Après une première victoire en recours face à la demande de dissolution de notre groupe, le ministère de l’intérieur a persévéré dans son acharnement contre celles et ceux qui luttent contre la fascisation de notre société. Dans sa chasse aux ennemis intérieurs, l’Etat a déjà dissous des associations luttant contre l’islamophobie ou défendant la cause palestinienne, notamment grâce à la "loi séparatisme". C’est maintenant au tour d’un groupe probablement représentatif pour eux du mouvement autonome, d’être attaqué. Ils se méprennent. Ce n’est pas parce qu’ils dissolvent nos structures que nous cesserons de lutter. Les mouvements de contestation continueront à fleurir, partout, sans arrêt. Ce contexte de répression étatique est un poncif de la fascisation de l’Etat comme le passé a pu en connaître, et si la forme a évolué, le fond persiste. Que ce soit face à l’Etat ou sa police, le capital ou les milices fascistes, nous ne cesserons pas de nous organiser et de faire front.
Nous voulions rappeler ici la chronologie des évènement : le 17 mars 2022, une notification de dissolution était remise à des membres supposé-e-s de la GALE, suite de deux jours de véritable harcèlement policier. Le 1er avril 2022, la notification définitive de dissolution était adressée à un membre supposé du groupe. Elle aura notamment eu pour conséquence la restriction des libertés individuelles des membres
supposé-e-s de la GALE, dont l’interdiction d’apparaitre dans des manifestations ou des évènements politiques et l’interdiction totale d’utiliser les réseaux sociaux du groupe, ou tout matériel militant.
Face à cet acharnement forcené du ministère de l’intérieur, nous avions alors décidé de commencer un bras de fer judiciaire.
D’abord, avec l’aide de nos avocat-e-s, nous avons déposé un référé liberté au conseil d’état, accompagné d’un dossier visant à démonter pas à pas l’argumentaire complètement lunaire, approximatif et bâclé utilisé par le ministère pour nous incriminer.
L’audience au conseil a eu lieu le 11 mai 2022, et deux heures de débats s’engagent pour tenter de nous défendre. Le 16 mai, la décision tombe : le conseil d’état décide de suspendre la décision du conseil des ministres de dissoudre notre groupe, stipulant qu’il s’agissait "d’une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales de réunion et d’association". C’était une victoire pour nous, mais aussi plus largement pour notre camp politique, après la suspension de dissolution des groupes Palestine Vaincra et Comité Action Palestine.
Nous savions bien sûr que nous n’avions là gagné qu’une bataille, que cette décision n’avait rien de définitif puisqu’elle ne faisait que suspendre la dissolution du Groupe Antifasciste Lyon et Environs jusqu’au débat final, qui a eu lieu le 27 octobre 2023.
Le 19 octobre dernier, nos avocat-e-s ont été informé.e.s que l’audience sur le fond du recours contre notre dissolution, ainsi que celle du Soulèvement de la terre et du CRI, aurait lieu une semaine après. Nous n’avons donc eu qu’une semaine pour se préparer à une audience censée protéger nos libertés fondamentales… Le jour J, avant que notre avocat au conseil ne puisse prendre la parole, le rapporteur public (anciennement nommé « commissaire du gouvernement », qui portait alors si bien son nom…), demandait aux juges du conseil d’état de bien vouloir maintenir notre dissolution, quand bien même elle aurait été jugée illégale précédemment. L’audience aura été rapide : en tout deux heures et demie pour discuter de quatre groupes différents...
Aujourd’hui, le conseil d’état décide de revenir sur les précédentes décisions et choisi de dissoudre la GALE, ainsi que le CRI. Les Soulèvements de la terre font quant à eux l’objet d’un avertissement sans frais, une promesse d’avenir pour le ministère de l’intérieur et Darmanin.
Nous en concluons que nous n’avons pas d’autres choix que de nous référer aux juges européens pour rappeler au conseil d’état ce qu’est une liberté fondamentale. Aujourd’hui, le conseil d’état a même oublié d’en parler alors même qu’il y a dix-huit mois, il suspendait la dissolution au nom des liberté d’association et de réunion, et d’expression et d’opinion.
Mais nous sommes tou.te.s des militant-e-s de terrain, et nous ne cesserons pas le combat face à un gouvernement se complaisant dans les dérives liberticides et autoritaires.
Dans un contexte comme celui que nous vivons actuellement, où le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie augmentent partout, où les acquis sociaux sont méticuleusement démontés, où la police se retrouve légitimée dans ses exactions et ses crimes racistes, où se perpétue la traque inhumaine des migrant.e.s aux frontières de l’Europe, alors il est même un devoir de continuer la lutte, et ce n’est certainement pas un décret qui nous arrêtera. De plus, si notre minuscule mouvement antifasciste autonome local se retrouve visé par le ministre de l’intérieur, c’est que nous avons jusque là visé plutôt juste...
Notre combat contre l’autoritarisme, le capitalisme mortifère, l’extrême-droite, ses idées, ses états et ses bandes armées va se poursuivre, peut-être ne fait-il d’ailleurs que commencer.
Ceci est un appel à un soutien d’ampleur de la part de tout.e.s nos allié.e.s et des forces progressistes dans leur ensemble. Face au basculement répressif, faire bloc est notre seule issue.
On ne dissout pas une révolte qui gronde tout comme on ne dissous pas un soulèvement !
À jamais antifascistes.
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