On s’ennuie.
Études médiocres, tafs de merde, chaos mondial, horizons apocalyptiques, l’ironie comme seule issue de secours. Mais rassurons nous, en 2016 on pourra remiser l’angoisse au placard, pour adopter la terreur comme mode de vie généralisé.
C’est qu’en quelques mois, le quadrillage déjà morbide qu’on persiste à appeler le réel s’est mis à jour de nouvelles saloperies : soumission obligatoire à l’état d’urgence, officialisation de la fin du monde par réchauffement climatique, omniprésence de débats de société puants sur la fermeture des frontières ou la déchéance de nationalité.
Il fait bon vivre sous le soleil des sociétés avancées.
Et alors au fond, qu’est ce que la loi travail ? Le prochain seau de merde versé sur ta tête, rien que pour voir si t’es vraiment aussi docile que ça. Une assurance de plus que nos vies ne valent à certains yeux presque rien. Et en effet, on peut difficilement appeler vivre le fait de se maintenir dans un tel édifice social.
Le jour du 31 mars, il y aura un peu partout des défilés. Les centrales syndicales espèrent plus ou moins secrètement qu’ensuite tout s’arrête, qu’un projet de loi modifié après négociations fasse retourner tout le monde bien vite au travail, ou du moins chez soi. Répétition du sale rituel de retour à la normale.
Mais les croque-morts n’ont pas capté, par mauvaise foi ou par aveuglement, que nous n’en avons tout bonnement rien à foutre.
Le soir du 31 mars on restera dehors, et sans perspective de négociations. On prendra ce qui peut être occupé, on se mettra à la recherche de tout ce qui peut faire exploser les limites de la mobilisation actuelle. C’est à dire de ce malaise, de ce sentiment qu’il y a un truc qui cloche. Celui de la manifestation qui ressemble aux obsèques de ta vieille tante, celui qui te saisit en ouvrant les infos internationales le matin, celui qui t’obsède au moment de dormir après le dernier verre ou le dernier pétard.
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