Un peu avant 15h, on débarque par le quai général Sarrail. Sur le chemin, on voit des gens se faire contrôler et se faire confisquer du matériel de protection, genre lunettes. Les contrôles ont l’air de se faire suivant le look et c’est plutôt des « jeunes » et des gens lookés punks/treillis qui se font fouiller.
En rejoignant la place maréchal Lyautey, l’atmosphère n’est pas au top. Il y a l’air d’y avoir moins de monde que la dernière fois (et moins de monde que l’avant dernière-fois)... Les prises de paroles finies, la manif s’élance et assez vite un bloc en noir se constitue derrière une banderole renforcée Après quelques affrontements avec des forces de l’ordre près de la préfecture, une ligne de flics composée en bonne partie de bacqueux se positionne en plein milieu de la rue et charge le cortège. Ils profitent du contact pour voler la banderole de protection. Après ce coup dur, on se dit que ça va refroidir et démoraliser tout le monde.
Mais non ! Les slogans reprennent, plein de gens sont très déterminé-e-s, la manif continue de plus belle ! La progression reprend dans une bonne ambiance avec des tags et des panneaux publicitaires défoncés sous les hourras de la foule. Point positif par rapport à la manif du 5 décembre, il y a beaucoup moins de tensions entre cortège de tête et cortège syndical/partis politiques. Ça communique des deux cotés : « ça va le gaz ? » « Oui on a commencé à s’habituer pendant les gilets jaunes, maintenant on se dit que quand il n’y pas de gaz, c’est pas une vrai manif ! » (un syndicaliste). Et même si les gens du cortège classique sont parfois hésitant-e-s et laissent des fois volontairement de la distance avec les gens tout devant, on se sent plus ensemble, même si les méthodes et les manières d’être dans la rue ne sont pas les mêmes.
Un peu avant Guillotière le cortège de tête s’est bien reconstitué et grossit : ça circule beaucoup entre lui et le reste de la manif. La météo est de notre coté et le vent annule beaucoup l’effet des lacrymogènes : plusieurs fois la police gaze le cortège qui… ne recule pas. Entre les renvois de palets et le gaz qui se dissipe très vite, le pouvoir magique de dispersion des policiers ne fonctionne plus. Sur les quais, nouvelle charge policière. Le camion de Solidaires se prend une grenade dans le pare brise (une petite vengeance des forces de l’ordre par rapport à la casse d’une agence immobilière juste avant ?). Avant de traverser le pont, on préfère se disperser, plutôt que d’arriver dans la souricière, place Bellecour.
En tout cas, si les tentatives de sortir du tracé de la préfecture n’ont pas marché, on a vu plein d’exemples de solidarité entre les manifestant-e-s et c’était vraiment beau et encourageant d’être ensemble dans la rue. L’énergie collective était palpable et elle traversait tous les cortèges. On a incarné, un samedi après-midi, ce que craignent le plus les gouvernants et les services de police dans la période actuelle - et que confiait un syndicaliste policier sur France Inter, il y a quelques jours : « que les manifestants et les "black blocks" ne se désolidarisent pas ».
Force aux 7 interpellé-e-s et aux blessé-e-s de la journée !
Un vieux de la vieille
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