Le procès intenté à la mère de Vincent Humbert et au Dr. Chaussoy suite à leur participation active à l’euthanasie de Vincent Humbert a débouché sur un non-lieu, décision qui reflète le flou juridique existant autour de l’euthanasie et les hypocrisies qui règnent autour de cette question délicate. Car le problème de fond révélé par cette affaire est double : d’une part, l’euthanasie, si elle n’est pas inscrite dans la Loi, est pratiquée dans les faits ; d’autre part, il y a un grave déficit du système de santé quant à la prise en charge des personnes qui se retrouvent tétraplégiques ou en état neuro-végétatif suite à un accident. La médiatisation autour de Vincent Humbert a été possible parce qu’il avait les moyens d’exprimer son désir de mourir. Au-delà de ce cas, il faudrait examiner les dispositifs existants pour ce type de patients.
Lorsque l’accident survient, la personne est d’abord prise en charge en établissement hospitalier, jusqu’à ce que toutes les possibilités thérapeutiques aient été mises en œuvre. Lorsque le corps médical estime que l’état n’évoluera pas plus, l’objectif devient de trouver un lieu prêt à accueillir durablement la personne, en sachant que son accompagnement médical impliquera un certain niveau de technique, donc de moyens humains et matériels.
Dans les faits, les structures dans lesquelles se retrouvent ces personnes sont loin d’être à la hauteur de ces besoins. En l’absence de structures spécifiques (quasi inexistantes !), ce sont souvent des lieux d’accueil pour personnes âgées qui, par défaut d’autre possibilité ou encore par proximité géographique avec la famille, assument cet accompagnement. Les maisons de retraite y voient ainsi l’opportunité de remplir les lits avec des patients « discrets » et rentables.
Peu importe que la prise en charge médicale ne soit pas à la hauteur des besoins, notamment en termes de traitement de la douleur et de confort corporel.
Quelle famille irait se plaindre des manquements de l’accompagnement alors que la seule alternative resterait de s’en occuper elle-même ?
Le débat sur l’euthanasie est donc évidemment nécessaire mais ne peut occulter la question de ce que la société fait de ce problème.
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