Alors que les tarifs des transports en commun lyonnais n’en finissent plus de flamber et que les TCL font la chasse aux usager·es qui donnent leur ticket, d’autres grandes villes françaises et européennes basculent vers la gratuité. C’est le cas de Dunkerque (200 000 habitant·es) comme de Bonn et Essen en Allemagne (respectivement 300 000 et 600 000 âmes).
Médiacités s’est penché sur cet enjeu et le coût des transports en commun. On apprend dans l’article qu’à Lyon, la vente de billet et d’abonnements ne constitue que 27,2% du financement du réseau. En cas de passage à la gratuité le manque à gagner serait donc d’environ un quart du budget total des TCL. Globalement, le taux de couverture des dépenses d’exploitation du réseau par les recettes commerciales (ce que les spécialistes appellent « R/D ») est de 58% dans l’agglomération de Lyon.
Les journalistes de Médicaités précisent aussi que « le R/D ne prend pas du tout en compte les dépenses d’investissements nécessaires à l’entretien et au développement des réseaux. (…) Pour le Sytral lyonnais, le plan de mandat 2015-2020 prévoit plus d’un milliard d’euros d’investissements. Une somme impossible à financer avec les seules recettes commerciales, alors qu’elles ne couvrent qu’un tiers des coûts de fonctionnement. »
Si la gratuité des transports en commun est un enjeu économique, elle est avant tout affaire de choix politique. En la matière, eu égard à leur opposition de longue date à la gratuité, il eut été étonnant que les responsables du Sytral se positionnent désormais en sa faveur. On n’est donc pas surpris·e que Médiacités n’ait pas réussi à trouver un·e conseiller·e favorable à la mesure. L’un d’eux, Pierre Hémon, semble même s’être fixé pour objectif de s’opposer à la gratuité des TCL de la plus grossière des manières.
Qu’en est-il du côté des élus ? Aucun, dans l’agglomération lyonnaise, n’a enfourché le cheval de bataille de la gratuité. « Je ne vois pas pourquoi les transports seraient plus gratuits que le pain ou l’eau », coupe Pierre Hémon, conseiller (EELV) de la Métropole de Lyon et élu du Sytral, l’autorité organisatrice des transports.
Par ses propos dégueulasses, Pierre Hémon montre qu’il adhère à la vision néolibérale qui voudrait nous faire croire que la marchandisation des besoins élémentaires serait le seul moyen de leur donner de la valeur. Rien de bien étonnant, le conseiller « écolo » suit en cela la logique anti-pauvres que les TCL mettent en œuvre avec un zèle remarquable. Sans doute participe-t-il tout simplement au concours de propos stupides que les élus du syndicat mixte des transports en communs lyonnais semblent se livrer. Pour l’instant, c’est encore Bernard Rivalta, l’ex-président du Sytral, qui mène la danse avec son « La gratuité, c’est ce qui a conduit à la chute de l’URSS » mais Pïerre Hémon marque assurément des points.
Il est possible que nous fassions ici un bien mauvais procès au conseiller de la Métropole. Sur le fond on est peut-être d’accord si il voulait dire que ce serait bien que les transports, le pain et l’eau soient gratuits. Sans certitude, rappelons qu’il existe deux moyens faciles de militer pour la gratuité : frauder ou donner son ticket. Dans les deux cas, gare aux contrôles.
Des usager·es des transports en communs lyonnais
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info