Le 1er janvier 1994 marque l’apparition sur la scène politique mexicaine et sur la scène médiatique internationale du mouvement révolutionnaire "zapatiste" [1] des indigènes [2] du Chiapas au cri de « ¡Ya Basta ! ».
L’État du Chiapas se situe à la pointe sud du Mexique, au bord de l’océan pacifique, entre le Guatémala à l’ouest et l’État de Oaxaca à l’est. [3] Le Chiapas possède des ressources naturelles (55% de l’énergie hydroélectrique, 35 % du pétrole, près de 50 % du gaz naturel et 35 % du café du Mexique) ce qui en fait un état riche économiquement. Mais comme c’est souvent le cas, le peuple ne profite que rarement de la redistribution des richesses. En effet, sur le plan social, le Chiapas est l’un des plus pauvres du Mexique : en 2000, près des 2/3 des logements du Chiapas n’avaient ni électricité ni eau courante, 72 % des enfants ne dépassaient pas la première année de scolarisation, et 80 % des Chiapanèques n’étaient pas affiliés à la sécurité sociale (source : wikipedia).
Le 1er janvier 1994 [4], des centaines d’indigènes descendent des montagnes et prennent par les armes quatre villes de l’État puis huit. Mairies et édifices publics sont brièvement occupés, les prisons ouvertes ! Les insurgé.es affichent partout la première Déclaration de la forêt Lacandone [5], et se replient rapidement. Les buts des opérations n’étaient pas en effet la prise de contrôle des institutions du Chiapas, mais de faire la preuve de l’étendue et de l’organisation de la révolte, pour amener le gouvernement à négocier des mesures améliorant la situation des Chiapanèques, en particulier en reconnaissant aux communautés mayas le droit à décider de leur sort et à ne pas être cantonnés dans des « réserves ».
L’armée fédérale réplique violemment en faisant quelques jours des centaines de morts et de prisonniers. Les forces insurrectionnelles de l’EZLN [6], avec son célèbre porte-parole : le sous-commandant Marcos, se retirent dans la selva profonde (forêt) pendant que l’armée cerne les zones rebelles et installe des dizaines de campements en différents points de la région pour mater l’insurrection populaire.
Devant la résistance zapatiste, l’État mexicain décrète un cessez-le-feu unilatéral et des négociations s’engagent par l’intermédiaire de Pablo Ruiz, archevêque de San Cristobal de las casas. Négociations qui aboutiront aux accords de San Andrès en 1996.
Malgré les accords signés et le retrait officiel de l’armée en 1996, les exactions des militaires et des paramilitaires, liés aux partis conservateurs ou directement à la solde de grands propriétaires, n’ont jamais cessé (assassinats, enlèvements...) et se poursuivent encore. La lutte aussi continue...
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