Il semble que le débat antiraciste dans l’Amérique post-Black Lives Matter soit particulièrement riche. La publication d’une traduction française du livre Racecraft,des sœurs Barbara et Karen Fields, respectivement historienne et sociologue, mais aussi militantes afro-américaines, amène une perspective très intéressante sur les origines et la survivance du racisme anti-noir américain, et plus largement sur l’assignation raciale envers les africains-américains
Précisons que ces notes de lecture ont été prises par quelqu’un qui, niveau sciences sociales, n’est pas plus érudit que ça (à ce propos, la plupart des textes qui composent le livre ne sont pas jargonnants et restent accessibles). Et, faut-il le préciser, elles ne remplacent en rien la lecture du livre.
Racecraft
Ce livre part d’un constat : aux États-Unis, le concept de race est omniprésent. Le mot Racecraft, construit à partir de Witchcraft (sorcellerie en anglais), fait référence a la manière dont les américains renouvellent au quotidien leur croyance en l’existence des races. Par ce terme, les autrices font un parallèle avec les mécanismes qui entretiennent la croyance en la sorcellerie dans certaines communautés passées ou présentes. Le « Racecraft » renvoie à un terrain mental, une manière de percevoir le monde selon un certain prisme qui justifie au quotidien la croyance en l’existence « naturelles » des races.
Pour schématiser un peu, on pourrait dire que dans la manière qu’on la plupart des américains de percevoir leur société, il y aurait un filtre mettant les « différences raciales » au premier plan. Mise au centre de toute perception, l’idée de race structurerait l’imaginaire et serait donc à la base de nombre d’actions. Cette omniprésence, d’après les sœurs Fields, renforce en retour la certitude de l’existence des races.
Pour faire le parallèle avec la sorcellerie, on peut dire que si, dans une société, tout le monde y croit, si chacun tend à percevoir et expliquer la réalité comme étant régie par la magie, l’existence de cette dernière semblera se confirmer au quotidien, lors de chaque fait où elle paraîtra jouer un rôle. Et ainsi, la croyance s’auto-nourrit malgré toutes les preuves de son inanité. Le terme de Racecraft décrit les mécanismes en jeu dans ce processus de reproduction quotidienne de la croyance en l’existence des races – en d’autres mots, de l’idéologie raciale.
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