Formats ouverts et interopérabilité

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En informatique, nos choix se doivent de préserver ceux des autres.
Quelques explications par Blouk Blouk.

- Lorsque vous diffusez un document informatique (texte, musique, image, …), ce que vous voulez, avant tout, c’est que vos destinataires puissent le lire, l’écouter, ou le regarder. Pour cela, il va leur falloir disposer d’un logiciel leur permettant, par exemple pour un texte, de l’afficher sous forme de lettres sur l’écran.

Un ordinateur ne connaît pas le concept de « lettres » en tant que tel, pas plus d’ailleurs, que celui de note de musique. Il ne sait travailler que sur des nombres. Lorsque vous écrivez la lettre ’A’, le programme va la « transformer » en un ou plusieurs nombres, par exemple, le nombre 65. Lorsque votre correspondant·e va recevoir votre texte, il faudra que son programme « comprenne » le nombre 65 afin d’afficher sur l’écran la forme de la lettre ’A’.

- Pour que deux logiciels puissent se comprendre, ils doivent se baser sur des normes communes, afin en quelque sorte, de parler le même langage. Lorsqu’une technologie se développe, il faut donc qu’une norme soit développée, et qu’elle soit ensuite librement consultable afin que quiconque veuille écrire un programme puisse la consulter. Une telle norme s’appelle un format ouvert .

Ce format ouvert va permettre aux développeur-euses de créer différents logiciels. L’un de ces logiciels aura beaucoup d’options de configuration mais sera plus complexe à utiliser, un autre aura une interface fantaisiste, il y aura des logiciels pour système d’exploitation Windows, GNU/Linux, Macintosh ou autres. Malgré ces différences, ils rempliront la même fonction (par exemple, écrire ou lire des textes), et pourront communiquer entre eux grâce au format ouvert. On aura ensuite le choix d’utiliser tel ou tel programme en fonction de nos envies, de nos goûts ou de nos besoins. Le fait de pouvoir communiquer entre systèmes différents à l’aide d’un format ouvert s’appelle l’interopérabilité .

- Que se passe-t-il maintenant si un·e programmeur-euse décide de ne pas suivre la norme, et fasse en sorte que son logiciel transforme la lettre ’A’ en nombre 66, sans documenter le format utilisé ? Tout simplement, les fichiers qu’il crée ne peuvent être lus que par ce logiciel, et avec aucun de tous les autres. Inversement, il ne peut pas lire les textes écrits avec d’autres logiciels. Cela semble aberrant … Ces logiciels à format fermé sont pourtant d’une pratique très courante .

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    • Par exemple la suite bureautique Microsoft Office ne se base sur aucun format ouvert. Lorsque vous diffusez un document créé avec Microsoft Office, vous imposez à vos destinataires d’utiliser eux aussi Microsof Office. La stratégie commerciale de Microsoft consiste en fait à imposer son produit au plus grand nombre, par le biais notamment de campagnes marketing agressives, et de lobbying auprès des institutions. Une fois qu’un nombre suffisant d’ordinateurs en seront équipés, il deviendra difficile d’utiliser une autre suite bureautique pour cause d’incompatibilité avec le produit dominant ! Cette démarche a pour but d’anéantir toute concurrence et d’aboutir à une situation monopolistique.
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    • À l’inverse, un format ouvert spécifique à la bureautique a été développé par l’organisme OASIS : le format Open Document. Il est utilisé au sein d’un nombre croissant de logiciels de bureautiques, parmi lesquelles on compte déjà, entre autres, OpenOffice, Abiword, KWord, Scribus, Gnumeric. Ce sont tous des logiciels libres . Ils sont gratuits et librement téléchargeables. Il est donc très facile d’installer et d’utiliser l’un d’eux. Lorsque vous diffusez un document au format Open Document, peu importe l’outil que vous avez utilisé pour le réaliser, vos correspondants auront eux aussi le choix du leur.
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    • Les problèmes d’interopérabilité ne concernent pas uniquement Microsoft Office, et Open Document n’est pas le seul format ouvert. Le format audio WMA est un format fermé ; le format mp3 est couvert par des brevets détenus par Thomson. Les formats audio ogg Vorbis et Flac sont des formats ouverts. Les protocoles de messagerie instantanée msn ou icq sont des protocoles fermés. Le protocole de messagerie Jabber est un protocole ouvert.

- Utiliser un format fermé, c’est à la fois, imposer une contrainte forte à vos correspondant·es, et protéger l’hégémonie d’une unique organisation. À l’inverse, utiliser un format ouvert, c’est laisser à vos correspondant·es une totale liberté quant à leurs outils, et c’est favoriser la diversité des initiatives en matière de création de logiciels.

En informatique aussi, résistons à la monoculture !
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- Quelques exemples de logiciels libres permettant l’utilisation de formats ouverts :

    • open office : suite bureautique utilisant le format Open Document
    • gaim : messagerie instantanée supportant le protocole Jabber.
    • vlc : logiciel de lecture audio et vidéo multiformat.

Ces logiciels ne sont donnés qu’à titre indicatif. Pour un plus vaste choix, Framasoft référence un très grand nombre de logiciels libres.

- Pour aller plus loin :

Lire des informations sur les formats ouverts, c’est bien, réfléchir ensemble à leurs implications, c’est bien aussi. Dans la région lyonnaise, les groupes d’utilisateurs de logiciels libres comme bloukblouk ou l’ALDIL peuvent être de bons endroits pour aborder cette problématique.

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