Les parents de ces enfants et bébés, mères isolées en grande majorité, désespèrent. Leurs appels quotidiens au 115 reçoivent toujours la même réponse : pas de place. Une mère isolée avec enfant de moins de 3 ans n’est plus mise à l’abri par les pouvoirs publics. Si l’enfant est nourrisson, il arrive qu’au bout de 3 mois d’hébergement, ses parents et lui soient remis dehors pour laisser leur place à des publics prioritaires.
« Aujourd’hui à Lyon, une femme avec un enfant de plus de un an n’est plus considérée comme vulnérable, un couple avec un nourrisson est remis à la rue au 28e jour de l’enfant. » dénonce un tract du collectif de travailleur·es sociales·aux Hébergement en danger, qui appelle à manifester à Lyon le 14 décembre devant les bâtiments de la Métropole.
Les enseignant·es et directeur·ices écoles sont souvent les premier·es informé·es des situations que traversent les familles. Cas parmi tant d’autres, l’école Philibert Delorme à Lyon 8e met à l’abri 3 mamans d’élèves isolées et leurs enfants de 5 à 7 ans. Chaque soir, des membres du collectif accompagnent les familles pour installer leur occupation provisoire, aider à la préparation des repas et au couchage des enfants. Chaque matin, les locaux sont rangés et nettoyés pour ne laisser aucune trace de leur passage. Pendant que leurs enfants sont à l’école et mangent au moins un repas chaud par jour à la cantine, leurs mamans doivent rester dehors et parcourent la ville pour obtenir des aides alimentaires et renouveler leurs démarches administratives auprès des associations, assistantes sociales et préfectures, ou pour obtenir des soins médicaux pour elle et/ou leur enfant. Quant aux weekends et vacances scolaires, durant lesquelles les occupations d’école ne sont pas toujours tolérées par les mairies, les collectifs créent des cagnottes en ligne et organisent des goûters solidaires pour pouvoir payer des nuits d’hôtel aux familles.
Composé de parents et d’enseignantes, le collectif Delorme agit pour la troisième année consécutive et a jusqu’ici, à force de décisions prises dans l’urgence et de sonnettes d’alarme tirées dans tous les sens, toujours réussi à mettre à l’abri les familles qu’il accompagnait. Ses membres se désespèrent aujourd’hui de la récupération de leur action militante par les pouvoirs publics. À tout moment, une nouvelle situation d’extrême urgence peut se présenter, et ils craignent de ne pas pouvoir faire face cette fois-ci. Une situation les inquiète particulièrement : celle d’une famille avec 3 enfants dont 2 sont scolarisées à l’école, et qui dorment depuis la rentrée de septembre dans leur voiture sur un parking à Villeurbanne. Les parents sont en situation régulière et travaillent, mais n’ont pas de quoi se payer un logement décent.
« Faire la lumière sur le scandale des enfants à la rue »
Les occupations d’école ne dérangent plus personne, les mairies s’y sont habituées et les collectifs n’ont pas les forces vives pour se faire relais des institutions. La crise du logement en France atteint un tel niveau d’alerte que toutes les structures débordent, malgré la création par l’Etat de milliers de places d’hébergement d’urgence supplémentaires.
Les quinze établissements scolaires de la circonscription lyonnaise occupés par les collectifs pour mettre des élèves et leurs familles à l’abri forment une constellation que reproduit cette carte. JST prévoit de parcourir l’itinéraire à pied, brandissant « des banderoles faites à partir de vieux draps en coton, qui évoquent la chaleur d’un lit, d’un moment de repos ».
Les cris d’alarmes des associations défendant les droits humains en France sont relayés médiatiquement et les municipalités, élus locaux et députés à l’Assemblée Nationale s’en saisissent. On citera l’exemple de Marie-Charlotte Garin, députée Ecologiste – Nupes de la 3e circonscription du Rhône, venue passer la nuit du 9 novembre dernier avec une famille mise à l’abri dans une école occupée. Interrogée au micro de LCP, elle alerte : « on aimerait bien ne pas arriver au point où il faudrait qu’il y ait un mort dans la rue pour que l’Etat se bouge et débloque des places. »
L’Etat est garant de l’application des conventions internationale protégeant les droits des enfants. Qu’attend-il pour protéger ces enfants du grand froid et des dangers de la rue, en plein hiver, pendant Noël, et pendant la Fête des Lumières ?
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