Connaissant les longues plaidoiries de Christine qui avait été entendue sur les mêmes faits le 4 juillet, le juge a bien préparé et orchestré ce procès, à coup d’infantilisations et d’humiliations.
« Ce procès ne sera pas une tribune pour vous Mme Ribailly » annonce le Juge ; pas de contextualisation, à peine le droit à la parole, Christine doit répondre par « oui ou non » aux questions tendues telles des pièges par un président de séance qui a déjà pris le parti de sa culpabilité. En effet, la séance s’ouvre sur cette considération du juge : le parcours judiciaire de la prévenue montrerait qu’elle n’est « animée dans la vie que par son désir de se rebeller contre l’autorité des institutions ».
Main dans la main, le juge et l’avocat de l’Administration Pénitentiaire (AP) s’attellent donc à redorer le travail « difficile et courageux » des matons, réaffirmer leur autorité et notre devoir d’obéissance. Le juge lit le rapport d’un expert psy qui, après avoir dépeint le comportement de Christine comme paranoïaque, conseille de la poursuivre pénalement et qu’elle soit sanctionnée pour « ponctuer son parcours et qu’elle devienne actrice de sa vie ».
Résistant quotidiennement à ce qu’elle nomme les abus de pouvoir, faisant toujours valoir ses droits, Christine s’est retrouvée une fois de plus face un mur. Face à Christine la Justice ne s’est pas même encombrée des apparats de l’équité, trop soucieuse de réaffirmer l’autorité de l’État et ses chiens de garde dont elle fait partie.
Ironisant sur la « chance » du prévenu d’avoir toujours le dernier mot, le juge a donc mené à la baguette son interrogatoire : « Pensez-vous que votre attitude contribue à apaiser la situation ? Répondez par oui ou par non ? ». « Ne pouvez-vous pas passer comme les autres votre détention...tranquille ?! » dira l’avocat de l’AP.
Tranquille ?! L’audience en tout cas ne l’était pas. La tension était palpable dans la salle, qui comptait une vingtaine de copains et camarades venus soutenir Christine, et une dizaine de matons (dont Mickaël B.) et la dirlo de Bapaume venus soutenir leurs collègues.
Tandis que la Procureur réclame la peine plancher, 1 an de prison ferme supplémentaire pour Christine, son avocat plaide, une heure durant, sa relaxe. Il met notamment en avant la violence institutionnelle en dépeignant la réalité des conditions carcérales, démontrant que structurellement c’est le système carcéral qui crée la violence à l’intérieur de ses propre murs.
Délibéré rendu le 21 novembre.
Aujourd’hui Christine est de nouveau au mitard pour 30 jours et devrait être transférée au Centre de Détention de Réau (région parisienne) dans le courant du mois d’octobre.
Ci-dessous un extrait de courrier une semaine après le procès :
Séquedin, jeudi 26 septembre 2013
[...]
Après l’audience, comme à chaque fois, les gendarmes sont un peu dépités de s’être fait prendre au jeu de ma prétendue dangerosité. Alors, ils sont plus cool : plus de menottage systématique, pause clope, tutoiement respectueux...pour se différencier de leurs collègues précédents. Là, dans la cours ou on clopait avant de remonter dans le fourgon sans pot d’échappement [?], l’un d’eux m’a dit : « tu sais, je vais bientôt venir te voir au parloir : B. a déposé plainte pour diffamation... ». Ça explique le délire de son baveux sur ma manipulation par les méchants anars pas polis qui domicilient leurs sites à l’étranger...
Mais l’acharnement ne s’arrête pas là. Demain je passe au prétoire pour 4 CRI (Comptes Rendus d’Incident) chopé à mon arrivée ici pour des revendications qui ont abouties après la grève de la faim.
Je risque à nouveau 30 jours, 2 mois plus tard. Heureusement mon avocat a dit qu’il serait là pour m’assister.
Tu crois que là ça suffit ? Petit joueur ! J’ai aussi vu la semaine dernière un maton enquêteur pour le CRI rédigé le 25 juillet à Bapaume à propos de la « prise d’otage ».
Je suis à peu près sure que c’est illégal de passer à Séquedin en commission de discipline sur ça, le prétoire n’étant qu’une mesure interne et disciplinaire, pas un jugement. J’espère que mon avocat pourra le démontrer.
Mais c’est toujours pas fini ! En lisant ce dossier disciplinaire, j’ai vu une lettre de la direction de Bapaume au parquet, à la DI, au JAP et à la gendarmerie à propos de cette « prise d’otage » et d’une matonne qui a été blessée par ses collègues lors de ma réintégration de cellule. Pour l’instant, je n’ai pas vu les gendarmes à ce sujet, mais ça m’étonnerai que ça soit classé sans suite. La procureur y avait d’ailleurs fait allusion à l’audience du 19 septembre (...).
Pour faire bonne mesure, on peut y ajouter une plainte déposée par les matons de Séquedin le 31 juillet, alors qu’ils me tapaient sur la gueule. Là aussi deux d’entre eux ont été blessés dans la [mêlée], dont un assez gravement au genou (évacuation par les pompiers). Pour ça, j’ai vu un expert psy (encore un !) le 17 août (un samedi !), mais avant même d’avoir vu les gendarmes. Depuis je demande en vain des infos au greffe.
Voila la démonstration est faite : l’AP fabrique du récidiviste. Voila comment la provo de B. amène à 30 jours, qui amènent à 30 jours, qui en ramènent eux même à 30 jours. A ça, il faut ajouter un procès qui en amène un autre et deux autres encore par les mêmes plaignants. Bien sur il ne faut pas oublier d’ajouter les CRP [Crédits de Réduction de Peine] qui vont faire sauter les prochains aménagements de peine. Du grand art ! Je suis moi même époustouflée par cet acharnement : il n’y a vraiment rien qui les arrête puisque, malheureusement, le ridicule ne tue pas !Christine
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