Les politiques urbaines : un cache- misère !

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La banlieue, c’est bien connu est de plus en plus morose, si bien qu’il suffit d’un dérapage verbal bien orchestré par le gouvernement pour y allumer des incendies. Cela permet de déployer pour une durée indéterminée tout un arsenal répressif qui pourra être utilisé pour faire taire toute forme de contestation sociale qui n’aurait pas l’agrément de l’état.
Mais pendant ce temps il faut bien faire semblant de régler le problème social. C’est ainsi qu’après les émeutes il est de nouveau question de politique urbaine. J.L Borloo, le ministre qui fournit des alibis sociaux du gouvernement, appelle à un « engagement national pour le logement ». C’est le même qui avait lancé en 2003 la loi de cohésion sociale censée produire près de 500 000 HLM entre 2005 et 2009.

Gros profits et poudre aux yeux.

Mais les politiques urbaines ne datent pas d’aujourd’hui. La gauche au pouvoir, déjà, avec sa loi sur la solidarité et le renouvellement urbain avait fait exploser très médiatiquement quelques tours et menacé de forte amende les communes qui n’atteindraient pas le quota de 20% de logements sociaux. Quelques années plus tard le compteur est resté à 0 pour 154 communes. A droite comme à gauche les politiques urbaines s’apparentent à de l’illusionnisme. Ainsi la loi de finance 2003 a-t-elle surtout permis d’exonérer d’impôt les sociétés immobilières que possèdent aujourd’hui de grands groupes français comme casino ou Axa. Elles représentent une part croissante des placements boursiers et font de juteux bénéfices dont les banlieues ne verront jamais la couleur. Pire, le gouvernement qui a annulé 310 millions d’euros de crédit au budget 2005 qui devaient être affectés à l’insertion au logement social , se targue aujourd’hui de débloquer 20 millions pour réparer les pots cassés après les émeutes. Alors qu’entre 1965 et 1975 on construisait plus de 100 000 logements sociaux par an, en 2003 on est tombé à 60000 et dans le même temps l’état en revend 40 000 au privé. A paris plus de 1000 immeubles restent insalubres, l’état débloque 7 millions d’euros, tout juste de quoi en rénover 25. Le bilan des communes n’est pas plus reluisant : le fonds de solidarité pour les communes de l’île de France dont le rôle est de répartir plus équitablement les rentrées fiscales entre les communes riches et les autres s’est réduit de manière drastique. La ville Neuilly a ainsi grâce à la bienveillante intercommunalité diminué son apport de moitié.

Gérons la ville nous- même.

Rien n’est donc fait pour que l’accès au logement s’améliore, bien au contraire. La précarité et la misère sociale sont de plus en plus criantes et les expulsions locatives ont plus que doublé en 5 ans. L’augmentation vertigineuse des loyers ( + 80% entre 1988 et 2002) jette de plus en plus de gens à la rue. Un tiers des SDF aurait aujourd’hui un emploi qui ne leur permet pas d’accéder au logement. 30% des habitants de Clichy sous bois, dont on a beaucoup parlé, n’ont pas un revenu suffisant pour accéder à un logement HLM.
Les seuls investissements significatifs du gouvernement en matière de logement pour les plus démunis sont les centres de rétention (45 millions d’euros en 2005) ou les prisons...
Ni la mixité sociale dans les quartiers ni l’augmentation des logements sociaux ne sont à l’ordre du jour. Et si cela était le cas, elles ne seraient qu’un instrument pour tenter de gommer un antagonisme de plus en plus fort entre les classes sociales. La misère peut bien voisiner avec le luxe sans rien changer aux rapports sociaux. Le maire UMP de Versailles E. Pinte l’a bien compris qui est parvenu à faire accepter la création de logements sociaux dans sa commune pour que ses riches administrés puissent avoir leur petit personnel à portée de main. La révolution urbaine ne peut être que le fruit de la révolution sociale, il nous appartient donc de mener des luttes pour l’accès au logement pour tous, de renvoyer les huissiers à leurs chères études et d’obliger l’état et les communes à rendre disponibles les logements qu’ils possèdent, en attendant de gérer la ville nous même.

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