Lyon Antifa Fest, c’est terminé.

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Lyon Antifa

Nous sommes très tristes de vous annoncer que l’édition 2022 du Lyon Antifa Fest est annulée. L’affiche était pratiquement terminée, avec des groupes tels que Ausgang (Casey), Soumeya, IRA Rap ( Espagne), Les Ramoneurs de menhirs, The Dizzy Brains ( Madagascar), René Binamé ( Belgique ) et d’autres encore.

Cette annulation n’est pas de notre volonté et annonce probablement la fin de l’aventure du Lyon Antifa Fest qui devait faire sa 9e édition cette année.

Malgré tous les mauvais moments que nous avons surmontés ces dernières années nous devons faire face aujourd’hui à un manque de compréhension et de solidarité envers notre festival de la part du milieu associatif dit de « gauche » à Lyon.
En effet aucune salle ne veut nous suivre et sans salle, impossible de continuer.

Nous rappelons que tout ça n’est pas une nouveauté, nous avons toujours eu des difficultés à réaliser des petits concerts ces dernières années sous l’étiquette antifasciste, que ça soit dans le milieu squat ou dans les salles associatives. Nous avons dû nous justifier et argumenter dix fois plus que d’autres orgas ou associations alors que nous avons maintenant plus de 10 ans d’expérience dans l’organisation de concerts.
Aujourd’hui, c’est d’autant plus difficile que nous avons été mis sous le feu des projecteurs, du fait de la polémique de Laurent Wauquiez et de l’extrême droite.
D’autres élus de droite ont suivi le pas, menaçant en plus de dissoudre notre association ainsi que le Groupe Antifasciste Lyon et Environs après avoir entendu des paroles anti-police chantées par un groupe de Rap dans notre festival. Ils ont mis leur menaces à exécution en supprimant les subventions de la salle du CCO. Cette salle nous accueillait depuis 10 ans et jamais un incident n’a été à déplorer, bien au contraire.

Nous rappelons dans un souci de cohérence politique que le Lyon Antifa Fest n’a jamais touché de subventions, ni de sponsoring.
Le Lyon Antifa Fest survit grâce aux recettes du festival ainsi qu’aux fonds personnels des membres de l’orga qui avancent les frais.
Notre orga, depuis presque 10 ans, est composée de 4 filles et 3 mecs totalement bénévoles. Le festival peut aussi compter sur une vingtaine de bénévoles chaque année pour l’organisation de cet évènement. Les bénéfices (quand il y en a) servent à réaliser l’édition suivante et à soutenir les militant-es antifascistes ainsi que les lieux politiques qui subissent la répression et les agressions fascistes sur Lyon.

Nous sommes l’unique festival et le plus gros festival clairement antifasciste de la région Rhône-Alpes. L’importance de notre festival pour une contre culture politique sur la scène lyonnaise n’est plus à prouver. Nous avons depuis 10 ans réussi à sortir de l’entre soit militant en mélangeant chaque année des publics différents, de gauche certes, mais différents. Nous avons réuni avec nous, des professionnel-les du spectacle, des artistes et un public qui se faisaient une fausse image de l’antifascisme, voire qui ne connaissaient pas du tout ce milieu.

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Aujourd’hui nous sommes clairement abandonnés par des lieux qui nous trouvent trop radicaux ou alors trop mainstream, mais surtout trop autonomes et antifascistes.
Mais nous souhaitons garder cette autonomie qui nous a permis de devenir un des plus gros festival antifasciste de France, un festival qui affichait clairement des revendications contre les violences et les crimes policier, contre l’islamophobie, contre l’antisémitisme, contre la LGBTQIAphobie, contre le racisme.
Nous ne voulons pas devenir les marionnettes des élu-es lyonnais comme l’année dernière quand la mairie de Lyon s’est permise d’envoyer des menaces à la salle du Grrrnd Zero suite à notre volonté d’inviter le collectif de rappeurs « les Daltons ».
Nous ne voulons pas continuer notre festival si nous devons nous censurer, et si les groupes souhaitent continuer à chanter dans leurs chansons que « tous les flics sont des bâtards » nous ferons tout pour leur laisser leur liberté d’expression.
Nous ne voulons pas devenir un festival de bobos, un festival humanitaire qui, a l’image d’une partie du milieu de gauche, sont dans une incohérence totale quand ça ne bascule pas dans un colonialisme blanc immonde.

Nous avons fait beaucoup de compromis au début de l’histoire du Lyon Antifa Fest pour que celui-ci existe, comme s’organiser avec une boite de sécurité à la demande du CCO, et mettre plus d’agent que légalement demandé, payer une assurance, créer une association, payer la SACEM
Puis nous avons décidé de nous imposer nos propres règles, comme payer tous les groupes du plus petit au plus gros et le plus équitablement possible en se rapprochant le plus possible de leur cachet.
Car pour nous, oui des gens ont le droit de vivre de leur musique ainsi que les personnes qui permettent cela, régisseurs, régisseuses, technicien-nes, intermittent-es etc.
Pour cela nous avons décidé dès le départ de faire des entrées à prix fixe qui varie selon le budget du festival mais qui ne dépasserait pas la barre symbolique des 20 euros pour 3 à 4 groupes sur une soirée. D’ailleurs nous n’avons jamais dépassé les 18 euros.
Nous sommes largement en dessous du prix moyen des autres festivals et concerts avec les mêmes groupes de musique et cela grâce au soutien de chaque groupe qui baisse leur cachet afin de nous soutenir à leur manière.

