La crise du logement, c’est pas pour tout le monde. Chaque année, 87 000 habitations en moyenne deviennent vacantes. Leur propriétaire n’y fait plus habiter personne. Au total, ce sont 2,8 millions d’appartements ou de maisons vides qui parsèment le territoire. C’est ce que montre l’étude de l’Insee parue mardi 26 juin.
Entre 2010 et 2015, le nombre de logements vacants a grimpé de 3,4 % chaque année. Le taux de vacance a atteint son plus haut niveau depuis 1982, et progresse à un rythme 6 fois plus rapide que dans les années 90. La part de logements inoccupés représente désormais environ 8% de la totalité du parc.
Le capitalisme contre le droit au logement
L’Insee explique cette augmentation des logements non habités par la hausse des prix de l’immobilier, l’importante part des logements en mauvais état mais aussi l’inadéquation de l’offre d’habitations, mal localisées ou trop chères, qui ne trouvent pas preneurs. Si le départ en maison de retraite des personnes âgées est aussi une cause avancée, on comprend bien que c’est avant tout le marché de l’immobilier qui est à l’origine de la situation. En bref, le capitalisme gagne contre le droit au logement.
Sur le sujet du logement comme dans bien des domaines, pour les riches tout va bien... Non seulement ils bénéficient de la hausse des prix de l’immobilier pour s’enrichir ou spéculer, mais ils contribuent aussi à créer des logement peu habités en investissant dans des maisons secondaires. En France, leur nombre a augmenté de 1,3% par an entre 2010 et 2015. L’Insee précise que « La France compte ainsi 3,3 millions de résidences secondaires ou occasionnelles, soit 9,5 % des logements en 2015. »
Les logements vides se multiplient dans toutes les zones géographiques
Si tous les territoires sont impactés, les grandes villes ne sont pas les plus touchées par la multiplication des logements innocupés. Celle-ci est particulièrement forte dans les centres-villes des moyens et petits pôles urbains, dans les zones périurbaines et dans les communes isolées sont les plus touchées par cette vacance résidentielle. L’INSEE résume en expliquant que les territoires les plus touchés sont ceux qui « restent à l’écart de la croissance démographique, et cumulent vieillissement de la population et difficultés économiques ».
Néanmoins, en nombre absolu, c’est quand même dans le cœur des grands pôles urbains et dans leurs banlieues qu’on retrouve le plus de « nouveaux logements vacants » : ce sont chaque année respectivement 23 3000 et 21 600 logements vides qui apparaissent dans ces zones géographiques. Comme le constate l’Insee, « entre 2010 et 2015, dans les villes-centres des grands pôles urbains, le parc de logements vacants augmente moins vite qu’ailleurs, mais le taux de vacance y est élevé (9,5 %) ».
À Lyon, 8,4% de logements inoccupés, 365 000 dans toute la région
L’Insee précise que notre région n’est pas des plus touchées par la vacance car elle comprend des pôles attractifs (Lyon et Grenoble principalement). Cependant, les chiffres restent spectaculaires et le nombre de logements inoccupés est, ici aussi, en hausse.
En 2015, la région comptait 4 342 803 logements. 11,7% d’entre-eux sont des résidences secondaires. 8,4% sont inoccupés, soient pas moins de 365 000 habitations potentielles qui ne servent à personne. 365 000, c’est quasiment l’équivalent de tous les logements existants sur les communes de Lyon et de Villeurbanne (377 000 pour être précis).
Enfin, 7,2% des logements de l’aire urbaine lyonnaise étaient vides en 2015. C’est dans la ville de Lyon que la proportion est la plus forte puisqu’elle atteint 8,4%. Le taux de vacances est de 6,7% dans les villes de la banlieue lyonnaise et de 6,9% dans la grande couronne.
Davantage de logements vides que de mal logé·es
Comme on peut le lire régulièrement sur Rebellyon, des milliers de personnes dorment dans les rues de Lyon et de ses alentours. D’autres sont forcées de cohabiter dans des squats surpeuplés, naviguent de foyers en expulsions ou n’ont d’autre choix que d’occuper l’école de leurs enfants. La hausse des loyers en condamnent aussi beaucoup à vivre dans des logements trop petits. Dans ce contexte, la quantité de maisons secondaires et le nombre croissant de logements vacants démontre une fois de plus que la situation résulte non d’un déficit de place mais d’un choix politique indécent.
En 2015, la seule ville de Lyon était composée de 295 408 logements, parmi lesquels 11 225 résidences secondaires (3,8% des habitations). Si on y ajoute les 24 814 logements inoccupés que répertorie l’Insee, on peut donc estimer à 36 000 le nombre d’habitations où l’on pourrait vivre sans nuire à personne.
Contre la loi du marché, la réquisition populaire des logements est plus que jamais légitime. Squatt partout !
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