Le régime des retraites est aujourd’hui pris d’assaut car il mettrait en péril notre avenir économique. Par un esprit de prévoyance et pour éviter un effondrement des pensions futures, dit-on, les gouvernants mettent en œuvre un modèle de retraites dont l’horizon se déploie entre 2030 et 2070. Observe-t-on la même diligence politique lorsqu’il s’agit concevoir des politiques climatiques ? Guidés par un principe de raison et de justice intergénérationnelle, les gouvernants réformeraient les retraites « Pour vos enfants » dit-on. Voyons justement ce qu’ils font pour nos enfants.
Tout est en place pour que tout empire. Il suffit, par exemple, de constater à quel point nous sommes éloignés de l’objectif fixé par les accords de Paris en 2015 lors de la COP 21 – à savoir limiter l’augmentation de la température du globe d’ici 2100 à 1,5°C par rapport à son niveau préindustriel. Cet accord repose sur un double scandale : les promesses sont non contraignantes, ce qui revient à dire que nous fixons un seuil de température à ne pas dépasser sans nous donner les moyens de le faire respecter ; ensuite, l’addition des promesses formulées en 2015 par les États ne couvre que …30% des réductions indispensables à réaliser afin d’honorer cet accord.
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Notons tout d’abord un recoupement essentiel sur le plan des affects politiques. De mai-juin 1936 et 1968, on entend encore le silence des machines muettes, la joie de vivre au rythme de la vie humaine. La grève c’est le moment où la banque de colère saute et où ce qui jaillit ce n’est pas d’abord des billets de revendications, mais de la joie, des chants, des rires à la place du fracas impitoyable des machines. Joie contre la soumission des corps et des esprits. Joie de la rencontre humaine. Joie d’éprouver une pleine dignité. La mise à l’arrêt du monde économique n’offre d’abord aucune clé de résolution des problèmes, elle permet seulement de respirer et de commencer à soulever l’épaisse pellicule qui occultait le fourmillement des possibles. Tout mouvement politique d’ampleur, s’il se veut porteur d’une authentique créativité, ne peut se dispenser d’un tel affect.
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La réappropriation se rapporte aussi aux infrastructures. Si l’objectif premier de la grève générale n’est pas vraiment de faire décroître les émissions de CO2, elle offre une opportunité inégalée d’expérimenter collectivement le ralentissement économique. Pour partie subi, ce dernier est évidemment provoqué : d’abord en contrôlant les flux de circulation (transport collectifs, péages), mais aussi en bloquant de facto (par l’absence des travailleurs) ou activement (par des actions coordonnées) des centres incontournables du déménagement mondial (raffineries, ports, centres logistiques).
Cet aspect est d’autant plus intéressant que le sabotage ou le blocage semblent peu efficaces lorsqu’ils ne se rattachent pas à un mouvement social. Progressivement, les mouvements écologistes adoptent ces stratégies, mais le contexte de la grève générale rend possible alors deux choses. D’abord de les conduire dans des contextes de lutte qui leur confère une portée indissociablement sociale et écologique. Ensuite, de construire des alliances – non instrumentales – avec les milieux professionnels positionnés sur les points nodaux stratégiquement et politiquement intéressants. Par exemple, durant la troisième semaine de décembre la CGT Énergies organise des coupures d’électricité aux sièges sociaux de LCL, de BNP et du Crédit Agricole. Au même moment, dans les Pyrénées Orientales, l’antenne locale du même syndicat débranche les cartes sources de milliers de compteurs dits « intelligents » qui limitaient la puissance disponible pour les foyers ayant des difficultés financières. On comprend aisément comment une telle action pourrait participer d’une transformation des pratiques militantes écologiques.
>Les chiffres de l’IGPN, un iceberg des violences policières
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