Aux États-Unis mais pas seulement
Ce rassemblement du 2 juin se situe dans un contexte particulier. Quelques jours plus tôt, le 25 mai, le meurtre, par des policiers américains à Minneapolis, de George Floyd, a déclenché un vaste mouvement dénonçant le racisme et les violences policières, qui s’est propagé sur tout le territoire américain mais aussi dans nombre d’autres pays.
Il est indéniable qu’aux États-Unis le racisme est endémique, en particulier vis-à-vis des Afro–américains, et que l’extrême violence policière les touche particulièrement : chaque année, environ un millier d’Américains sont tués par la police, dont 25 à 28% d’Afro-Américains (qui représentent moins de 13 % de la population). Un Afro-Américain a 2,5 fois plus de risque d’être tué par la police qu’un Américain blanc (cette probabilité est 1,4 fois plus grande pour un américain d’origine hispanique).
Ce racisme est enraciné dans l’histoire américaine, et si l’esclavagisme a été officiellement aboli, puis les lois ségrégationnistes, leurs conséquences perdurent : aujourd’hui, la population afro-américaine est tout particulièrement touchée par le chômage et par l’épidémie du coronavirus. Cela exacerbe la colère des manifestants.
Cela justifie-t-il pour autant l’affirmation répétée en boucle dans les medias français selon laquelle la situation française n’aurait rien à voir avec la situation américaine, qui serait exceptionnelle ? Nullement. Car, plus ou moins intensément, le racisme et les violences policières touchent quasi tous les pays, France incluse.
Un racisme qui divise, un racisme incrusté dans le passé colonial
En France comme ailleurs, le racisme est une arme utilisée notamment pour diviser les travailleurs, en particulier durant les périodes de crise économiques.
Et, en France tout particulièrement, ce racisme s’enracine dans le passé colonial durant lequel l’armée et la police, ainsi que l’appareil judiciaire furent des outils décisifs pour coloniser et maintenir l’oppression coloniale. Faut-il rappeler par exemple le rôle de la police française, dirigée par l’ancien pétainiste et criminel Maurice Papon (devenu préfet de police sous De Gaulle puis ministre sous Giscard d’Estaing, (cf. note), dans le massacre d’Algériens qui manifestaient le 17 octobre 1961 à Paris pour l’indépendance de l’Algérie ?
Le racisme fut « inventé » pour justifier le colonialisme (et l’esclavagisme à partir du 18è siècle, notamment dans les colonies américaines). Aujourd’hui, en France, le racisme vise principalement des descendants de travailleurs issus des anciennes colonies : la migration de ces travailleurs avait alors été organisée pour répondre aux besoins de main d’œuvre du patronat français. Ces descendants sont encore aujourd’hui surreprésentés dans les quartiers les plus pauvres, quartiers où se manifeste une pression policière constante.
Et une enquête du très officiel « Défenseur des droits » indique que les jeunes hommes « perçus comme noirs ou arabes » ont « une probabilité 20 fois plus élevée que les autres d’être contrôlés ».
Les violences policières, les comportements racistes sont étroitement liés au fait que la police est un instrument au service du gouvernement contre les travailleurs, pour maintenir un ordre social, pour contrôler l’espace public, et notamment entraver les manifestations, pour pourchasser et expulser les sans-papiers.
Combat pour le droit de manifester
En France, l’épidémie de coronavirus a été mise à profit pour remettre en cause des droits démocratiques fondamentaux, dont la liberté de circuler et celle de manifester. La police a été utilisée pour multiplier les contrôles, en particulier dans les banlieues populaires.
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