La construction du TGV Lyon-Turin, décidée par l’Union Européenne, impliquant la réalisation de deux tunnels sous les Alpes - un de 53 km et un de 12 km - ainsi que 17 millions de mètres cubes de déblais parsemés d’amiante et d’uranium pour le seul tronçon franco-italien, rentre totalement dans la logique capitaliste : produire/construire pour générer plus de richesses au profit des possédants, indépendamment des réels besoins des populations.
Cette nouvelle ligne serait superflue : un train reliant Lyon à Turin existe déjà et est seulement utilisé à 38 % de sa capacité. Les chemins de fer italiens ont, en outre, depuis septembre 2004, supprimé le train rapide Pendolino sur la même ligne à cause du trop faible nombre de passagers. De l’aveu mêmes des dirigeants, cette ligne sera construite en prévision de la surcharge des infrastructures routières et ferroviaires prévu en 2020. Ainsi on comprend bien la réelle utilité de cette ligne : permettre aux patrons de développer leurs productions afin de s’en mettre toujours plus dans les poches.
Les soi-disantes préocupations écologiques de nos dirigeants mises en avant pour faire passer ce projet sont absurdes : ils feraient mieux de remettre en cause le système qui nous fait produire à tort et à travers, puis transporter des biens sur des centaines de kilomètres plutôt que d’offrir aux capitalistes les moyens de détruire la planète par leur productivisme stupide. Aussi, rajouter une ligne de TGV dans une vallée qui compte déjà une ligne de chemin de fer internationale (Turin-Modane), une autoroute, trois cols alpins, deux routes nationales, deux départementales, deux gazoducs et deux lignes à haute tension ne sera d’aucune utilité pour la population locale. La ville de Suse est actuellement reliée aux autres villages par une petite ligne de chemin de fer qui fonctionne peu et mal. Le TGV aurait pour conséquence de fermer cette ligne, qui ne serait plus rentable, et de rendre inaccessible par le train l’hôpital et les écoles de la ville de Suse alors que les TGV fileront à très grande vitesse sans s’arrêter.
Une opposition réprimée
Les politiciens et patrons ont trop d’intérêts financiers dans la construction du TGV pour que l’État cède face à la mobilisation déterminée de plusieurs milliers de personnes qui ont occupé les chantiers lorsqu’à été ordonné le début des travaux avant le 31 décembre, passant outre l’avis des habitants de la vallée de Suse. C’est pourquoi le ministre Pisanu a fait charger la police en pleine nuit (3h30) pendant que les gens dormaient. Cette répression fut violente et provoqua 19 blesséEs dont 2 plutôt graves. Ce qui nous démontre, encore une fois, le caractère totalitaire de tous les gouvernements lorsque des intérêts économiques sont en jeu.
La solution
Commencer par produire, dans la mesure du possible, à l’endroit où les biens sont utilisés serait déjà une bonne chose à faire. Seulement, les entreprises de transport ne seraient pas contentes, ou bien la main d’oeuvre est moins chère ailleurs... sans compter les sociétés liées à la famille du ministre de l’équipement italien (Lunardi) ayant des contrats en rapport avec la construction du tgv.
Au sein d’un système capitaliste, pas d’amélioration possible : c’est la société qu’il faut changer, pas son réseau ferroviaire !
Nous ne sommes pas contre le ferroutage ou le tgv qui sont des solutions plutôt écologiques pour faire transister des marchandises et des personnes, mais contre les logiques marchandes et capitalistes qui visent à faire de la planète un immense marché ou ne s’arrêteraient jamais les flux d’argent, de personnes et de marchandises au seul bénéfice des patrons et au grand dam des populations comme de la planète.
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