La mobilisation du 5 décembre a été un immense succès dans l’éducation avec des taux de grévistes historiques, et 1,5 million de manifestants (au moins 35 000 manifestants à Lyon).
Sur Vaulx-en-Velin, les taux de gréviste ont atteint les 70 % à 75 % de grévistes et une dizaine d’écoles étaient fermées.
Les personnels de l’éducation de Vaulx ont voté la reconduction de la grève pour le vendredi 6 décembre et le lundi 9 décembre pour défendre un système de retraite par répartition. Le mouvement se poursuivra bien sûr le mardi 10 décembre.
Outre la baisse drastique des pensions, particulièrement pour les enseignants, cette réforme fragilisera encore plus le service public d’éducation en réduisant l’attractivité du métier (voir la baisse importante des candidats aux concours de l’enseignement en 2020).
Les enseignants ne peuvent accepter de voir baisser leurs pensions de 300 à 800 euros comme l’entraînerait la mise en place de cette réforme. Le ministre Blanquer a beau promettre qu’il n’y aura pas de baisse de pension des professeurs, cela est tout simplement FAUX. Les enseignants seront bien les premiers touchés et les miettes promises par Blanquer n’y changerait rien. Le montant de notre pension sera calculé sur le salaire perçu tout au long de notre carrière et non plus sur les six derniers mois comme dans le système actuel. Blanquer parle d’une enveloppe de 600 millions pour augmenter les rémunérations, ce qui fait 40€ par mois d’augmentation par enseignant. Pour compenser les effets désastreux de la réforme sur nos pensions, il faudrait une augmentation de 1 500€ par mois en moyenne selon les calculs de la FSU.
Par ailleurs, nous trouvons inacceptable ce projet de retraite par points profondément inégalitaire dont l’objectif premier est la baisse généralisée du niveau des pensions.
Le projet des retraites tel qu’il a été pensé par le conseil national de la résistance est viable, quoi qu’en dise la propagande gouvernementale. Le déficit qui sert de justification à cette réforme est largement finançable (voir ci-dessous). Il s’agit d’une vision de la société dont nous ne voulons pas.
Veuillez trouver ci-dessous l’argumentaire qui a été diffusé dans l’ensemble des établissements scolaires de Vaulx-en-Velin.
« Il y a urgence à réformer un système déficitaire » affirme Macron !
Le déficit annuel de 17 milliards au maximum en 2025 annoncé par le conseil d’orientation des retraites (dont certaines hypothèses sont contestables et contestées), devrait se résorber de lui-même avec la disparition de la génération des baby-boomers à partir de 2035-2040. En attendant, le déficit reste largement absorbable.
La contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) est affectée chaque année au remboursement de la dette de la Sécu. Dès 2024, la dette sera totalement épongée. C’est 24 milliards chaque année qui seront alors disponibles. Cela suffirait à absorber le déficit annuel.
Les caisses de retraites complémentaires, comme celles des salariés et des cadres du privé (Agirc-Arrco), ont-elles-aussi mis de l’argent de côté. Au total, 137 milliards d’euros gardés au chaud. On peut y ajouter 20 milliards du fond de réserve des retraites créé en 1999. De quoi financer le déficit pendant près d’une dizaine d’années.
Les gains de productivité permettraient d’augmenter le taux de cotisations de 0,2 à 0,4 point par an (1,6€ par mois pour les salariés et 2,4€ pour les employeurs). Cela suffirait à assurer la pérennité du système actuel.
Il est possible d’étendre le système de cotisations aux salariés les plus fortunés qui ne participent pas au régime général lorsque leur salaire est supérieur à 27 000 euros par mois ! Le futur système prévoit même que les salaires supérieurs à 10 000 euros mensuels ne cotiseront pas !
On peut revenir sur les cadeaux faits aux entreprises (CICE = 40 milliards par an) et aux plus riches (suppression ISF + flat tax sur les revenus du capital = 5 milliards par an).
« Il n’y aura pas de baisse de pension des professeurs », promet Blanquer qui ajoute « Nous allons améliorer les rémunérations… »
Le montant de notre pension sera calculé sur le salaire perçu tout au long de notre carrière et non plus sur les six derniers mois comme dans le système actuel. è baisse de nos pensions de 300 à 800 euros. Pour une retraite d’une vingtaine d’années, cela fait entre 72 000 euros et 192 000 euros de perdus.
Blanquer parle d’une enveloppe de 600 millions pour augmenter les rémunérations, ce qui fait 40€ par mois d’augmentation par enseignant. Pour compenser les effets désastreux de la réforme sur nos pensions, il faudrait une augmentation de 1 500€ par mois en moyenne. La confiance qu’il disait…
De plus, le gouvernement ne veut pas de hausse généralisée en augmentant le point d’indice. Il s’agirait d’une hausse du salaire en début de carrière. Pour les autres, des primes pour certaines catégories et pour certaines missions, d’où une nouvelle dégradation de nos conditions de travail et de nouvelles pressions hiérarchiques.
Le gouvernement nous dit : « Il n’y aura pas de baisse des pensions et la valeur du point sera garantie ».
