Alertés sur l’affaire juridique de J. se déroulant dans notre ville de Toulouse (voir en bas de page les articles de IAATA, Lundimatin et Mediapart), nous nous sommes rendus ce mardi 19 février au palais de justice pour assister à la mise en appel de sa détention. Nous avons été marqués, lors de ce procès, par différents points dans les discours des juges et de l’avocat général (de l’accusation) qui nous semblent remettre en cause des idées communément admises sur les principes du droit, et témoigner d’une évolution effrayante de la justice d’exception dans ce contexte politique brûlant du mouvement des gilets jaunes.
Rappelons brièvement les faits de l’accusation. Le samedi 2 février, en bas du domicile où il gardait la fille d’une amie, J. se retrouve soumis à une vérification d’identité. Refusant de décliner sa réelle identité puis d’accepter un prélèvement de son ADN et de ses empreintes digitales, il se retrouve placé en garde à vue et finalement en détention, car soupçonné d’association de malfaiteurs. Le motif ? Une clé de facteur ainsi qu’un autre jeu de clés composé de différents outils. On apprendra lors de ce procès que ces objets ont été justifiés par l’accusé comme ayant respectivement été utilisés lors d’une sombre histoire amoureuse pour la première, pour la réparation de vélos pour le second. Pourtant, ces simples objets justifient son placement en détention en l’attente des résultats d’une enquête ouverte à cette occasion pour association de malfaiteurs.
On ne trouve à J. aucun malfaiteur associé, ni aucun fait matériel venant prouver le moindre début de soupçon d’infraction. Pourtant, suivant la logique de la justice, puisque ouvrir des portes d’immeubles avec un pass facteur serait une pratique de l’ultra-gauche pour changer de tenue et y rechercher des frondes et cocktails Molotov – on aimerait retrouver une recension sérieuse du nombre de fois où ces objets ont été utilisés en manifestation à Toulouse – , la possession de cette fameuse clé devient à elle seule un motif d’incarcération. J. a pourtant été retrouvé sans aucun matériel de protection (pas même un masque à poussière) une heure avant la manifestation gilets jaunes du 2 février.
Ce type d’accusation revient théoriquement à affirmer, par exemple, que n’importe quelle personne en possession d’un tournevis et refusant de décliner son identité serait une potentielle voleuse, et à l’envoyer en prison. Quitte à ouvrir par la suite une instruction sur sa personne afin d’essayer rétrospectivement de lui retrouver des délits dont il n’existe à ce jour aucune existence tangible.
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