L’OTAN célèbre ses 60 ans les 3 et 4 avril, à Strasbourg. On va lui faire sa fête. Il y a une occasion à saisir, une certaine invite à entendre. Contre-sommet à Strasbourg : nous n’avons pas rendez-vous avec le pouvoir, mais avec la situation.
La civilisation se savait mortelle : en théorie seulement. Suite à des ébranlements notables, des attaques diverses, elle l’éprouve désormais dans toutes ses fibres, dans tous ces flux vitaux. Le sentiment de mort a pénétré l’ambiance de démocratique. Au point de servir d’argument à la mobilisation. On implore notre aide. Soyons cruels.
Partout, il est question de « refonder le capitalisme. » Membre éminent de la Famille, l’OTAN entend bien assumer ses responsabilités. Sécuriser les accès aux ressources vitales, empêcher toute appropriation autre que capitaliste. Gérer un Empire qui craque de toutes parts. A cette fin, tous les moyens sont permis : c’est la guerre.
La contre insurrection est cette évidence militaire que la guerre ne se joue pas sur un plan purement militaire. Sa réciproque est politique : tout plan se contient dans celui de la guerre. Ainsi, plus qu’une nouvelle forme de guerre, c’est une idée neuve de celle-ci dont il faut prendre acte : la guerre au coeur même de l’existence, de chaque rapport. Quand cette idée de la guerre, de l’exception, devient la norme de perception du monde, alors naît un nouveau régime de gouvernement. Cette normalisation a un nom : l’antiterrorisme. L’antiterrorisme est un ensemble de dispositifs entremêlés qui traverse, le juridique, le militaire, le policier, tout autant que le politique, l’économique et le social. Tendant ainsi à les indistinguer : on désactive ou détruit tout ce qui fuit en même temps qu’on produit les apparences de la normalité ambiante.
Désormais, toute distinction entre guerre et politique a disparu. On ne doit plus seulement dire « tout est politique », mais « tout est en guerre. » Nous ne nous en plaignons pas. La « fin de l’Histoire », c’est de l’histoire ancienne. Et c’est explicitement contre son retour attendu, que l’on gouverne, que l’on enferme, que l’on mobilise désormais. En vain. On a beau colmater les brèches, verrouiller, bunkériser, l’Histoire est déjà là, toujours qui s’infiltre. L’« éternel retour du Marché » est une fiction bien mince, en face de cette vérité : l’éternel retour de l’Histoire.
D’un côté, les tenants d’un nouvel ordre démocratique, prêts à se donner les moyens d’une Terreur antiterroriste. De l’autre, ceux pour qui attendre encore est une folie, ceux dont l’existence même clame déjà « la réalité n’est pas capitaliste. » Au point d’intersection de l’Histoire, tout se précise, les contours s’accusent.
Nous autres, de tous les pays, sur qui le pouvoir fait planer le vocable « terroriste », dégageons-nous de la peur qu’on aimerait voir dans nos yeux ! A Strasbourg ! Ailleurs ! Un flot, une marée pour balayer la terreur ! Et pas la marée noire attendue ! « Désespéré », « casseur », « terroriste », « anarcho-autonome. ».. ces costumes qu’on taille, du genre étroit, beaucoup trop justes... Ces camisoles et leurs doubles, « citoyen », « pacifiste, « militant », tout aussi fictifs, auxquels on voudrait les opposer... Un flot, une marée, sans couleur ! Opacité d’où l’on ne distingue plus entre l’élément déterminé et celui qui camoufle ! Parce que les deux participent d’une même force !
AUCUN VAINQUEUR NE CROIT AU HASARD
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