Qui sommes-nous ?
Le capitalisme domine encore plus largement le monde aujourd’hui qu’hier. Ce système économique a bien montré, tout au cours du XXe siècle, son incapacité à supprimer les inégalités, la misère et l’exploitation. Tout au contraire, il s’en nourrit et les engendre : guerres, massacres, famines se sont multipliés sur la planète comme jamais ; des années de colonialisme et de néocolonialisme ont accéléré le pillage des ressources des peuples du Sud au même rythme que l’extermination de populations entières ; le développement technologique conçu comme pourvoyeur de profits a entraîné une lente et inexorable destruction de l’écosystème de la planète. Partout, l’exploitation des prolétaires par une minorité de nantis au service de la bourgeoisie qui achète à bas prix les services d’armées de travailleurs précaires, soumis à la flexibilité et sans cesse menacés par le chômage, se fait plus pressante.
Ce système capitaliste, nous voulons le détruire. Il n’est ni éternel ni le meilleur des mondes possible, contrairement à ce que veulent nous faire croire ses défenseurs, de quelque bord soient-ils.
Communistes...
Nous luttons pour une société dans laquelle les moyens de production et d’échange seront gérés non par leurs propriétaires « légaux » actuels ou par des bureaucrates de l’État, mais directement par les gens concernés au premier plan, c’est-à-dire les producteurs. Une gestion assurée par des assemblées de base des conseils d’usine, de quartier, de village, de ville et de région, composés de celles et ceux qui y vivent et y travaillent, et qui ont ainsi la possibilité de se fédérer librement pour déterminer la quantité, la qualité et l’usage de la production. Une société dans laquelle le principe de base sera « De chacun-e selon ses possibilités à chacun-e selon ses besoins » : une société économiquement communiste, sans classes et sans État.
Partis et syndicats ne pourront être les gérants de cette nouvelle forme d’organisation de la production et de la répartition, mais seulement des forces de proposition. Dans ces nouvelles structures, toutes les formes permanentes de délégation de pouvoirs sans mandat précis ni révocation possible à tout moment, de Parti-guide, de Parlement, de structures étatiques, seront écartées pour laisser la place à l’auto-organisation des prolétaires.
Les modalités d’application du communisme libertaire ne sont pas à déterminer à l’avance : elles dépendront des situations générales et particulières, des formes locales de culture, des possibilités et des désirs. Pour autant, le communisme libertaire n’est pas qu’une vague utopie. L’histoire des révoltes et des tentatives de révolution fourmille d’exemples de l’application concrète de notre projet anarchiste révolutionnaire, adapté aux situations particulières d’une époque ou d’un lieu — la Commune de Paris, les Soviets dans la Russie de 1917, la révolte ukrainienne des makhnovistes en 1921, les collectivisations dans l’Espagne de 1936, les conseils ouvriers en Hongrie en 1956, etc.
Notre projet communiste libertaire est aux antipodes du communisme étatique qui dominait les pays de l’Est. Ce dernier s’est effondré, et nous ne pouvons que nous en réjouir ! Cela faisait plus de quatre-vingts ans que le courant libertaire dénonçait ces pays dits communistes comme étant des dictatures sanglantes, qui pratiquaient un capitalisme d’État ayant substitué à la forme classique de la propriété privée la domination d’une classe bureaucratique dirigeant la production et l’échange pour son propre compte.
Le modèle social-démocrate, qui entendait parvenir au socialisme par une succession de réformes en s’emparant du pouvoir d’État par les élections, s’est heurté à la toute-puissance du modèle capitaliste, qui joue tour à tour de la répression et de l’intégration. Il y a bien longtemps que les « socialistes » ont renoncé à se battre pour une société égalitaire et sans exploitation.
...et libertaires
Mais l’oppression que nous voulons supprimer ne se cantonne pas à une sphère strictement économique. Elle touche à tous les rapports de pouvoir. Nous voulons une société politiquement libertaire sans domination d’aucune sorte.
Nous luttons contre toutes les sortes d’uniformisation (des modes de vie, des cultures, de la production et de la consommation) imposées par le développement capitaliste.
Nous luttons pour de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, où la valorisation de la virilité et la soumission n’auraient plus lieu d’être. Car une société sans classes ne mène pas forcément à l’éradication du patriarcat (système de domination des hommes sur les femmes) : celui-ci mérite une lutte spécifique, parce qu’il traverse l’ensemble des classes sociales et préexiste au capitalisme. La lutte contre le patriarcat est une lutte pour la déconstruction des genres masculin et féminin modelés et imposés par l’ensemble des sociétés préexistantes. Se réapproprier nos identités personnelles, c’est refuser d’intégrer un statut social lié à notre sexe et c’est refuser que les normes actuelles (hétérosexualité, monogamie...) soient des codes de notre vie. Nous voulons vivre librement notre corps et nos désirs.
Nous ne voulons plus d’une société où le travail n’est pas une activité humaine partagée en fonction de besoins librement décidés, mais un esclavage salarié destiné à produire n’importe quoi, du moment que ça se vend et que les capitalistes peuvent réaliser, par ce biais, des profits.
Il nous faut tordre le cou aux « vieilles croyances » que sont la nécessité de la croissance, du productivisme, de la prépondérance de l’« économie ».
De très nombreux courants socialistes ont lié la possibilité du communisme à une réalisation de l’abondance. Mais l’idéologie de la croissance, économique et démographique, est une course perdue d’avance : elle ne fait que renforcer les inégalités entre les gens et abaisser la qualité de la vie ; notre planète ne peut permettre à toute la population mondiale d’accéder aux modes de consommation des classes supérieures des pays riches.
Les alternatives locales aux modes de consommation et de production qui tentent un peu partout de se mettre en place nous paraissent révélatrices du besoin de réappropriation collective de l’espace de nos vies que restreignent de plus en plus les productivistes. Même si ces alternatives, en l’absence d’une lutte globale contre le système et d’un projet politique, restent limitées quant à leur possibilité de changer réellement la vie.
Dans la mesure où notre projet politique s’est historiquement construit au fil et au cœur des mouvements sociaux, des révoltes et des tentatives d’établir des rapports sociaux égalitaires, c’est dans ces mouvements qu’il faut combattre, y compris en s’élevant contre certains de leurs aspects qui chercheraient à reproduire un ordre ancien (ou à en créer un nouveau) de domination. Ce sont dans les contradictions et les conflits actuels de la société que plongent les racines d’une autre forme d’organisation sociale dont l’ébauche jaillit parfois spontanément, dans certaines situations. Nous pensons que c’est lorsque les gens sont « en mouvement », dans des moments partiels de rupture, qu’ils sont porteurs d’idées et de pratiques correspondant le mieux à nos aspirations.
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