du syndicat et des syndiquéEs la base du fonctionnement syndical, le lieu d’impulsion de la vie syndicale, et qui lui donne un caractère d’organisation de masse et de classe.
L’autre, qui emprunte au fonctionnement hiérarchique des partis politiques, des organisations patronales, de l’organisation capitaliste de la société, la séparation dirigeants/exécutants, et qui ne voit dans les syndiquéEs qu’une « masse à maneouvrer » et à diriger. C’est la conception centraliste.
C’est cette dernière qui est à la source d’une dérive bureaucratique dans laquelle certains et certaines voient le syndicats un faire valoir pour leurs intérêts personnels (ou de ceux de leur clique, de leur clientèle, de leur parti), plutôt qu’un outil collectif au service de la classe laborieuse. Pour cela, ils et elles utilisent les moyens syndicaux, qui devraient servir à aider à coordonner, renforcer, faire converger les luttes dans chaque industrie et sur le plan interprofessionnel, pour manoeuvrer, intriguer, et préserver leurs postes. Ils n’hésitent pas à piétiner les mandats collectifs pour servir leurs intérêts, ce qui accroît l’infléchissement de la confédération vers une ligne réformiste, de collaboration de classe.
Ils et elles profitent du fait que les militantEs qui font vivre la CGT au quotidien dans les services et les entreprises, n’ont pas de temps suffisant pour faire face à ces intrigues, peinent déjà à faire face au rouleau compresseur patronal.
Pourtant, un sursaut des syndiquéEs et militantEs syndicalistes honnêtes, attachés au caractère de classe et au caractère confédéral de la CGT est nécessaire. Car la CGT est à la croisée des chemins.
Dans cette période de crise capitaliste et de progression du fascisme, le maintien de Le Paon et de ces soutiens fédéraux et confédéraux représenterait une victoire définitive de la tendance centraliste, et l’évolution vers un centralisme réformiste de type cédétiste. Avec pour conséquence d’ouvrir plus encore un boulevard aux fascistes dans leur stratégie de conquête du pouvoir.
A l’inverse, la révocation de le Paon et ses soutiens confédéraux, si elle ne règlerait pas la totalité des problèmes de structure, de fonctionnement ou d’orientation, enverrait un signal clair de reconquête de l’organisation syndicale par les syndiquéEs.
Elle permettrait d’ouvrir un réel débat sur les structures, sur la démocratie, le fédéralisme et le confédéralisme syndical. Sur la réaffirmation du primat du mandat avec ses comptes à rendre au collectif, ou l’exécutif est au service du collectif syndical, en opposition à l’élection de type politicienne ou l’élu se comporte en souverain sur les syndicats et les syndiquéEs.
Un primat qui passe notamment par le refus des « filtres » imposés, notamment l’obligation de validation des mandatés syndicaux aux congrès confédéraux par les unions départementales, procédure utilisées pour organiser des majorités de complaisance en écartant des militantEs trop revendicatifs pourtant mandatés par les syndicats.
Un primat qui passe par la lutte pour la vie démocratique des syndicats, et le refus des pratiques visant à contourner les règles démocratiques de fonctionnement des syndicats (non prise en compte de vote)
Dans ce débat, c’est la vigueur du contrôle collectif,la rupture avec une attitude d’attentisme délégataire, qui permettra de remettre la pratique de classe au cœur de l’activité syndicale.
C’est également le renforcement des espaces interpro, notamment les UL, par les militantEs de base, qui donnera l’impulsion à un renforcement du caractère de classe de la CGT.
C’est ce qui permettra de donner une orientation concrète à des orientation de classe, qui ne se résumera pas à changer un discours réformiste par un discours de classe, mais y ajoutera un changement de la pratique et de la stratégie syndicale collective qui donnera du contenu concret à ce discours de classe.
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