"Malgré une mobilisation constante et des campagnes de solidarité résonnant parfois bien au delà des frontières grecques, l’horizon de milliers de personnes demeure réduit à un quotidien évoluant entre conditions de vies sordides et violences multiples. Face à l’angoisse suscitée par des procédures administratives désespérément longues et à la crainte permanente des renvois, la répression policière épaulée par l’appareil judiciaire punitif est l’unique réponse apportée par les autorités leur permettant d’étouffer toute contestation.
Le procès des 35 de Moria
Le 20 avril 2018, débutait au tribunal de l’île de Chios le procès des 35 exilés arbitrairement arrêtés dans le camp de Moria à Lesbos le 18 juillet 2017 suite à une manifestation à l’extérieur d’un bureau de l’EASO [1]. Alors qu’aucun élément tangible n’a été apporté tout au long de ce procès se déroulant sur une semaine, les trois juges et les quatre jurés ont unanimement déclaré coupables de violences sur des fonctionnaires de police 32 personnes parmi les 35 accusés. Ce manque de preuves accablant a même été confirmé par des témoins de la police qui ont déclaré que les prévenus arrêtés dans le camp de Moria l’ont été simplement parce qu’ils y étaient présents après la fin des affrontements entre des exilés et la police anti-émeute [2]. Le procès de Chios comportait d’autre part de graves problèmes de procédure, notamment une absence de traduction durant la majeure partie du procès et un temps très limité accordé aux accusés et aux témoins de la défense pour présenter leur version des faits.
Le verdict de culpabilité a été porté en appel par les 32 prévenus, qui ont été condamnés à 26 mois de prison avec sursis. Cette sentence est d’autant plus disproportionnée qu’elle est de 19 mois plus longue que les 7 mois recommandés par le procureur à l’issue de la procédure. Mais comme les 32 coupables sont admissibles à une peine de prison avec sursis, après neuf mois de détention, les prévenus devraient théoriquement être libérés."
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