Lutter contre l’ordre de l’exploitation, de la tyrannie et du pillage !

Les manifestations déclenchées après l’arrestation de plus de 100 personnes, dont le maire de la municipalité métropolitaine d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu (candidat du CHP et principale opposant à Erdogan pour les prochaines élections), continuent de s’intensifier. Les manifestations, menées par les étudiants, ont pris un caractère militant et sont devenues massives malgré les efforts du CHP [1] pour les contenir. Bien que ces manifestations soient nées du conflit entre deux clans au pouvoir, il est clair que la colère qui s’est déchaînée a des causes bien plus profondes que l’arrestation d’İmamoğlu.

Aujourd’hui, ce n’est pas un hasard si les jeunes, les travailleurs de demain et ceux d’aujourd’hui, dont l’avenir est devenu incertain, et dont beaucoup doivent travailler tout en poursuivant leurs études, sont en première ligne de la lutte. Cette colère résulte également de l’appauvrissement croissant de millions de personnes qui survivent grâce à leur travail, de leur pression quotidienne sur la crise économique, des meurtres incessants de femmes, des politiques d’oppression et d’agression contre les personnes LGBTI+, des massacres d’animaux, des attaques contre le peuple kurde malgré les prétendus pourparlers de paix, et du fait que la vie de millions de personnes est devenue insupportable en raison des politiques gouvernementales fondées sur l’oppression et la coercition. Cette colère est dirigée non seulement contre le gouvernement AKP-MHP [2], mais aussi contre le CHP, qui, pendant des années, s’est présenté comme un parti d’opposition, mais qui s’est fait le complice du gouvernement à chaque instant difficile, limitant les risques d’explosion sociale à chaque crise et concentrant son énergie sur les élections. Les gens ont compris que les élections sont inutiles et qu’il n’y a pas d’autre voie de libération que la lutte. Il est désormais clair que les manifestants ne peuvent être facilement arrêtés par la répression, ni manipulés par le CHP pour servir son propre programme.

D’un autre côté, il faut reconnaître que ces protestations ont des limites. Il est fort probable que ce mouvement de réaction, dénué de tout caractère de classe et dont le contenu politique et les revendications sont flous, demeure un instrument de conflit entre les pouvoirs en place ou s’éteigne. Cependant, il a aussi le potentiel de croître, de se radicaliser et d’obtenir des avancées réelles et durables s’il s’articule avec les luttes existantes en termes de revendications et de méthodes. Depuis début 2025, les grèves sauvages et les résistances ouvrières dans diverses villes, la résistance des femmes et des personnes LGBTI+ malgré toutes les formes d’oppression et de violence, les luttes contre la destruction écologique et les massacres d’animaux vivant dans les rues montrent que l’esprit de résistance a été préservé dans ces contrées malgré tout. Aujourd’hui, ce ne sont pas des politiciens en costume, des bureaucrates syndicaux ou de riches magnats qui suscitent cette vague de lutte, mais des travailleurs, des enfants de travailleurs et des individus qui ont activement participé aux luttes mentionnées ci-dessus.

Il est donc possible de renforcer la vague de lutte par des revendications et des discours de classe, et c’est précisément ce que nous devons faire. Nous devons nous impliquer dans cette lutte, non pas comme pilier de la lutte pour le pouvoir, mais de manière organisée, afin d’articuler les problèmes et les revendications actuels de la classe ouvrière, des femmes et de toutes les personnes opprimées et discriminées, et d’en faire les revendications du mouvement. D’autre part, nous devons nous efforcer d’impliquer dans cette lutte les différentes sections de la classe ouvrière, déjà engagées dans des grèves et des résistances.

Nous devons porter cette lutte de la rue à nos lieux de travail, et de nos lieux de travail à la rue. Nous ne devons pas laisser le sort de la lutte aux seules décisions d’un groupe de politiciens en costume. Pour cela, nous devons créer des mécanismes décisionnels autonomes sur nos lieux de travail, dans nos écoles et nos quartiers, où nous pourrons discuter de nos problèmes économiques et politiques et définir nos revendications concrètes. Les forums créés au lendemain de la Résistance de Gezi [3] constituent des expériences importantes à cet égard, et nous devons les développer et les revitaliser. C’est ainsi que la lutte deviendra durable et que nous pourrons obtenir des résultats.

C’est en résistant que nous vaincrons !
Notre force vient de notre unité !

Anarcho Queers
Anarchistes d’Ankara
Bilgi Gökkuşağı
Bizim Elimizde Campaign Group
Eşitlik Topluluğu
Heimatlos Kültü
Anarchistes d’Istanbul
Izmir Anarchy
Kuir Uşak
Associations de travailleurs autonomes
OzU LGBTIQ+
VeganEsk