Loi El Khomri : notre droit du travail vaut bien une grève générale

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Loi travail

Le 9 mars prochain, en attendant la réécriture totale du Code du travail prévue en 2018, l’avant-projet de loi visant à « instituer de nouvelles libertés et protections pour les entreprises et les actifs » , dénommé aussi « Loi travail » ou « Loi El Khomri » (du nom de la ministre du travail) va être présenté au conseil des ministres. Ce projet de loi nous ramènerait des décennies en arrière, même si ce texte pourrait être amendé (le gouvernement ayant placé la barre très haut pour pouvoir au besoin lâcher un peu de lest pendant le débat parlementaire et faire passer ainsi l’essentiel de sa contre-réforme en faisant croire qu’il a fait des concessions).
Cette destruction du code du travail, couplée à celle de l’assurance chômage restreignant les droits des chômeuses et des chômeurs, ne reflète rien d’autre que la volonté de libéraliser totalement le marché du travail. Deux siècles de lutte pour la justice sociale sont ainsi menacés par les forcenés du marché et leurs caniches. Rappelons que cette réforme, tout comme celles portant sur la Constitution et la loi pénale, se fait alors que nous sommes sous état d’urgence et que la répression frappe l’ensemble des militant-e-s syndicaux et autres, allant même jusqu’à la prison (exemple : les 8 de goodyear).

Pour justifier leurs saloperies, leur enfumage est toujours le même : sacro-sainte compétitivité, lourdeur des réglementations qui empêcherait les patrons d’investir et d’embaucher, cadre légal désuet face à la mondialisation qui empêcherait la croissance et l’emploi, travailleurs trop protégés ce qui serait la vraie raison du chômage....
C’est une aberration totale quand on sait que la France est le deuxième pays au monde en termes de productivité.
C’est oublier que depuis 30 ans aucune des réformes qui cassent le code du travail n’a créé d’embauche. Au contraire historiquement, chaque loi qui a amélioré les conditions de travail et la protection des travailleur-euses a permis une baisse massive du chômage !
C’est oublier que ce qui alourdi le code du travail, ce n’est pas les lois mais les dérogations exigées par les patrons (qui elles ne cessent d’augmenter, comme quoi la volonté d’allègement n’est qu’une excuse bidon).
C’est oublier que si les riches n’investissent pas, ce n’est pas par manque d’attractivité mais parce qu’ils préfèrent spéculer, c’est beaucoup moins fatiguant et plus rapidement rentable pour eux.
C’est oublier que la compétitivité n’est pas une fatalité mais un choix délibéré de nos dirigeants économique et politique tout comme le mondialisme .
C’est oublier que la course à la compétitivité est un puits sans fond. Si on abaisse les critères sociaux et la qualité de vie des gens pour être compétitif, les autres en feront de même, et on sera obligé de recommencer sans arrêt pour rester dans la course...Et quel intérêt pour nous si cela doit détruire a ce point nos conditions vie ? Quel intérêt qu’un pays sois riche, si cela ne concerne qu’une minorité et si la majorité s’enfonce de plus en plus dans la précarité et la surexploitation ? La peur du chômage ne doit pas nous faire accepter leur chantage.
C’est oublier que la croissance ne peut pas être infinie, mais que si elle continue, elle va détruire le monde.

Depuis que ce projet de loi est connu, ils n’arrêtent pas d’essayer de nous faire pleurer sur le « triste » sort des « malheureux » patrons accablés par trop de lois et de charges. Si c’est trop dur pour eux qu’ils s’en aillent ! On peut très bien se passer d’eux ce ne sont que des parasites.
Toutes leurs belles histoires reposent sur le mythe de l’entrepreneur, héros moderne, qui fait tourner le monde grâce à son courage et son talent. « Ce bienfaiteur de l’humanité » trouverait un concept /produit nouveau et il monterait sa boite pour pouvoir le diffuser. Ça lui permettrait de s’enrichir, ça créerait de l’emploi et ça contribuerait au bonheur de tou-te-s via l’accès à ce concept/produit. C’est une vaste fumisterie, outre le fait que 99% des patrons ne sont pas dans ce cas là, rien ne justifie qu’on devienne un exploiteur. On améliore pas la vie des gens en les exploitant, surtout pour leur refiler des produits dont on a artificiellement créé le besoin.

