L’occasion de revenir à la fois sur les précédentes mobilisations contre les restructurations du rail et la contestation à venir contre la réforme des retraites, tout en évoquant les dynamiques de revendication locale, l’impact des gilets jaunes et les transformations du cadre des manifestations depuis 2016 et l’apparition du cortège de tête. D’une discussion stratégique, l’entretien permet de déconstruire certains stéréotypes répandus au sein de la gauche extra-parlementaire et d’introduire des pistes de réflexion pour articuler différemment les interventions à venir et ainsi contraindre le gouvernement Macron à faire marche arrière.
ACTA : Est-ce que tu pourrais m’expliquer les raisons qui t’ont amené à prendre position contre la réforme des retraites ?– Déjà par rapport au système des retraites, le premier élément est que c’est une attaque contre l’ensemble de la population. C’est pas spécifique contre les cheminots ou autre. Après, j’ai une particularité, c’est que je suis cheminot, mais que je suis contractuel. En fait, je suis au régime général. C’est absolument pas quelque chose de corporatiste, et même pour l’ensemble des collègues cheminots ce n’est pas du tout ça. C’est vraiment que l’on voit que l’ensemble de la population est attaquée une nouvelle fois (parce que ce n’est pas la première) et que la réponse est indispensable.
Ça fait plusieurs semaines qu’on se prépare à une grève reconductible qui peut durer deux, trois, voire quatre semaines, sans aucun problème.
On se rend compte qu’aujourd’hui déjà c’est la galère pour les gens qui partent à la retraite et que c’est compliqué de vivre, sauf pour ceux qui ont des salaires à 4000 ou 5000 balles par mois. Mais ceux qui ont des salaires entre le SMIC et 2000 balles par mois, il ne leur reste pas grand-chose une fois à la retraite. Quand on sait qu’il va y avoir une perte de minimum 100 ou 200 balles par mois, c’est juste pas possible de vivre derrière avec ça. Il y a en plus toute l’arnaque du système par point, mais à la rigueur c’est des aspects techniques. C’est pas tellement ça qui fait la mobilisation. C’est juste qu’à un moment, il y a une attaque supplémentaire contre le monde du travail, c’est-à-dire l’ensemble de la population, et que c’est pas l’attaque de trop car on s’était déjà mobilisé auparavant, mais c’est une attaque qui mérite une réponse largement plus élevée et plus importante que les mobilisations précédentes. Du coup, il n’y a pas eu de réflexion particulière. C’était évident qu’il allait falloir se battre, que la bagarre ça serait pas une journée à droite à gauche, des grèves par-ci par-là, et qu’il va falloir rentrer dans un conflit qui est dur et que clairement ça fait plusieurs semaines qu’on se prépare à une grève reconductible qui peut durer deux, trois, voire quatre semaines, sans aucun problème.
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