L’interview écoutable ici discute des rapports de pouvoir et des rapports au capitalisme et au néolibéralisme dans les milieux écologistes, ainsi que de leurs représentations du monde. Extraits :
Le livre traite, d’un côté, du bien être, qui est très présent dans l’écologie. Dès que l’on rendre dans un magasin bio, on en voit l’importance. C’est aussi le cas dans l’imaginaire des écologistes. Cette question du bien-être est alors liée à celle du développement personnel, laquelle s’accompagne d’un certain individualisme et d’un prisme libéral. D’un autre côté, le livre traite de la lutte des classes dans l’écologie.
Très vite, on se rend compte que la non prise en compte de ces aspects n’est pas liée à la faible qualité ou vertu des personnes que l’on rencontre dans le milieu écolo, mais qu’elle est d’ordre structurel. Par exemple, la dimension du bonheur ou du plaisir à militer est un moteur important de l’action des écologistes. C’est même censé faire venir beaucoup de monde. Mais on est tributaires de l’organisation sociale, comme le fait d’avoir des boulots à la con qui prennent le pas sur le collectif. Le fait de prendre du plaisir devient alors souvent un réflexe hédoniste très individualiste.
Le développement personnel amène finalement à distinguer une artistocraite de gens qui auraient travaillé sur eux-mêmes et les pauvres gens qui sont restés en arrière, qui n’ont pas saisi le truc. Ces gens méritent alors le mal qui leur arrive, parce qu’ils sont pauvres, parce qu’ils sont pris dans des situations de violence, de genre, de violences sexuelles, de guerre, etc. Cette artistocratie est composée de gens qui ont travaillé sur eux-mêmes, qui ont de belles valeurs humaines et qui sont alors d’autant plus jugeant et d’autant moins généreux avec les autres. Le résultat n’est pas très beau à voir. C’est un truc qui tue les solidarités, qui les désamorce. Si on peut créer le changement à partir de soi-même, à quoi bon créer des liens avec les autres et créer des collectifs pour essayer d’améliorer les choses ?
Discussion autour de l’ouvrage « Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur »
Références du livre d’Aude Vidal : Égologie. Écologie, individualisme et course au bonheur, Le Monde à l’Envers, 120 p., 4€
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info