Flexibilité, surexploitation, soumission (à lier avec l’état d’urgence permanent), tout y passe dans cette loi. C’est un vrai catalogue du MEDEF, un cahier revendicatif en bonne et due forme, transposé en texte de loi par un gouvernement vassal.

Petit florilège des éléments proposés dans le projet de loi :

- Accords d’entreprise : les accords de branches disparaîtront au profit des accords d’entreprise. Ces accords pourront se faire par référendum auprès des salariés toute catégorie confondue. Ce mode de fonctionnement qui contournera les syndicats, peut paraître démocratique. Ça serait vrai si patron et salarié-es étaient à égalité dans un engagement mutuel et pas dans un rapport de subordination. Grâce au référendum, le patron pourra faire accepter n’importe quoi aux salarié-es en faisant pression et en exerçant toutes sortes de chantages.

- Salaires et temps de travail : après signature d’un accord, un patron pourra diminuer le temps de travail et le salaire ou augmenter le temps de travail sans accroître le salaire ou encore prévoir une nouvelle répartition des horaires (pour l’instant seules les entreprises reconnues en difficulté peuvent signer de tels accords limités dans le temps). Si un employé refuse, il pourra être licencié pour faute réelle et sérieuse. Quid du contrat de travail ?
Heures supplémentaires : Il suffit d’un accord d’entreprise pour que les heures supplémentaires soient 5 fois moins majorées.
- Indemnités prud’homales : En cas de licenciement illégal, l’indemnité prud’homale sera plafonnée. C’est un encouragement à enfreindre la loi (un licenciement illégal étant par nature hors-la-loi).
- Les apprentis : Si « des raisons objectives le justifient », les apprentis de moins de 18 ans pourront désormais travailler jusqu’à 10 heures par jour, au lieu de huit, dans la limite de 40 heures par semaine, contre 35 heures avant. L’employeur n’aura plus besoin de demander l’autorisation de l’Inspection du travail et du médecin du travail, il n’aura qu’à les avertir.
- Temps de travail (encore) : la durée maximale du temps de travail, passera à 46 heures par semaine, contre 44 heures actuellement, pendant 16 semaines consécutives, et non plus 12 . En cas de « circonstances exceptionnelles », cette durée peut même aller jusqu’à 60 heures, dans la limite de 12 heures par jour.
- Licenciements : Une entreprise pourra faire un plan social sans avoir de difficultés économiques.
- Les temps d’astreinte pourront être décomptés des temps de repos.
- Les 11 heures de repos obligatoires par tranche de 24 heures pourront être fractionnées.
- Le dispositif « forfaits-jours », qui permet de ne pas décompter les heures de travail, sera étendu.

Après la loi Macron, et toutes les mesures d’exonération de cotisations sociales dont le patronat a usé et abusé pour augmenter ses bénéfices, après les terribles réformes sur les retraites qui se sont enchaînées, après la destruction systématique de tous les services publics, sans qu’une réaction d’envergure ne se fasse jour, il fallait bien que le coup fatal arrive : en finir avec les restrictions collectives et individuelles aux licenciements, en finir avec toute forme de protection des salarié-e-s.
« La résignation est un suicide quotidien », tant que nous ne leurs opposerons qu’une grève d’une journée et une manifestation de pure forme, ils ne s’arrêteront pas. Dès maintenant, c’est à chacun-e de construire le rapport de force collectif qui pourra faire reculer les lois du capital. Car assurément, « le code du travail vaut bien une grève générale » !

pour plus d’infos sur la loi : http://batbad.eklablog.com/casse-sociale-c26032792

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