Publié par le Bureau Anti-Parlementaire à l’occasion des élections législatives de 1919, ce texte de Sébastien Faure est un pamphlet anti-éléctoral doublé d’un vibrant appel à l’action révolutionnaire. A l’approche des élections présidentielles et législatives, nous le publions comme le premier d’une série d’arguments anti-électoraux, et en faveur de l’abstention active, qui suivront sur ce site.
Chaque fois que les pouvoirs de la Chambre des Députés arrivent à expiration, c’est un cri unanime : « Enfin ! Elle va donc disparaître, cette Chambre infâme ! Le pays va donc être débarrassé de ce Parlement maudit ! »Ce langage traduit expressément les sentiments successifs : déception, lassitude, écœurement qu’ont fait naître, dans l’esprit public, au cours de la législature qui prend fin, l’incapacité, la corruption, l’incohérence et la lâcheté des Parlementaires.
Pourquoi faut-il que l’engouement irréfléchi du populaire, son ignorance et son inobservation le poussent à espérer que la Chambre qui va naître vaudra mieux que celle qui va mourir ?
Il est inconcevable que, périodiquement trompée, constamment abusée, la confiance de l’électeur survive aux déceptions dont il souffre et dont il se lamente ; et, pour l’être raisonnable et pensant, c’est une stupeur que de constater que les législatures se succèdent, chacune laissant derrière elle le même désenchantement, la même réprobation et que, néanmoins l’électeur persiste à considérer comme un devoir de voter.
La période électorale s’ouvre, elle est ouverte. C’est la crise qui, périodiquement, convulsionne la multitude. Elle dure officiellement quelques semaines et, si l’on tient compte de l’effervescence qui précède et du bouillonnement qui suit cette crise, on peut dire qu’elle dure trois mois.
Trois mois durant lesquels, peuplé d’agités, le pays semble frappé de démence : candidats, comités et courtiers électoraux, tour à tour confiants dans le succès ou désespérant d’y atteindre, vont et viennent, avancent et reculent, crient et se taisent, affirment et nient, implorent et menacent, acquiescent et protestent, attaquent et se défendent.
C’est un spectacle fou : drame, comédie, vaudeville, bouffonnerie, farce, pantomime, tous les genres, du tragique au burlesque, s’y donnent rendez-vous et s’y rencontrent, associés, confondus.
Le malheur est que c’est aux frais du spectateur que la farce se joue et que, quels que soient les acteurs, c’est toujours lui qui paie, et qu’il paie de son travail, de sa liberté, de son sang.
Eh bien ! électeur, avant de passer au guichet pour solder ta place, écoute-moi.
Ou plutôt écoute ce que te disent les Anarchistes ; écoute attentivement et réfléchis.
Voter, c’est accepter la servitude.
Les Anarchistes n’ont jamais eu de représentants siégeant dans les assemblées parlementaires. Tu as parfois entendu traiter d’anarchistes MM. Clemenceau, Briand et d’autres parlementaires. Ils ne le sont pas ; ils ne l’ont jamais été.
Les anarchistes n’ont pas de candidat. Au surplus un candidat qui se présenterait comme anarchiste n’aurait pas une seule voix, puisque les anarchistes s’abstiennent de voter.
Ils refusent de se servir du bulletin de vote que la Constitution met entre leurs mains.
Ne suppose pas que ce soit pour ne pas faire comme les autres, pour se singulariser. Sache que les raisons pour lesquelles les anarchistes s’abstiennent sont multiples et graves.
>Tarnac, une affaire d’État
Retour sonore sur une affaire qui aura défrayé la chronique : manipulations politiques, dérives policières, curée médiatique, création d’un ennemi intérieur : « l’ultra-gauche mouvance anarcho-autonome » ... tous les ingrédients d’une affaire d’État qui débutta le 11 novembre 2008.
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