Quand on nous a pondu les « 35 heures », on savait que ça servait au patronat à faire passer l’annualisation du temps de travail (vous bossez 42 heures une semaine puis 28 heures une autre semaine...) et l’accélération des cadences de travail (« Produisez la même chose en 35 heures qu’en 39 heures, on n’embauchera pas », suppression des pauses). Une fois ces modifications installées, on se doutait qu’il s’attaquerait au temps de travail : allongement de la durée avec la réforme des retraites, attaques contre les
35 heures avec l’augmentation du contingent d’heures supplémentaires ou encore la réforme du temps de travail dans le transport... Autre attaque flagrante avec la suppression d’un jour férié (Lundi de Pentecôte).
Cette mesure rallonge la durée du temps de travail qui passe sur l’année de 1600h à 1607h et de 217 à 218 jours. On va travailler plus sans gagner plus, c’est tristement historique.
Alors que faire ?
La loi nous dit que le patron ne peut décider seul du jour férié qui deviendra un jour travaillé. Il y a donc négociation. Qui dit négociation entre patron et travailleurEs dit rapport de force entre les 2. Cette négociation peut permettre de dépasser le cadre fixé par la loi qui vise à choisir le jour dit de solidarité sur un calendrier. Les salariéEs peuvent adopter une attitude offensive pour éviter de travailler un jour de plus gratuitement. Dans plusieurs entreprises déjà, des négociations ont été menées et ont permis que la contribution dite « journée de solidarité » soit versée par le patron sans aucune contrepartie des salariéEs. Par la lutte, par le rapport de force les salariéEs ont réussi à s’opposer à cette attaque du MEDEF et du gouvernement. C’est le cas chez TF1, dans les petites boîtes aussi c’est possible : c’est le cas chez Brochot, PME de métallurgie en Seine St Denis (93).Un accord y a été signé le 15 février 2005, il préserve l’ensemble des jours fériés.
Dans cette société ultralibérale où l’individualisme règne, les libéraux viennent nous parler de solidarité. Mensonge ! Au lieu de financer les services publics de la santé et du social (en terme d’emplois et de moyens), il vaut mieux forcer les travailleurs et les travailleuses à bosser gratuitement pour le plus grand profit de leurs patrons. Cela nous semble plus réaliste comme vision, enfin ça dépend d’où on se place pour analyser. 2 analyses, 2 classes...
Revenons sur quelques chiffres.
Les patrons vont bénéficier d’une journée de production supplémentaire et ils ne devront verser qu’une contribution de 0,3 % de la masse salariale brute annuelle.
Prenons un exemple :
unE salariéE gagne 11,6 €/h et bosse 151,64 h/mois soit un salaire mensuel de 1758,08 € brut/mois. Si le salarié devait toucher un salaire pour ces 7 heures de travail en plus, il devrait toucher 101,5 € (avec la majoration pour heures supplémentaires).
Son patron ajouterait 40 % de cotisations soit un salaire de 142,10 €. En fait, en terme de contribution « journée de solidarité », il va verser 63,29 €.
Donc le gagnant est... : le Patron. Au lieu de payer 140 €, il paye 60 €, il gagne donc 80 € par salariéE.
De plus, vu qu’il verse une contribution et non un salaire il ne verse aucune cotisation sociale qui rappelons-le sont notre salaire indirect : c’est donc un manque à gagner de 40 € pour notre système de protection sociale.
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