Détruire le mur - Résistons Ensemble no 144, septembre 2015
Le bulletin no 144, septembre 2015 du petit journal mobile recto-verso A4 du réseau Résistons ensemble contre les violences policières et sécuritaires est sorti. Pour lire l’intégralité et télécharger ce bulletin mis en page au format pdf : http://resistons.lautre.net/spip.php?article553.
Détruire le mur
Ça y est, l’après Thalys est arrivé. Au programme ? Les fouilles soi-disant « aléatoires ». Sachant que, rien qu’à la gare du Nord de Paris, passent plus de 500 000 passagers par jour, alors, ça va être comment ? On compte jusqu’à dix, puis on crie : stop fouille ? Bien sûr pratiquement, c’est impossible. Le pouvoir le sait très bien. C’est le secrétaire d’État aux Transports, Alain Vidalies qui a craché le morceau. Alors qu’un journaliste relayait l’objection selon laquelle « la fouille aléatoire est discriminatoire », il a lâché : « Bah écoutez, moi je préfère qu’on discrimine, effectivement, pour être efficace, plutôt que de rester spectateur ». Mais oui, il s’agit du « classique » contrôle au faciès… en pire, cette fois-ci officialisé. Le « suspecté de terrorisme » ne sera pas, bien entendu, le grand blond en costard Hugo Boss. Plus que jamais c’est le regard des flics qui désignera les « ennemis » comme arabes, noirs, musulmans, et/ou pauvres. La SNCF s’y met aussi. Elle lance un soi-disant « numéro d’appel d’urgence » sur lequel les voyageurs sont censés dénoncer des « situations anormales ». « Anormales » ? Si quelqu’un jette une boule de papier par terre et qu’il n’est pas blanc, hop... c’est la délation.
En Hongrie c’est un mur de barbelés en lame de rasoir, comme on dit là-bas, en « fil OTAN », qui est censé « protéger », selon le premier ministre Orban, l’« identité chrétienne de l’Europe ». En France, c’est un mur d’idéologie, un mur dans les têtes qui est en train d’être construit. Le but du pouvoir est de créer un climat de suspicion réciproque et de division dans les classes populaires sous le prétexte de la lutte anti-terroriste. Facile à imaginer : quels vont être, en effet, les regards que jetteront les voyageurs non fouillés sur ceux que la couleur de leur peau désignera comme susceptibles d’être « terroristes » ? Et inversement, quel va être le sentiment de ces personnes ainsi publiquement humiliées si les voyageurs « normaux » passent sans réagir ?
C’est loin, mais souvenons-nous du 17 octobre 1961 quand la police « républicaine » jetait des algériens à la Seine sous le regard indifférent des citoyens « sans reproches » qui prenaient des pots place Saint Michel à Paris. Bon on n’y est pas encore, ce n’est encore que l’entame. Alors, il ne reste qu’à briser le mur de la haine qu’ils veulent bâtir entre nous, en luttant unis face au pouvoir et sa glissade vers un régime ouvertement autoritaire et raciste qu’on s’en sortira.
au sommaire
Détruire le mur
Simulacre de justice à Montigny-en-Gohelle
Voilà ce qu’on nous promet
[ C H R O N I Q U E D E L ’ A R B I T R A I R E ]
- Christine, prisonnière en lutte, encore transférée
- La répression des vendeurs à la sauvette vaut la mort à un enfant de 5 ans
- À la frontière franco-italienne la répression s’intensifie
- Cadenas
- La violence et le racisme qui gangrènent la police interne de la SNCF
- Emmaüs prête main forte à l’État
- « Vous êtes comme des rats, vous avez l’habitude »
[ S U R L E V I F ]
- Enceinte de 6 mois, Amal Bentounsi est agressée par des policiers
[ A G I R ]
- Le film Qui a tué Ali Ziri ?
- Marche pour Amadou Koumé, tué par la police
- Face à l’enfermement dans et hors les murs
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