« Salopes », « passer en force » et virilisme : quelques réflexions de l’AG Retraites féministes à propos du mouvement en cours

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Retraite 2023

L’AG Retraites Féministes se réunit régulièrement depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. Nous nous mobilisons en tant que féministes contre la violence du gouvernement mais aussi contre le patriarcat qui nous maltraite tous les jours. Voici quelques réflexions de l’AG à destination de nos camarades de lutte.

Engagé-es contre la réforme des retraites, nous, féministes, nous mobilisons pour le retrait de cette réforme inutile, injuste et sexiste.

Parce que cette réforme précarisera encore plus les personnes déjà maltraité-e-s par ce gouvernement, et parmi elles, les femmes et les minorités de genre, il nous paraît fondamental de nous mobiliser en tant que féministes contre cette réforme violente. Face à la violence du gouvernement et des macronistes, nous revendiquons une riposte féministe ! Tous les jours, nous luttons contre le sexisme, le virilisme, la misogynie, les LGBTIphobies, la putophobie et la culture du viol propagés et soutenus par le gouvernement.

Il nous paraît fondamental aussi de réfléchir à nos modes d’actions, à nos slogans, à nos messages pour ne pas reproduire le sexisme, la misogynie, la culture du viol qui excluent de nos luttes les femmes et minorités de genre. Cela nécessite de la créativité, de la réflexivité et de la détermination et cela ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit à l’erreur sur un slogan ou un tag. Nous nous réjouissons que ce mouvement social, pour ce que nous en avons vu depuis plusieurs mois dans l’agglomération lyonnaise, laisse la place à cette réflexion féministe dans ses diverses composantes, syndicales, interprofessionnelles, autonomes, etc.

Nous souhaitons cependant appeler toutes les personnes à qui la lutte contre le sexisme et la misogynie parle à se montrer encore plus vigilantes :

  • les termes « salopes », « fils de pute », « bâtards » ou « enculés » sont des insultes qui nous sont adressées à nous, femmes et minorités de genre, pour nous rappeler à nos places subalternes. Nous répondons fièrement que nous préférons être des salopes que des filles sages, qu’il vaut mieux être fil-les de putes que fil-les de flics et nous réservons la sodomie à nos ami-es. Nos ennemis politiques méritent bien plutôt d’être traités comme les déchets, les ordures et les raclures qu’ils sont. Dévalorisons-les, humilions-les sans les traditionnelles insultes misogynes, homophobes ou validistes.
  • Brigitte Macron ne nous intéresse pas, c’est une bourgeoise sans aucun pouvoir. Attaquer un dirigeant par son épouse, c’est rappeler qu’une femme est toujours considérée comme la propriété de son époux. L’attaquer sur son âge est misogyne car on n’attaque jamais les hommes sur leur âge ; au contraire, on leur attribue d’autant plus de valeur qu’ils vieillissent. Les réels responsables de la réforme à tacler sur nos pancartes sont nombreux-ses, lâchons-nous contre Macron, Borne, Darmanin, Dussopt… contre le MEDEF, le patronat, le capitalisme, mais laissons « Brigitte » où elle est : loin de nous, de nos pancartes et de notre mouvement social.
  • si l’on décide de dénoncer l’usage scandaleux du 49.3, peut-on trouver un autre slogan que « nous aussi on passera en force » ? Le « passage en force » c’est aussi de la culture du viol et ça ne fera pas reculer le gouvernement. Remplaçons-le, par exemple, par « non, jamais, vous n’passerez en force » !
  • ce mouvement fait fleurir les actions collectives pendant et en dehors des manifestations et c’est nécessaire pour construire le rapport de force. Mais même dans des actions violentes, rejetons les modes d’action virilistes qui mènent des individus à prendre des décisions sans concertation collective !

De manière générale, nous savons qu’il faut penser à nos protections collectives lors de nos actions, car la police et l’extrême-droite présentent des dangers physiques pour l’ensemble des participant-e-s du mouvement social. Penser cette protection et garder une vigilance au soin des un-e-s et des autres est aussi une question féministe, et doit être envisagée pour toutes nos actions. Nous pensons que les actions de tous ordres hors manifestation sont nécessaires et nous souhaitons que tout le monde puisse y prendre part dans des contextes où les risques et les stratégies pour y faire face ont été définis clairement et collectivement.
Il n’y a pas de réponse toute faite, parfaite, à ces questions. La culture du viol, le virilisme, le patriarcat sont partout, parfois malgré notre bonne volonté. Alors, quelles que soient nos tactiques de lutte et nos stratégies, nous appelons à garder à l’esprit que sans féminisme, aucune lutte sociale n’est vraiment victorieuse.

Toustes ensemble, continuons le combat !

Pour nous contacter : agfeministelyon@riseup.net

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