Alors que la guerre fait rage au Yémen depuis 2015, elle est présentée comme une « guerre oubliée ». Lorsqu’elle est médiatisée, c’est souvent à travers ses conséquences : ayant causé 377 000 morts, directes ou indirectes, entre 2015 et fin 2021 d’après les Nations unies, elle est qualifiée de « pire crise humanitaire du monde ». Mais pour que cesse cette guerre, il faut en comprendre les causes et les enjeux.
Deux dimensions sont fréquemment mises en avant : le clivage religieux et les enjeux régionaux. Or la guerre au Yémen est bien loin de se réduire à un conflit confessionnel. Le mouvement de renouveau de l’identité zaydite trouve son fondement dans l’histoire récente du Yémen et ne peut pas être réduit à une simple opposition au sunnisme. D’autre part, l’intervention de l’Arabie saoudite s’inscrit dans une histoire plus longue d’intervention saoudienne dans la vie politique yéménite. Celle-ci, importante, ne doit pas pour autant masquer le rôle important joué par des puissances occidentales comme les États-Unis, la France ou le Royaume-Uni, à la fois en ce qu’elles ont contribué à façonner l’histoire yéménite (du colonialisme britannique à la lutte étatsunienne contre le terrorisme) et en tant que fournisseurs d’armes et soutiens politiques de la coalition menée par l’Arabie saoudite.
Retracer l’histoire du Yémen depuis le XXe siècle permet de réancrer l’analyse dans les dynamiques endogènes, mais aussi de traiter les rapports de force au niveau international, et pas seulement régional. En conclusion, les ventes d’armes françaises au Moyen-Orient ainsi que le rôle de Total au Yémen seront évoqués, afin de discuter des mobilisations pouvant être développées ici en solidarité avec le peuple yéménite.
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