Des terres à la zad
Dans un lieu où une heure peut durer une journée, deux kilomètres semblent être un océan à traverser. On a l’impression que deux réalités différentes se superposent, que deux manières de vivre se séparent. Les priorités ne sont pas tout à fait les mêmes et ne peuvent pas l’être quand d’un côté on peut se reposer sur un terrain prêté et que de l’autre, la vigie toute la nuit fatigue les esprits.
Mais tout ça, c’est bien sur complètement faux ! C’est les mêmes espoirs qui nous habitent à chaque extrémité de la route. Celui de voir ce projet de béton couler dans l’eau en emportant avec lui tout ce qui nous donne la rage et tout ce contre quoi on se bat. Cet espoir qui nous pousse à venir vivre sous des tentes, dans la boue, avec des moustiques, dans une zone inondable, harcelé·es par les keufs, menacé·es par les chasseurs et balayé·es par des tempêtes. Et qui nous pousse à prendre des risques pour notre propre liberté. Un espoir magnifique, qui redonne un peu de confiance en ce qui nous entoure.
Finalement, même si deux kilomètres nous séparent, on est deux facettes d’une même réalité qui s’exprime. Ce qui empêche ces deux facettes de se dissocier, c’est les liens qu’on entretient et qui sont plus profonds que n’importe où ailleurs, c’est le sourire d’une copaine qui nous prend dans ses bras comme si on ne s’était pas vu depuis un an alors qu’on a veillé ensemble quelques heures plus tôt.
C’est à force de traverser cette route que s’inscrit dans nos corps l’existence de ces liens. La route, on l’a peut être faite mille fois déjà et de toutes les manières que l’on pouvait imaginer. En voiture ou en cametar, tout droit jusqu’au bout pour se manier, ou en passant par la Pabus’ pour éviter les contrôles. A pied, déguisé.es en touristes, même si ça n’a jamais marché, ou bien en mode furtif prèt·es à se jeter dans un buisson dès qu’une bagnole passe. En vélo surtout, la nuit, le jour, tranquillement ou à fond, avec le soleil qui nous réchauffe ou en pleine tempête et qu’il faut se dépêcher parce qu’on a promis qu’on faisait la vigie à P1. Même avec un âne, on l’a traversée. Et à chaque fois qu’on la traverse, on est heureux.ses de retrouver les copaines.
>PFAS, polluants éternels // Une émission de Mayday
Cette semaine l’émission Mayday sur Radio Canut enquête sur la pollution au PFAS dans le couloir de la chime au Sud de Lyon et au delà.
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