« La vie s’écoule, la vie s’enfuit
Les jours défilent au pas de l’ennui
Parti des rouges, parti des gris
Nos révolutions sont trahies »
Souvenir brumeux de soirée festive sur la ZAD il y a quelques paires d’années, du temps de la folle jeunesse, avec les glorieux punks belges de René Binamé aux manettes. Enlisées dans une boue bien mastoc, pour la plupart ivres mortes, une grosse centaine de personnes beuglent les paroles de « La Vie s’écoule » en gigotant de manière fort peu seyante, leurs grolles aspirées par la bouillasse – splouch splouch. Et dans mon souvenir flou, le couplet final s’envole sous des braillements enthousiastes :
« Les fusils sur nous dirigés
Contre les chefs vont se retourner
Plus de dirigeants, plus d’État
Pour profiter de nos combats »
Combien sont-ils alors, les pogoteurs extatiques, à savoir que cette rengaine a été écrite par un certain Raoul Vaneigem, l’une des personnalités les plus fécondes et inspirantes de l’Internationale situationniste (auteur notamment du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, 1967) ? Et que « La vie s’écoule » faisait partie d’un disque mythique composé en grande partie par tonton Guy Debord, Monsieur Société du Spectacle ? J’en sais rien. Peut-être beaucoup, en fait. Mais moi, j’avoue qu’à l’époque, je l’ignorais totalement. Et j’ai bien failli perdre une Converse post-adolescente dans ce cloaque, alors pas de lazzis, bordel, j’ai donné pour la cause.
Bref.
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