Construite dans les années 60 avec 1000 logements, elle a été bâtie pour accueillir temporairement les habitant·es du quartier de Vaise complètement délabré. Elle a ensuite rapidement servi à loger les anciens colons d’Algérie expulsés qui ont été remplacés en quelques années par les immigrés d’Afrique du Nord invités à venir reconstruire la France.
Cet ensemble de 3 barres censé être provisoire était devenu intemporel et malgré leur décrépitude était chargé de la mémoire de l’histoire coloniale française.
Mais de cette histoire, le gouvernement français n’en veut pas (on se souvient d’ailleurs de la discussion il y a quelques mois de François Hollande avec des lycéens à propos de l’Algérie ou encore de Sarkozy et du « rôle positif de la France dans la colonisation ») et cherche à occulter cette histoire par tous les moyens !
Alors pour karchériser tout ça comme disait son prédécesseur, on va pulvériser l’histoire et la remplacer par des petits ensembles plus facilement contrôlables. Car que l’on ne s’y trompe pas, il n’y a jamais eu de gouvernement bourgeois qui s’inquiète réellement du bien-être des pauvres, ce qui les inquiète c’est le leur de bien-être.
Ainsi, la résidence Nelson Mandela a été construite à la place de la barre 210. Elle est composée de 79 logements, un supermarché et un local associatif. A la place de la barre 220, 59 logements répartis sur deux résidences. En tout, d’ici 2018, le quartier de la Duchère devrait accueillir 850 logements, un hôtel et des bureaux.
Pourquoi des bureaux alors que des milliers sont vides, que la nouvelle tour de la Part Dieu vient d’être construite, que Confluence n’arrive pas à remplir les siens ??
Tous simplement pour cleaner l’espace et « mixer les populations » comme aiment dire les politiques. La démolition intervient dans le cadre du grand projet de ville destiné à rendre le site plus attractif !! Mais attractif pour qui ? Pour les investisseurs privés bien entendu ! (Voir par exemple l’article : Tour Incity : après le Crayon, la « bite à Collomb »)
Pour en rajouter à la karchérisation du quartier 40 nouvelles caméras vont être installés dans le quartier « afin d’assurer la tranquillité publique et la sécurité », précise la municipalité, mais de quelle sécurité parle-t-on ? Qui met qui en insécurité à la Duchère ? La police ou les habitant·es ?
En réalité cela va aussi servir à éviter les solidarités de quartier comme en mars après le meurtre d’un jeune du quartier.
Si les élus de tous bords se glorifient de cette rénovation urbaine, de cette nouvelle ville durable... cela n’est pas sans nous rappeler les films de propagande des années 60 où déjà on vendait ce quartier comme « le nouveau paradis des banlieusards heureux »
Les habitant·es sont eux plus réservé·es, comme affirme Mohamed Tria le président de l’AS Duchère qui déclare à la Gazette des Communes :
« La mixité sociale qu’on nous vend avance doucement en réalité. Au club de foot, je vois arriver quelques petites têtes blondes, mais j’y croirai vraiment le jour où il y aura un fleuriste »,. Pour lui et d’autres, le pari est tenu en termes d’urbanisme, mais pas sur l’accompagnement social ni le « mieux vivre ensemble ». Le chômage est toujours élevé, surtout chez les jeunes, les trafics et la délinquance aussi : La Duchère fait partie des premières Zones de sécurité prioritaires créées en 2012. Signe que la rénovation du bâti, nécessaire, n’est pas suffisante. En outre, le Plateau « contraste désormais avec le reste du quartier et cristallise bien des dissensions », estime la sociologue Sarah Rojon dans une étude
D’ailleurs en revenant sur les archives des années 70, on voit bien à quel point les questions non pas changé, ainsi dans cette vidéo ou des habitantes du quartier demandent à plus de dialogue sur la rénovation urbaine où elles affirment que ni contre un pavillon de banlieue ni contre rien elle ne quitterait leur quartier :
Pourtant, les habitant.e.s ont dû partir, car un bilan portant sur les 1 408 foyers relogés des 2 premières barre, seuls 47% ont pu rester à la Duchère. En effet ce sont surtout des ménages extérieurs, attirés par des prix inférieurs à ceux pratiqués dans le reste de la ville, qui ont pu acheter.
Reléguant toujours plus loin du centre-ville les plus pauvres, toujours considérés de la même manière depuis le moyen âge, comme des « classes dangereuses » ...
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