Fabrice Fernandez, avec sa compagne et cinq enfants, dont il était le père de trois d’entre eux, vivait depuis deux ans à Saint Rambert l’île Barbe, quartier du neuvième arrondissement de Lyon.
Ce soir du 18 décembre 1997 sera celui de l’assassinat de Fabrice par la police
Ce soir-là du jeudi 18 décembre 1997, Fabrice Fernandez se trouvait chez sa tante dans une barre du plateau de la Duchère, quartier également dans le neuvième arrondissement de Lyon, et il jouait aux cartes.
Puis vers 21 heures il descend aussitôt en bas lorsqu’il s’aperçoit que ses deux demi-frères sont en train d’être menottés par des policiers de la BAC. Comme souvent, les forces de l’ordre sont en nombre important ce soir-là à la Duchère, et, selon les policiers, un promeneur viendrait de signaler que son chien a été volé par trois jeunes, et un fusil à pompe a été confisqué. Fabrice s’interpose à l’arrestation de ses deux demi-frères. Des renforts arrivent, commandés par le policier Jean Carvalho, et emmèment les trois jeunes, Fabrice y compris, en garde à vue au commissariat de Vaise, rue Berjon. Ce qui est sûr c’est que Fabrice n’avait rien fait de condamnable pour être emmené en garde à vue ; lorsqu’il est descendu en bas, les policiers étaient déjà là et ce n’était pas possible qu’eux trois aient volé ce chien puisque Fabrice était en haut dans l’appartement de sa tante ; il s’était simplement soucié de ses deux demi-frères.
Ce soir-là, le commissariat de Vaise est bondé. Les cellules de garde à vue sont tellement pleines qu’on décide de placer Fabrice Fernandez à part, dans le bureau du chef de poste, alors que les deux frères se trouvent dans une autre salle du commissariat. Là, menotté, il est seul face à plusieurs policiers, et au bout de quelques minutes à peine, à 21h40, retentit une détonation. Fabrice Fernandez s’écroule dans un bain de sang, atteint en plein visage par une balle du fusil à pompe tirée par le policier Carvalho.
Que s’est-il passé ? Ce fusil à pompe confisqué faisait-il partie des armes du tabassage lors de la garde à vue, comme l’insinue le procureur de la République Coste, avocat général à la cour d’assises du Rhône, le 9 décembre 1999 ? Pourquoi tous les policiers qui étaient sur place dans la pièce trouvent-ils normal de laisser Carvalho brandir le canon du fusil à pompe sur Fabrice ? Pourquoi se sont-ils écartés, au lieu de réagir et d’hurler de poser cette arme ? Pourquoi Carvalho a dit que le coup est parti tout seul, alors qu’il faut une pression de 3,9 kg pour appuyer sur la gachette ?
Un témoin a répété que les derniers mots du jeune homme furent : « T’es pas capable.. »
Alors le policier n’a-t-il pas délibérément tué Fabrice Fernandez ?
Le policier était âgé de quarante ans, on a appris par la suite qu’il avait fait déjà deux fois l’objet de sanctions. Il a été mis à l’écart au total dix-huit mois pour faute professionnelle en réponse à des coups et blessures, sans être exclus de la police. Il n’a finalement été suspendu de ses fonctions qu’en janvier 1998. Même si, dans ce genre d’assassinats, les policiers bénéficient la plupart du temps d’un non-lieu, la mort du jeune Fabrice Fernandez, à Lyon, le 18 décembre 1997, d’une balle en pleine tête tirée dans les locaux du commissariat, aura valu douze ans de réclusion criminelle à son meurtrier, Jean Carvalho.
La nouvelle rendue publique de ce jeune homme de vingt-quatre ans, père de famille, laissant des enfants orphelins et une famille traumatisée, tué dans des circonstances dramatiques par un policier a soulevé une immense émotion à Lyon et particulièrement dans le quartier de la Duchère.
La marche de protestation du 22 décembre
Le 22 décembre 1997, une marche de protestation a rassemblé plus de quatre cents personnes depuis la barre de la Duchère où l’arrestation a eu lieu. La manifestation très digne mais déterminée est descendue au commissariat de Vaise, rue Berjon, où les policiers n’en menaient pas large, et est allée jusqu’à la mairie de Vaise, où Gérard Collomb, alors maire du 9e arrondissement, a été hué pour ses propos électoralistes malvenus dans cette circonstance aussi terrible.
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