Dans les murs de la prison-modèle

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Corbas, c’est bien connu, c’est une prison modèle, avec de la couleur sur les murs, la douche dans les cellules et des ateliers flambants neufs… ça n’empêche pas les détenus d’essayer d’en sortir par tous les moyens.

RIEN QUE POUR le week-end du 2 au 3 août, trois prisonniers ont essayé de se suicider. Commentaire d’un responsable de l’administration pénitentiaire : « il n’y a pas de tension particulière ». Mais pour l’avocat de Jean Claude V., 63 piges, qui s’est tué en se tailladant les veines ce dimanche, le tableau est moins rose : « il a très mal vécu son transfert à la maison d’arrêt de Corbas où les contacts n’existent quasiment pas, derrière des glaces sans tain ». En plus, pour lui le corps ne suivait plus : à cause de douleurs persistantes une genouillère lui avait été prescrite par les médecins de la taule… mais refusée par l’administration pénitentiaire. « Ça a été la petite misère de trop ». Autres vexations courantes pour tous les détenus : les mandats qui n’arrivent pas, les cantines où il manque systématiquement la moitié des articles… Depuis la mise en service en mai, les ERIS ont dû intervenir au moins une demi douzaine de fois : des promenades qui refusent de remonter, des fouilles qui dégénèrent. Le climat ultra sécuritaire, qui interdit au maximum les communications entre détenus, semble déteindre même sur les matons. Tout le monde a l’air de suivre le règlement, on ne parle pas encore de suicides bien suspects comme à Villefranche ou Saint-Quentin-Fallavier mais ça ne veut pas dire que l’atmosphère y soit plus respirable ; certains détenus ont déjà fait des demandes pour être retransférés ailleurs.

Les violences et les provocations des ERIS ont empiré avec les histoires de pannes qui ont provoqué plusieurs blocages ou ouvertures de porte ces dernières semaines. Le week-end du 23 août, 93 systèmes d’ouverture se mettent ainsi à dérailler (des prisonniers se retrouvent coincés dans des sas, parfois avec les matons, des familles sont bloquées au parloir, tout ça pendant la canicule et sans accès aux bouteilles de flotte puisque les réserves se sont retrouvées verrouillées durant l’incident).

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J.F Forget secrétaire général de l’UFAP, premier syndicat de maton, est venu constater les dégâts début septembre : évidemment il met tous ces dysfonctionnements sur le compte du partenariat public-privé. « Les entreprises privées utilisent des matériaux moins chers, il y a des malfaçons mais les pénalités sont inapplicables sous peine de mettre les sociétés à sec. On retrouve les mêmes problèmes à Roanne et à Mont de Marsan où déjà une panne d’électricité avait conduit à l’arrêt du chauffage et à l’évacuation de la taule, cet hiver ». Ça serait la même chose pour la gestion des cantines : « les commandes sont encaissées mais pas entièrement livrées, ce qui crée des tensions extrêmes. Il faut revenir à une gestion publique des choses. Il n’est pas concevable que des sociétés privées viennent faire du fric en prison ». Comme si la « gestion publique » pouvait améliorer l’ordinaire des êtres que la justice condamne à être emmurés vivants…

Le 25 août : un premier cas de grippe H1N1 se déclare au sein du personnel du service médico-psychiatrique. Une semaine plus tard on compte déjà 3 cas chez les détenus et le risque est grand, d’après les médecins d’un « effet boule de neige ». L’AP songe alors à transformer les centres de semi liberté en lieu de quarantaine.

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