Le gouvernement veut créer une nouvelle règle d’or. Les dépenses du système de retraite devront rester inférieures à 14 % du PIB. Or, le nombre de retraités augmentera de 30 % d’ici 2050. Les retraités devront donc se partager la même part de la richesse nationale en étant beaucoup plus nombreux. Concrètement, cela signifie une baisse des taux de remplacement et du niveau de vie relatif des retraités par rapport aux actifs.
En cas de déséquilibre financier, les futurs gouvernements pourront réduire de manière discrétionnaire la valeur du point. Le gouvernement promet une indexation de la valeur du point sur les salaires. Celui des fonctionnaires est gelé depuis 10 ans, donc un gel des salaires sera synonyme de gel des pensions !
« J’ai toujours considéré qu’il y avait dans (...) le modèle suédois une véritable source d’inspiration à plusieurs égards », se vante Macron !
La Suède a adopté un système par points en 1998. Aujourd’hui 92 % des pensions ont fortement baissé pour les femmes et 72 % pour les hommes. Ces pensions, indexées sur la croissance du pays (comme dans le projet français), ont donc vu leur montant baisser à deux reprises en 20 ans. Aujourd’hui la Suède compte 15 % des plus de 65 ans vivant en dessous du seuil de pauvreté contre 7,5 % dans le système français actuel.
Le gouvernement nous dit : « Un système universel à points pour plus de justice ».
Toute la carrière sera prise en compte pour le calcul de la pension (y compris temps partiel, congé parental, chômage, années de bas salaires) et non plus les 25 meilleures années (privé) ou les 6 derniers mois (public).
La pension minimale de 1 000€ que le gouvernement ne cesse de mettre en avant ne concerne que les carrières complètes (pour les carrières hachées, la pension pourra rester inférieure) ! De plus, cela ne constitue qu’une augmentation de 50€ par rapport au système actuel. Enfin, cette pension de 1 000€ est inférieure au seuil de pauvreté qui est de 1 041€ selon l’insee.
Le gouvernement nous dit : « Un système universel à points favorable aux femmes ».
La réforme prévoit certes une majoration de la pension de 5 % par enfant. MAIS :
- Cette majoration est à attribuer à la mère ou au père. Le risque est grand que les couples choisissent de l’attribuer au salaire le plus élevé (souvent le père). D’où une dégradation des pensions pour les femmes avec des conséquences catastrophiques en cas de séparation avant la retraite.
- La réforme supprime la majoration de 10 % à partir du 3e enfant qui était attribuée aux deux membres du couple.
- La réforme supprime la validation des 8 trimestres de cotisation par enfant (4 dans le public). Les femmes auront donc encore plus de mal à obtenir leurs 43 années de cotisation, d’où une décote accrue.
- Le fait de calculer la pension sur l’ensemble de la carrière et non plus sur les meilleures années pénalisera directement les femmes qui ont les carrières les plus hachées (congés parentaux, temps partiel, emplois précaires).
- La réforme durcit les conditions pour percevoir une pension de réversion.
Le gouvernement nous dit « Le système par points préserve le système par répartition »
La réforme instaure une logique individualisée (avoir le plus de points possible). Elle instille l’idée que chacun cotise pour sa propre retraite et pas dans une optique de solidarité intergénérationnelle. On se rapproche de la logique de capitalisation où chacun épargne individuellement pour sa future retraite, épargne collectée par des fonds de pension.
La baisse des pensions incitera ceux qui le peuvent à épargner pour leur retraite. C’est sûrement un pur hasard si depuis le 1er octobre 2019, de nouveaux produits d’épargne retraite sont disponibles, en application de la réforme de l’épargne retraite prévue par la loi PACTE de mai 2019.
Avec la réforme, les plus riches sont exonérés de cotisations sur la partie de leur salaire supérieure à 10 000€. Ils consacreront ces sommes à capitaliser.
C’est le moment !
Face à une mobilisation historique (jamais vue depuis 2003 dans l’éducation nationale) autant fondée sur les appels syndicaux que des établissements qui sont partis d’eux-mêmes en grève reconductible, et alors que l’opinion publique soutient le mouvement, le gouvernement tente de calmer les esprits.
Peut être que désabusés par des successions de grèves perlées qui n’ont jamais permis d’obtenir d’avancées ces 15 dernières années, nous sommes nombreux à prendre conscience que cette fois nous ne devons pas nous laisser faire. Gel continu du point d’indice de nos salaires, réforme aux forceps du lycées et du baccalauréat, baisse continue des postes au concours, précarisation des recrutements, dégradations des conditions de travail et augmentations des effectifs, le tout conduisant à une baisse bien compréhensible du nombre de candidats aux concours.
Il faut cette fois peser de tout notre poids contre la destruction des retraites pour mettre un coup d’arrêt à la dévalorisation de nos métiers !
Tous en greve a partir du mardi 10 décembre
AG Vaudaise à 9h
Manifestation a 11h30 au départ de Jean Macé
AG Éducation a 15h à la bourse du travail (place Guichard)
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