Le gouvernement dans son entreprise ultra-libérale de destruction des services publics a jeté son dévolu sur le système éducatif français de la maternelle à l’Université ! C’est la même logique qui est appliquée de loi en loi : ParcourSup (loi ORE), réforme du bac (générale et pro), pour une école de confiance, réforme de la fonction publique et programmation pluriannuelle de la recherche. Les marqueurs de ces réformes sont le désengagement de l’état, la précarisation du personnel et la mise en place d’un système à 2 vitesses. Contrairement aux annonces du gouvernement sur leur progressisme, c’est un programme conservateur et réactionnaire avec un retour de plus de 70 ans en arrière !
Le désengagement de l’état dans le système universitaire est une conséquence directe de la LRU avec la fausse autonomie. Mais cet état de décrépitude va encore se renforcer dans les mois à venir. Par la loi de transformation de la fonction publique, c’est toujours plus de précarité qui va être introduit avec une augmentation des contractuels. Mais c’est aussi l’introduction du CDI de chantier (CDD de 6 ans non-renouvelable) qui est le mécanisme idéal pour les présidents d’Université (et leur lobby la CPU) pour mettre en place un système à l’anglo-saxonne avec des maîtres de conférences en CDD (tenure track) se battant pour quelques places de professeurs (full professor) et les perdant seront laissés sur le bord de la route ! Cette concurrence entre enseignant-chercheurs est dans la continuité de la logique de concurrence instauré depuis plusieurs années dans le monde de l’éducation en France. Avec la LRU, les IDEX et ParcourSup, ce sont les Universités qui sont mises en concurrence remettant en cause leur mission d’une éducation égalitaire et émancipatrice.
Dans un contexte d’augmentation du nombre d’étudiants dans le supérieur (et qui va continuer pour les années à venir), il faudrait augmenter massivement le recrutement d’enseignant-chercheurs et l’ouverture de nouvelles universités. Au contraire de demander une augmentation de leur budget, les présidents d’Université préfèrent se prendre pour des chefs d’entreprise et demandent les mécanismes permettant d’accélérer cette transformation. C’est dans ce cadre que la CPU (et tout particulièrement, le président de l’IDEX de Lyon) a demandé la suppression du CNU et la remise en cause du service de 192h (le retour de la modulation de service). Dans ce contexte, il n’est pas innocent que la conférence des directeurs des écoles d’ingénieurs demandent une augmentation générale et massive des frais d’inscription ! Et ce n’est pas la démocratie universitaire qui permettra de mettre un frein au délire managérial et libéral des présidents d’Université. En effet, les CA des IDEX (et des Universités) sont de moins en moins composés d’élus du personnel et des étudiants et de plus en plus de personnes nommées pour leur proximité avec la ligne du président d’Université.
Le gouvernement et son allié, la CPU, sont main dans la main pour détruire ce qui reste du système de l’enseignement supérieur. La volonté est de conserver quelques Universités (une dizaine) qui seront des Universités d’élite (sélection à tous les niveaux de la licence au master) avec des activités de recherche. Ces Universités (cible ou IDEX) se débarrassent des filières qui ne rapportent pas assez (que ce soit financièrement ou dans les classements internationaux). Par exemple à Lyon, après l’éviction de Lyon 2 de l’IDEX, c’est les licences non-sélectives qui seront mises de côté ! Pour les autres Universités, c’est un pas de plus vers le modèle anglo-saxon et la création de collège universitaire ou Université de proximité. Ces Universités seront limitées à moyen terme à délivrer des licences et perdront leur mission de recherche. Elles se limiteront à faire du transfert et du conseil aux entreprises locales. C’est via la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche que sera mise en place ce système. De plus, elle comportera également l’abandon annoncé par le premier ministre de pans entiers de la recherche !
Contre la liquidation de l’enseignement public, la remise en cause de sa mission égalitaire et émancipatrice et de la liberté de recherche, mobilisons nous maintenant avant qu’il ne soit trop tard !
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