La grève générale qui vient : revue des mobilisations en cours

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L’heure est la grève dans tous les secteurs et un peu partout en France. Revue de presse sur toutes les mobilisations en cours et à venir. Le printemps 2018 sera chaud !

À la SNCF dès le 2 avril

Une grève longue à la SNCF, avec deux jours de débrayage tous les cinq jours, doit débuter lundi 2 avril au soir contre la réforme de l’entreprise publique voulue par le gouvernement. Le mouvement est prévu jusqu’au 28 juin.

Mais la direction de la SNCF utilise des sales techniques de briseurs de grève : des cadres et des agents de sécurité SNCF sont mobilisés pour remplacer les grévistes. Des instructions sont données pour faire payer les grévistes :

  • Pratiques punitives à l’encontre des grévistes (sur la comptabilisation des jours de grève, sur les retenus de salaires pour grève …) bien que la base légale de ces consignes soit certainement contestable.
  • La SNCF recourt aussi à l’utilisation de travailleurEuses étrangEres. Le technicentre du Landy (St-Denis, 93) était en grève massive ce 22 mars. La direction a fait venir des travailleurs anglais pour remplacer les grévistes sur l’Eurostar. C’est évidemment illégal, mais ce genre de pratiques est monnaie courante.
  • Blocage des trains pour la montée à Paris le 22 mars. La direction a, là encore, tout fait pour limiter le nombre de cheminot.e.s dans les rues de Paris. Elle a arrêté des lignes permettant de rejoindre les grands axes et supprimé des trains sur lesquels les grévistes avaient réservé des places.
  • Interdiction de distribuer des tracts. Le ridicule ne tue pas. La direction logistique interdit quasiment de distribuer des tracts sur les lieux de travail, même en heure de délégation syndicale.

Appel local le 13 avril : à 14h, rendez-vous à la gare de Perrache pour converger avec les Cheminots. Manifestation jusqu’au Conseil Régional où chaque secteur et établissement présent portera ses revendications. Ce n’est pas une initiative de soutien aux cheminots (ils y tiennent) mais une initiative qui propose le rassemblement de plusieurs luttes.

Chez les éboueurs à partir du 3 avril

Les fédérations CGT des Transports et des Services publics ont lancé un appel commun à la grève dans l’ensemble de la filière déchets à partir du 3 avril, pour revendiquer la création d’un « service public national » des déchets. Le mouvement devrait toucher notamment Paris et la région parisienne, Marseille, Montpellier, ainsi que l’Est et le Nord ;

L’objectif est la « reconnaissance de la pénibilité » dans ce secteur, en élargissant à l’ensemble des salariés la possibilité d’un départ anticipé de cinq ans « à taux plein » pour tous et de 10 ans pour les métiers « exposés à l’insalubrité et la pénibilité » (ramassage des ordures, agents de tri), ainsi qu’une réduction du temps de travail.
La collecte des déchets est « initialement une compétence publique », a rappelé Sébastien Cravero, animateur du collectif "filière collecte et traitement des déchets" à la fédération CGT des Services publics (territoriaux). Mais « plus de la moitié relève aujourd’hui du privé », via des délégations de service public, entraînant un « dumping social » entre entreprises et des « conditions de travail (qui) se dégradent » aussi bien dans le public que dans le privé.

Dans l’énergie à partir du 3 avril

La FNME-CGT, appelle à la grève à partir « du 3 avril jusqu’au 28 juin », soit sur la même période que la grève des cheminots, réclamant notamment « un nouveau service public de l’électricité et du gaz ».

Le syndicat réclame un « bilan de la déréglementation du secteur de l’énergie », « la fin de la libéralisation du marché de l’électricité et du gaz » et « un statut de l’énergéticien pour l’ensemble des salariés qui travaillent » dans ce secteur.
Le mouvement alternera les temps forts et les temps faibles, et sera parfois calé sur les mouvements des cheminots ou des autres secteurs en grève. Parmi les actions envisagées, « des baisses de production dans les centrales électriques » et des coupures ciblées « vers des industriels, notamment ceux qui licencient les salariés ou qui criminalisent l’action syndicale ».

La CGT Mines Energie entend « peser sur l’économie du pays » avec un « cadencement hebdomadaire d’actions de grève et d’action d’interventions sur l’outil de travail ».

À Air France les 3 et 7 avril

Dix syndicats d’Air France, tous métiers confondus, appellent à la grève les 3 et 7 avril, en plus de celle du vendredi 30 mars, pour obtenir une augmentation générale de 6%,

Chez Carrefour

Les deux premiers syndicats de Carrefour entendent s’opposer au plan « stratégique » de la direction qui prévoit la suppression de plusieurs milliers d’emplois.

Le « plan stratégique » pour le groupe Carrefour, annoncé à la fin de janvier par son président-directeur général, Alexandre Bompard, prévoit la suppression de 2400 postes par un plan de départs volontaires et par la sortie du groupe de 273 ex-magasins Dia, qui affecte 2100 salariés, avec un plan social à la clé. Auparavant, Carrefour avait également annoncé le passage en location-gérance de cinq de ses hypermarchés, avec une perte de rémunération équivalente à deux mois pour les employés concernés, selon la CFDT. Les salariés devraient par ailleurs toucher cette année une cinquantaine d’euros de participation, contre plus de six cents euros l’an dernier, a-t-on appris vendredi.
Grève programmée de nombreux magasin à compter du 30 mars ainsi que dans le secteur logistique (dans les entrepôts qui livrent les magasins, même si les magasins sont ouvert, ils pourraient n’avoir rien à vendre).

