La police assassine : justice et vérité pour Nahel et toutes les victimes

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Communiqué de l’Union Communiste Libertaire sur le meurtre de Nahel par la police.

La police assassine : justice et vérité pour Nahel et toutes les victimes

Dans la nuit du 27 au 28 juin des révoltes ont commencé dans la ville de Nanterre pour dénoncer un nouveau meurtre par un policier.

Il s’appelait Nahel, il avait 17 ans. Nahel est mort le 27 juin 2023 à bord de sa voiture : il a été tué par balle, à bout portant, par un policier suite à un refus d’obtempérer. Il se trouvait sur une voie de bus et a cherché à s’enfuir après avoir été menacé de mort par le policier qui braquait déjà son arme sur lui.

La police a immédiatement adopté la version selon laquelle la voiture fonçait sur les forces de l’ordre tandis que les médias se sont empressés de parler du casier judiciaire de la victime. Pourtant la vidéo de la scène montre que les policiers se trouvent sur le côté de la voiture, initialement à l’arrêt, et que leur vie n’était donc à aucun moment menacée.

La logique est souvent la même au fur et à mesure que ces affaires se répètent : montrer qu’il s’agissait d’une mauvaise personne, « délinquante » ou peu « intégrée socialement ». D’une part, les médias transmettent ces informations sans les vérifier et il s’agit bien souvent de mensonges ou d’exagérations. D’autre part, et surtout, quand bien même il s’agirait de faits avérés, cela ne justifie en aucun cas un meurtre, ni ne peut servir de circonstances atténuantes à l’intention de donner la mort. Ce narratif n’a pour objectif que d’établir et normaliser l’impunité policière dans les affaires de crimes racistes.

Encore et toujours, sans la présence d’une vidéo, la parole des victimes ne vaut rien. Ou plus précisément, elle ne vaut rien quand il s’agit d’un membre des forces de l’ordre sur le banc des accusés, quand bien même il s’agit d’un scénario qui se répète.

Il ne s’agit pas moins du treizième homicide perpétré par les forces de l’ordre depuis le début de l’année suite à un refus d’obtempérer. Seulement cinq policiers sur les treize responsables ont été mis en examen, les autres ayant été libérés sans poursuite jusqu’à maintenant. Il s’agit d’un chiffre exceptionnel, qui n’est pas sans lien avec la loi de 2017 modifiant le droit des policiers à faire usage de leurs armes.

Il ne faut cependant pas s’étonner d’une montée des violences notamment racistes dès lors que jusqu’au sommet de l’État des termes comme « décivilisation », « grand remplacement » ou « ensauvagement » sont employés quand des lois discriminantes sont votées ou proposées au vote. À quoi peut bien mener une politique qui s’approprie les thématiques des suprémacistes blancs ?

Ce racisme d’État trouve son aboutissement dans les institutions, ici la police. Les violences qu’il engendre sont permises et tolérées par le pouvoir en place, qui s’empresse de renvoyer dos à dos l’extrême gauche et l’extrême droite, comme après l’attentat contre le maire de Saint-Brévin suite à l’implantation dans sa commune d’un Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile.

Ne nous leurrons pas. Si le policier s’est permis d’appuyer sur la détente à bout portant, c’est bien qu’il ne pensait pas qu’il puisse y avoir de conséquences ; c’est que selon lui, au fond, la vie de Nahel ne valait rien, à ses yeux comme à ceux de la société.

Peut-on encore renvoyer la responsabilité des meurtres policiers sur les individus uniquement ? S’agissait-il seulement d’un mauvais flic ? Non ! L’usage rhétorique de renvoi strict à un problème d’individu qui n’aurait commis qu’une « bavure » est insoutenable. Ce n’est que la forme d’un racisme que l’État fait mine de ne pas voir, et qui dans les faits autorise à tuer.

Il est plus qu’urgent de porter une critique radicale de la police nationale, cette institution raciste et coloniale, gangrenée par l’extrême droite, qui terrorise toute une partie de la population dans la plus grande impunité.

Les personnes victimes du racisme de l’institution policière ne cessent de la dénoncer depuis des années. La négation de leurs droits fondamentaux n’est pas conditionnée à leur militantisme ou leur opposition à une réforme comme celle du système des retraites ; le simple fait d’exister les y confronte. Les exilé·es souffrent particulièrement de cette violence, que ce soit dans le cimetière qu’est devenue la Méditerranée, à Calais, à Mayotte, ou dans les Centres de rétention administrative où Mohamed, un homme de 59 ans, est mort il y a un mois après avoir subi des coups de policiers.

Ces crimes s’inscrivent dans une longue liste depuis 40 ans, si ce n’est plus (on se souvient des crimes de masse du 17 octobre 1961). De nombreux noms nous viennent en tête : Malik Oussekine, Abdel Benahya, Zied et Bouna, Moshin et Lakhamy, Akim Ajimi, Ali Ziri, Mamadou Marega, Wissam El Yamni, Amine Bentounsi, Angelo Garan, Gaye Camara, Liu Shaoyao, Babacar Gaye, Steve Maya Caniço, Claude Jean-Pierre, et bien d’autres encore… Depuis les fortes mobilisations réclamant vérité et justice pour Adama Traoré contre laquelle sa famille a subi une répression hallucinante durant 5 ans, et 3 ans après les mobilisations mondiales pour George Floyd, les seules « réponses » de l’État sont des fins de non recevoir.

Dans le contexte de répression généralisée que nous connaissons, nous estimons que les révoltes qui ont démarré à Nanterre sont parties intégrantes du mouvement social. Il s’agit de réclamer justice et vérité pour Nahel et les autres victimes de crimes policiers, et nous nous joignons à ces réclamations.

Toutes nos pensées vont aux proches des victimes de ces meurtres policiers.

Dans l’immédiat, nous réclamons justice et vérité pour Nahel, l’abrogation des lois Sécurité globale et Séparatisme, et le désarmement de la police.

Face au racisme et aux violences policières : unité populaire !
Rendez-vous le 30 juin 20h Place des Terreaux !

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