Et pourtant nous avons souvent reçu des réflexions sur le prix des places notamment de la dernière salle qui nous a accueilli, le GZ. Mais comme dit plus haut, on se bat contre la précarité et les mauvais salaires et contre l’exploitation de la force de travail, même dans la solidarité, des gens doivent payer leur loyer à la fin du mois. Quand vous payez 18 euros au festival vous soutenez directement le festival pour qu’il puisse exister, vous soutenez des militant-es antifascistes qui subissent la répression et vous soutenez des jeunes artistes, des plus « importants » aussi mais qui permettent à des technicien-nes ou régisseur-ses d’avoir du taff, rappelons-nous de la période COVID et la fermeture des salles et l’impact que cela a eu sur le milieu de l’intermittence.

Le festival n’a jamais eu vocation a faire de l’argent mais à survivre en proposant cet espace chaque année au mois de décembre.
Un espace de solidarité sur fond de radicalité politique, un espace ou on ne mâche pas nos mots sur ce qu’on combat, un espace ou on ne fait pas de compromis avec nos ennemis politiques. Malheureusement l’espace que notre festival a créé n’est pas celui que les salles veulent. Ce genre de salle souhaite un antiracisme de façade à la sauce SOS RACISME, hors de question pour nous de leur servir de caution politique.
Une salle a bien voulu nous accueillir, ironie de la situation, cette salle n’est pas du tout militante mais pensait que nous devions continuer à exister. Nous les remercions fortement mais la capacité de cette salle ne nous permettait pas de faire un vrai LAF et nous préférons ne rien faire plutôt que proposer un festival au rabais.

Nous ne pensons pas qu’il soit trop radical de dire que nous basculons de plus en plus vers un état totalitaire, les différentes formes de fascisme sont déjà présentes dans nos institutions et tout ceci en est une preuve de plus. La parole de « gauche » est muselée dans l’indifférence la plus totale. Nous avons tendu la main mais nos « camarades » nous ont laissé couler en se disant moins ils sont sur la barque plus ils auraient de chance de s’en sortir, ils et elles sont responsables de leurs choix, donc responsables de notre mort.

La fin de notre Festival est une victoire pour nos ennemis, une victoire pour les fascistes lyonnais, une victoire pour la police qui par la pression a su imposer la censure, une victoire pour les politiques tel que Wauquiez qui montrent clairement leur pouvoir de vie ou de mort de la scène culturelle. Et ceux et celles qui ne nous soutiennent pas, comme les salles qui refusent d’accueillir le Lyon Antifa Fest, sont clairement responsables de la victoire des fascistes et réactionnaires. Se dire militant-es ou lutter contre les oppressions, c’est prendre des risques, aujourd’hui seul le mouvement antifasciste assume de prendre des risques.

Il est de notre devoir d’essayer de survivre mais nos forces sont au plus bas cette année. Nous ne sommes pas rancunier-ères et si les salles prennent conscience de l’erreur politique qu’ils ont fait nous auront le plaisir de retravailler avec eux et elles pour relancer le festival un jour.
L’année prochaine sera nos 10 ans, nous espérons trouver une solution pour vous revoir toutes et tous. En attendant nous tenons à remercier toutes les personnes du public qui nous ont toujours soutenu, notamment certain.es qui n’ont jamais loupé une édition, ils et elles se reconnaitront.

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Nous tenons aussi à remercier les membres d’un groupe qui ont été un gros soutien depuis 10 ans voir les parrains et marraines du festival, les LOS TRES PUNTOS.
Enfin nous remercions tous les groupes qui ont contribué à l’aventure Lyon Antifa Fest :
Brigada Flores Magon, Tagada Jones, Les Sheriff, Soviet Suprem, Black Bomb A, Burning Head, Diego Pallavas, The Foxy Ladies, Los Tres Puntos, Les Partisans, Ya Basta, Stage Bottles, Angelics Upstart, 8°6 CREW, Napalm Death, Moscow Dead Brigade, Two Tone Club, Kyst, Sous escorte, Psycho Squatt, J’aurai voulu, Hors Controle, 65 Mines Street, Klasse Criminale, The Valkyrians, Red Ska, The Offenders, Saints ans Sinners, Heyoka, Brixton Cats, Tulamort, Krav Boca, Cartouche, Resaka Sonora, Les Barneurs, Brassen’s not dead, Darcy, 111, Ultra Moule, Balir, Top Secret, ACHAB, Arsenik, Casey, Scred Connection, Demi portion, La Caution, Kacem Wapalek, Lacraps, Swift Guad, 3e Oeil, Vin’s, Ryaam, KT-gorique, Raja Meziane, Billie Brelok, Beretta, Bastard Prod, Sang mêlé, Première Ligne, Original Tonio, Camelia Pand’or, Singe des rues, La Jonction, Juste Shani, Zone infinie, WQ production, Zero AinD, Trash and Zbeul... et ceux que nous avons oublié.

Nous finirons par ce couplet de la Brigada Flores Magon sur la chanson FUTUR.
"Je veux changer le cours de l’histoire.
Changer mes pleurs en espoirs.
Je veux vivre, je veux croire.
Et chanter toutes nos victoires."

L’orga du Lyon Antifa Fest.

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P.-S.

Nos réseaux sociaux ainsi que notre adresse mail resteront ouvert, pour nous écrire laf.prod.concerts@gmail.com

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