Depuis maintenant plus d’une semaine, les émeutes urbaines commencées à Clichy s’étendent à d’autres villes et se durcissent. Ce mouvement spontané insurrectionnel a été déclenché par la mort de 2 jeunes éléctrocutés dans un local EDF en fuyant la police alors même qu’ils n’avaient rien à se reprocher. Cet “accident” est révélateur de la peur qu’inspirent les forces de l’ordre. Et ce à cause des violences quotidiennes pratiquées par les flics, qu’elles soient légales ou qualifiées de “bavures”. Mais ce n’est que la goutte d’eau...
Les causes de cette révolte sont nombreuses pour les habitant-es des quartiers populaires : ségrégation sociale et raciale dans le monde du travail ou vis à vis du logement, lois sécuritaires se multipliant, harcèlement policier, provocations verbales des sarkozistes de droite et de gauche (“sauvageons”, “vermines”, “racailles”, “à nettoyer au karcher”,“dealers”...), mépris des médias...
Médias et politiciens font mine de découvrir ces situations discriminatoires en les minimisant. Alors que ce sont eux qui les créent et les entretiennent. Pire, ils considèrent les insurgé-es comme responsables de cette situation. Pourtant, c’est bien l’État qui organise l’appauvrissement des classes populaires en démantelant les différents services publics ayant pour mission de limiter un peu le développement des inégalités sociales. C’est l’État qui emprisonne les personnes en situation de précarité, c’est à dire les prostitué-es, les gens du voyage, les jeunes qui n’ont plus que les halls d’immeuble pour se réunir, les fraudeurs dans les transports en commun... C’est l’État qui expulse les sans-papiers, les squatters, ou ceux et celles qui n’ont plus les moyens de payer un loyer !
La misère dans ces quartiers est organisée par l’État, et les médias servent de courroie de transmission pour que l’on accepte les mesures liberticides et anti-sociales comme inéluctables et nécessaires. Mais les jeunes insurgé-es nous montrent un sursaut de dignité face à la violence physique et symbolique dont ils et elles sont victimes, et clament leur colère avec les moyens du bord. Les élu-es de droite, de gauche et d’extrème-gauche appellent à l’unisson les jeunes à rentrer chez eux, et à ne s’exprimer que par les urnes. Au moins, ces professionnels de l’embrouille sont sûrs qu’on ne les entendra pas...
Mais ces émeutes ne suffiront pas à inverser le rapport de force. Le risque de tomber dans un schéma émeutes/répressions se durcissant est bien réel. Les émeutiers seraient alors rapidement marginalisés - merci les médias ! - donc isolés et vulnérables.
Nous, anarchistes, sommes évidement solidaires de ces révoltes. Mais pour obtenir la justice sociale et conquérir la liberté, nous privilégions le développement de mouvements sociaux de masse, autogérés, solidaires, pratiquant l’action directe et a priori à caractère non-violent .
Solidaires même si nous savons que ces implosions de violence ne résoudront rien sur le fond et que ce n’est pas une solution de s’en prendre aux équipements urbains et aux biens individuels de ses voisins tout aussi précaires.
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