Action festive du 9 mars devant le CNRS à Lyon - communiqué de personnels, étudiant·es et soutiens

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Réforme des retraites 2019-2020

Communiqué de presse des personnels de la recherche, de l’administration, de l’enseignement supérieur, des étudiant·e·s et des soutiens interprofessionnels réuni·es ce lundi 9 mars à la délégation régionale du CNRS de Lyon.

Pour la défense du service public de l’enseignement supérieur et de la recherche(ESR) !
Pour défendre nos statuts, nos conditions de travail et pour des rémunérations à la hauteur !
Pour mettre fin à la précarité étudiante !
Pour une autre Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) !

Les préconisations issues des 3 groupes de travail LPPR constitués par le ministère sont claires : elles prônent les recrutements précaires, un budget fléché vers l’ANR, mais pas de crédits pour le soutien de base des laboratoires, le tout sous couvert d’"excellence".

Citons une des mesures les plus dévastatrices de ce projet de loi : le recours accru au recrutement de contractuel·le·s à tous les niveaux. La précarité sera encore aggravée particulièrement avec la création du contrat de projet, contrat non transformable en CDI qui n’offre aucune garantie et peut être rompu à tout moment au bon vouloir de l’employeur ; un contrat qui instaure de fait la précarité à vie, car cette précarité est déjà présente tout au long des études avec des montants de bourses trop faibles, des loyers en cité U trop élevés, un manque de personnel de santé au CROUS. En s’attaquant au statut de la fonction publique et à l’égalité d’accès aux emplois publics, ce projet de loi menace les garanties fondamentales de neutralité, de continuité, de compétence et d’indépendance nécessaires à un service public de qualité accessible à toutes et tous sur l’ensemble du territoire : déjà à l’œuvre depuis plus d’une décennie parmi les personnels Biatss, on sait ce qu’engendre la hausse de recrutement de contractuel·es au lieu de titulaires, pour les carrières, la souffrance au travail, les services au turn-over infernal.

Ces attaques contre les statuts vont de pair avec les lois de transformation de l’action publique et de casse des systèmes de retraites. Le gouvernement lui-même fait le lien, en écrivant que la LPPR compensera les baisses de nos pensions de retraite, ce que le Conseil d’État a d’ailleurs « retoqué ». En admettant possible ce principe de « vase communiquant », le montant des financements envisagés pour les mesures salariales de la LPPR est ridicule par rapport au montant que l’État compte économiser par la baisse de la « cotisation » employeur de financement des retraites des fonctionnaires ! Les revalorisations annoncées sont ridicules, concernent le régime indemnitaire (les primes), et ne partent pas de la situation actuelle (cas du salaire des jeunes chercheur·se·s et enseignant·e·s-chercheur·se·s à l’embauche).

En résumé, la LPPR est une loi pour piloter la recherche grâce à une attribution discrétionnaire et inégalitaire de l’argent fléché sur des projets. L’emploi ne sera développé que sous la forme de postes précaires. Les personnels de la recherche et les équipes seront captif·ve·s, soumis·es envers la hiérarchie et contraint·e·s par les appels à projets. Cette loi s’inscrit aussi dans le cadre des politiques de site qui réduisent les politiques scientifiques nationales des organismes de recherche en matière de recrutement et de financement. C’est un coup décisif contre les libertés académiques qui se prépare.

Depuis trois mois, les personnels de l’ESR font grève et manifestent aux côtés des autres salarié·e·s du public et du privé pour le retrait du projet de réforme des retraites visant à remplacer le calcul de la pension sur les 6 derniers mois par un système par points intégrant les rémunérations les plus faibles perçues en début de carrière ou durant une carrière discontinue. Malgré les promesses à bon compte formulées par Mme Vidal sur une augmentation possible et liée pour partie à la "performance" - des primes dans le cadre de la LPPR - les personnels perçoivent que c’est une baisse considérable des pensions qui leur est ainsi promise. Dans ce cadre, tou·te·s ensemble nous exigeons :

  • L’arrêt immédiat de la répression et notamment des violences policières et des gardes à vue
  • le retrait du projet de loi sur les retraites, attaque frontale contre le principe de répartition et de solidarité intergénérationnelle
  • un plan d’urgence pour l’université et la recherche dès 2020
  • l’abandon du projet de loi LPPR
  • une augmentation du budget de la recherche publique de 1 milliard d’euros par an pendant dix ans pour atteindre 1% du produit intérieur brut (PIB) de dépenses publiques de recherche et développement
  • un plan pluriannuel de création d’emplois de fonctionnaires, enseignant·e·s-chercheur·se·s, chercheur·se·s, ingénieur·e·s , technicien·ne·s, personnels de bibliothèques et administratif·ve·s à hauteur de 6 000 créations par an pendant 10 ans ; et dès à présent, le dégel de tous les emplois vacants
  • une revalorisation significative des salaires avec le dégel et la revalorisation du point d’indice, ainsi qu’un rattrapage en nombre de points du pouvoir d’achat perdu depuis 2010
  • la fin à la précarité dans l’ESR par la mise en œuvre d’un plan de titularisation des contractuel·le·s et vacataires et l’arrêt des recrutements massifs de vacataires, payé·es sous le SMIC avec des mois de retard
  • l’arrêt de l’externalisation et de la privatisation des fonctions supports
  • un enseignement supérieur public, gratuit ouvert à toutes et à tous et le retrait du décret qui instaure la hausse des droits d’inscription pour les étudiant·e·s hors UE
  • la revalorisation des bourses, la baisse des loyers en cité universitaire, le recrutement de personnels de santé par le CROUS pour à terme mettre fin à la précarité étudiante.


C’est pourquoi aujourd’hui nous, personnels de la recherche, de l’administration, de l’enseignement supérieur, étudiant·e·s et soutiens interprofessionnels venons nous exprimer devant la Délégation Régionale du CNRS de Lyon. L’Université et la recherche s’arrêtent, et exigent des conditions de travail décentes, pérennes et libérées de la logique néolibérale de compétition, de privatisation, de précarisation et de régression démocratique.

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