La dissolution est-elle la solution pour lutter contre les groupuscules néo-nazis et fascistes ?
Emmanuel Macron a annoncé sa volonté hier soir de dissoudre le Bastion Social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18 pour lutter notamment contre l’antisémitisme.
Nous aimerions rappeler que les dissolutions, à part leur caractère symbolique et le fait qu’elles freinent temporairement l’organisation interne de ces structures, n’empêcheront pas les mêmes personnes de se regrouper sous une appellation dans un futur proche.
Ce fut le cas lors de la dissolution d’Unité Radicale et dans la foulée de la création Jeunesse Identitaire qui s’est transformé depuis en Génération Identitaire.
Ce fut aussi le cas avec la dissolution d’autres groupuscules comme l’Oeuvre Française et les Jeunesses Nationalistes avec la réactivation du Parti National Français.
Par le passé, le GUD était lui aussi issu d’une dissolution, celle d’Occident...
Nous notons au passage que Génération Identitaire passe à travers cette vague de dissolutions alors qu’elle n’est pas en reste sur cette thématique comme l’ensemble de ces groupuscules.
Il paraît difficile de ne pas associer ce geste à la volonté de l’Elysée et de LREM de se refaire une image positive concernant la lutte contre l’antisémitisme.
L’annonce de cette sanction demandée par nombre d’associations antiracistes depuis des années, dans ce lieu (dîner du CRIF), à cette période (où les rassemblement contre l’antisémitisme se multiplient), n’est rien de plus qu’un mouvement de pion sur l’échiquier politique.
Un geste symbolique qui ne diminuera pas la prolifération des discours racistes ni l’influence, peut-être mise en difficultés dans les mois à venir, des organisations néo-nazies et fascistes.
A peine l’annonce de l’augmentation des actes antisémites en France (+69% en 2018) faite, le coupable était tout trouvé, pour ceux qui comme au gouvernement, défendent la notion d’une fracture culturelle et identitaire en France.
LREM peut condamner l’extrême-droite autant qu’elle le souhaite, son gouvernement n’a pas hésité à saluer Matteo Salvini cet été lors de l’affaire de l’Aquarius. Il ne se prive pas non plus de continuer les politiques de criminalisation de l’immigration, responsables (ces politiques) chaque année de centaines de mort.e.s noyé.e.s en mer.
Instrumentaliser l’antisémitisme pour déverser son islamophobie n’est pas nouveau dans le jeu politique, c’est le dispositif auquel se prêtent des membres LREM ces derniers jours.
Dispositif auquel se prêtent aussi les identitaires, premiers théoriciens de cette prétendue « fracture culturelle ».
Des mots vides d’un côté, des mots creux de l’autre, et des actes inutiles ou inexistants, voici ce que promet Emmanuel Macron pour lutter contre l’antisémitisme.
Son discours est bourré d’effets de manche et de propos fallacieux, il y propose notamment une extension de la définition de l’antisémitisme à l’antisionisme, renforçant encore une fois la confusion entre peuple juif et politique israélienne.
Si des antisémites se complaisent dans l’étiquette d’antisionistes, on ne saurait réduire cette problématique à une phrase dans un discours.
Il y déclare que la situation que nous connaissons aujourd’hui en Europe est inédite (oui INÉDITE !) depuis la seconde guerre mondiale, agitant ainsi le spectre des « heures les plus sombres de notre histoire » ; mais cette flambée est dans la continuité de ce que l’antisémitisme a toujours été en France : une menace tapie dans l’ombre, qui frappe chaque fois que le contexte économique et politique s’opacifie.
Aucune solution pertinente donc...même avec ces dissolutions !
Mais le combat contre les identitaires et autres fascistes ne se gagnera pas à coup de simples dissolutions !
C’est une lutte sur le terrain des idées, nécessitant un combat permanent contre les propos et comportements racistes, quels qu’ils soient ; ainsi qu’une veille contre les idéologies complotistes, méthodes de recrutements favorites des néo-nazis.
CGA-Lyon
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