Chez les avocat·es et les magistrat·es

Jour de grève dans les tribunaux, contre la réforme de la justice. Les magistrat-es et les avocat-es contestent le remplacement dans certaines procédures des juges par des algorithmes et des robots, la suppression de nombreux tribunaux et des audiences en visioconférence à l’autre bout de la France, ainsi qu’une restriction de l’accès à la justice pour les victimes et les personnes les plus fragilisées. Sans concertation avec les professionnel.les de la justice le gouvernement sollicite une large habilitation à légiférer par ordonnance – donc sans débat parlementaire – sans que les mesures exactes soient définies. Prochaine grève le 11 avril

Dans l’éducation

Grève contre la précarité et pour des moyens à la hauteur des besoins dans l’éducation.

Face à la dégradation des conditions de travail des personnels et des conditions d’étude des élèves, de la maternelle à l’Université, l’AG des grévistes parisien-nes, la majorité des syndicats du secteurs et le collectif des précaires de l’éducation nationale appellent à la grève. Illes dénoncent :

  • fermetures de classes,
  • nombreux postes d’AESH non pourvus pour l’accompagnement d’élèves en situation de handicap
  • effectifs surchargés,
  • AED en sous effectifs,
  • baisse des dotations horaires,
  • délabrement des locaux dans les quartiers populaires,
  • non remplacement des congés maladie ordinaire, des absences pour formation continue et syndicale,
  • baisse du nombre de postes aux concours entraînant un recours exponentiel aux contractuel-les
  • disparition des réseaux et structures d’aide aux élèves en difficultés.

À cela s’ajoute le rouleau compresseur des réformes du gouvernement : instauration de la sélection à l’entrée à l’Université, réforme du bac et du lycée, réforme de la voie professionnelle.

Les précaires de l’éducation nationale dénoncent leurs conditions de travail.
Le nombre de contractuel-les dans l’Éducation nationale est en croissance exponentielle. Ces personnels précarisé-es, souvent mal formé-es et sous-payé-es, sont jetables et à la merci de toutes les pressions hiérarchiques possibles. On pense notamment aux centaines de collègues en contrats CUI qui ont été licencié-es sans préavis suite à l’annonce gouvernementale de supprimer leurs contrats depuis cet été, et à l’emploi de plus en plus répandu de jeunes en service civique pour pallier au manque de personnels.
Pourtant les personnels précaires assurent au même titre que les titulaires le bon fonctionnement du service public d’éducation.

Grève victorieuse du personnel du lycée Faÿs (Villeurbanne)

Depuis la rentrée 2017, le ½ poste de documentaliste de la Section d’Enseignement Professionnel a été supprimé, et c’est le motif de leur protestation. Le 1er mars, une délégation composée de professeurs, de parents d’élèves des fédérations FCPE et PEEP et représentants des élèves, avait déjà été reçue au Rectorat, mais "aucune solution durable ni satisfaisante d’un point de vue pédagogique n’a été apportée", explique le personnel du lycée Faÿs.
« Tantôt la réponse était d’avoir recours à un personnel précaire et non formé plutôt qu’à un personnel qualifié pour encadrer les élèves ; tantôt on demandait à l’établissement de basculer des heures allouées à certains projets ou enseignements pour faire fonctionner le CDI. C’est la fusion des lycées d’enseignement général et professionnel qui a mené à cette diminution de moyens » expliquent les syndicats dans un communiqué.
Le personnel du lycée Faÿs à Villeurbanne était en grève ce jeudi et s’est rassemblé devant le Rectorat. Ils et elles ont obtenu gain de cause : le demi-poste devrait être sauvé pour la rentrée prochaine, selon les grévistes.

Grève le 4 avril contre les projets de loi sur l’asile et l’immigration

Depuis plusieurs mois, l’adoption de textes relatifs au droit d’asile et à l’immigration s’accélère. Des circulaires se sont ainsi succédées fin 2017, poursuivant un objectif commun : mieux contrôler, trier, éloigner les étranger-e-s indésirables. Le 21 février dernier déjà l’OFPRA et de la CNDA devant le Conseil d’Etat. Contre ces deux projets de loi, tou.te.s les salarié.e.s du secteur associatif et social le sont appelé.es à la grève le mercredi 4 avril.

Aux urgences psychiatriques du Vinatier

Les personnels des urgences psychiatriques du Vinatier,avec le soutien des syndicats CGT et FO, sont entré.es en grève le vendredi 30 mars. Manque de personnel, manque de moyen, manque de lits permettant une prise en charge correcte des patients, conditions d’accueil et d’hospitalisation déplorables, dégradation incessante de la qualité des soins, déni institutionnel des conditions de travail…
La grève est reconductible. Une cinquantaine de personnes étaient présentes à un rassemblement devant le Vinatier le vendredi 30 mars.

Au foyer d’accueil médicalisé l’Echappée à Condrieu

Depuis le 2 mars, un collectif de salariéEs de la Sauvegarde 69 lutte et résiste face aux dégradations de leurs conditions de travail face à une direction sans considération. Et revendique une nouvelle politique salariale ambitieuse et respectueuse de l’engagement professionnel des salariés : plus de congés, augmentation de salaires, des formations, des CDD engagé-e-s sur le long terme...

Une cagnotte de grève a été ouverte pour soutenir les grévistes qui ne lâcheront rien !

Appel en soutien le mardi 3 avril

À 10h, nous appelons à venir renforcer le rassemblement des personnels en grève de la Sauvegarde de l’Enfance (Fam Echappée rejoints par d’autres établissements) 16 rue Nicolaï à Lyon (7e arrondissement).

À 12h, nous appelons les personnels des établissements en lutte et de tous ceux qui veulent porter leurs revendications à un rassemblement devant l’ARS 241 rue Garibaldi à Lyon (3e arrondissement).

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