Ce qu’est le Tochamon
Depuis le 30 Décembre 2020, des personnes en situation de grande précarité parmi lesquelles se trouvent des demandeu·rs·ses d’asile ont investi une maison en plein coeur du quartier de Montchat. Le Tochamon est un lieu qui veut que les personnes y habitant puissent exprimer et cultiver leurs compétences. C’est un espace qui donne accès à un toit là où les dispositifs légaux ne le peuvent. Une friperie s’est installée ce qui permet de créer un lien direct avec les habitants du quartier. Un couturier s’y essaye, redonnant une seconde vie aux vêtements et tissus. Un jardin potager et un poulailler ont été créés. A l’avenir, nous souhaitons diversifier les projets au sein du Tochamon en proposant notamment des temps de débats, concerts, rencontres…
Le propriétaire, son projet, ce qu’il veut de nous
Le propriétaire du bâtiment est la Métropole de Lyon. Un calendrier prévisionnel indique que le démarrage des travaux ne commencera pas avant le printemps 2022.
Toutefois, la Métropole veut l’expulsion des habitants du Tochamon “immédiate [1]” et explique pour justifier cela qu’elle “entendait consacrer cet immeuble au logement d’urgence”. Pour cette idée aucun document n’est produit, que du déclaratif. Et ne serait-ce pas ce que fait déjà le Tochamon ?
Elle invoque un tas de jurisprudences expliquant que le droit au logement ne saurait affecter le droit de propriété, “même si les personnes sont sans refuges”. Belle démonstration d’un parti qui se veut social.
Comme un aveu, la Métropole cite une ordonnance du tribunal d’instance de Villeurbanne disant que le droit de propriété prévaut “de telle sorte qu’une personne, même en grande difficulté sociale, personnelle ou de santé, ne peut imposer au propriétaire d’un bien une privation ou une restriction de ses droits en se prévalant d’un état de nécessité”.
Puis elle ose expliquer qu’“elle conduit une politique particulièrement remarquable en matière d’habitat, d’accueil et d’hospitalité”.
La Métropole s’abrite derrière tout un arsenal juridique qui lui permet de se dédouaner de sa mission de protection des personnes, pour ne pas avoir à dire si elle accomplit sa mission “de solidarité et d’hospitalité” sur le cas du Tochamon.
Contrairement à ce que l’élue Sandrine Runel a affirmé lors d’un article à l’occasion de l’ouverture du Tochamon, celle-ci n’a pas cherché à entrer en contact avec nous. Nous ne sommes pas opposés à l’idée de communiquer avec la Métropole mais nous revendiquons le droit au logement et au travail pour tous de façon libre et digne.
Ce que nous voulons
Rien ne prouve la réalité de ce projet d’hébergement d’urgence, sorti de derrière les fagots, que la Métropole affirme lors de l’assignation. Cette idée semble jetée de manière à justifier d’une expulsion immédiate des habitant·e·s. Et les habitant·e·s demandent à vivre dans le lieu tant que la destruction du bâtiment n’est pas effective, et au-delà qu’iels puissent vivre sous un toit de façon digne et constante. Iels veulent être relogées si l’expulsion est prononcée.
En outre, quand bien même le projet de Grand Lyon Habitat se réalise, le Tochamon défend la réquisition de bâtiments inoccupés, et cela en dépit des critères légaux, afin que toute personne, quelle que soit sa situation administrative et de séjour sur le sol français ait un toit. Les dispositifs de logement et d’hébergement légaux actuels ne répondent pas entièrement aux besoins. Pour ne citer qu’un chiffre, 300 000 personnes sont Sans Domicile Fixe [2]. En parallèle 3,1 millions de logements sont vacants en France [3]. Le Tochamon veut que toutes ces personnes qui ont l’envie et des choses à offrir puissent le faire librement. La nouvelle Métropole, qui se veut sociale, veut mettre des personnes à la rue avant même que le bâtiment soit détruit. Difficile après cela d’entendre la “politique de logement remarquable” qu’elle prétend mener.
Que font de mal les habitants du Tochamon ? Iels rénovent un lieu, le jardin est embelli, les murs troués recouverts d’enduit, les champignons toxiques qui couvraient les murs sont détruits etc. Iels font du bien au quartier et explorent pleinement le potentiel du lieu. Iels souhaitent vivre sous un toit et travailler de façon digne, s’intégrer au quartier. Est-ce que c’est ça le problème ? Quel espace propose la Métropole pour elleux ?
Plus largement, c’est l’Etat et ses préfectures qui a le plus de pouvoir d’améliorer ou d’empirer la situation : qui dirige la répression policière notamment envers les squats, qui peut réquisitionner des bâtiments vides, qui donne les papiers ou non, qui gère l’hébergement et/ou le logement des hommes majeurs isolés.
A travers la situation du Tochamon nous voyons que cela pose les question de l’implication de l’Etat. Et voici que l’on rejoint ce que la plupart des collectifs/associations de soutien aux demeudeu·rs·ses d’asile, ainsi que contre le mal-logement, revendiquent :
Améliorer les conditions d’accueil. Revoir les conditions d’entrées et de séjour. Les rendre plus accessibles.
Lever l’interdiction de travail qui ne profite à personne. Hormis les grosses entreprises qui gonflent leur profit sur de la main d’œuvre travaillant au noir et coûtant moins chère qu’un salarié français ayant les protections que garantissent le Droit du Travail.
Sans ces améliorations, il y aura toujours besoin d’ouvrir des squats pour que les personnes ne vivent pas dans la rue.
Pour porter toutes ces revendications, nous appelons à se rassembler le Vendredi 21 Mai à 9h devant le tribunal judiciaire de Lyon, au 67 rue Servient - 69003.
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