Un nouveau reniement. Député, Jean Jacques Urvoas estimait en 2009, lors des débats sur la loi pénitentiaire, que « la dignité humaine implique de proscrire les fouilles corporelles » en détention. Et précisait : « Si elles étaient efficaces, nous ne connaîtrions pas le trafic existant actuellement dans les établissements pénitentiaires. » Aujourd’hui ministre de la Justice, il vient d’obtenir du Sénat l’adoption d’un amendement au projet de loi Lutte contre le crime organisé et le terrorisme visant à permettre une massification du recours aux fouilles à nu dans les prisons françaises. Un reniement à l’arrière-goût de calcul politique. Multiplier les gages donnés aux syndicats de personnels pénitentiaires pour gagner leur soutien dans un contexte politique troublé par la surenchère sécuritaire.
Les fouilles intégrales sont gravement attentatoires à la dignité humaine. Du Comité contre la torture des Nations unies au Comité européen de prévention de la torture du Conseil de l’Europe, du Contrôleur général des lieux de privation de liberté au Défenseur des droits, en passant par la Commission nationale consultative des droits de l’homme, tous les organes de respect des droits de l’homme en conviennent. Sous la pression de la Cour européenne, qui avait condamné la France pour sa pratique des fouilles intégrales en détention, le législateur est intervenu en 2009 pour encadrer leur usage. Lors des débats parlementaires, M. Urvoas, fervent défenseur de leur abrogation, interpellait les députés : « Mes chers collègues, si l’un de nous avait subi cela, pourrait-il prôner rationnellement le maintien des fouilles corporelles intégrales dans notre appareil normatif ? »...
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info