La pollution du Rhône aux PFAS est désormais bien admise. Alors que l’on retrouve ces polluants éternels dans l’eau, l’air et les sols dans tout le Sud de Lyon et que les quantités trouvées dépassent très souvent les (trop peu nombreux) seuils réglementaires fixés par l’État ou l’Union Européenne,
Arkema continue à produire du Kynar PVDF sur son site en utilisant des PFAS. Pire encore, elle
souhaite même augmenter ses capacités de production de 50% dans les années à venir, grâce au soutien de l’État via le dispositif France Relance [1].
Face à la pollution causée par l’entreprise et à son impunité, les militant-es sont passé-es à l’action.
Tandis que certain-es installaient des banderoles depuis le toit des bâtiments, redécoraient le site, d’autres ont adressé des messages aux automobilistes de l’autoroute A7 voisine en retouchant le logo de l’entreprise.
Pendant ce temps, donnant son sens aux journées Portes Entr’ouvertes, des miliant-es ont ouvert le site en faisant tomber de nombreux grillages, permettant aux militant-es ainsi qu’aux employé-es
d’entrer et sortir. En parallèle, d’autres militant-es ont bloqué les portails d’accès au site (laissant
toujours une possibilité d’entrée pour les services de secours) et dressé un mur devant le portail
d’entrée destiné aux livraisons de l’entreprise. Par ces gestes, les militant-es ont voulu procéder à une mise à l’arrêt du site pour stopper sa production mortifère mais aussi à une ouverture de ses enceintes pour appeler à une plus grande transparence et permettre un accès facilité aux
connaissances de l’entreprise sur la dangerosité de ses produits.
Les militant-es sont également venu-es poser une question qui les taraude : depuis quand Arkema savait-elle que les produits qu’elle utilisait et rejetait sans aucune considération dans le Rhône sont dangereux ? L’application du principe de précaution, que les militant-es appellent de leurs voeux, ne peut être mise en oeuvre que si les citoyen-nes, scientifiques, associations et pouvoirs publics ont accès aux informations nécessaires à l’évaluation des risques et à la dangerosité des produits. C’est pourquoi les militant-es ont tenté de retirer les portes du Centre de Recherche Rhône-Alpes (CRRA), centre de recherche d’Arkema à Pierre-Bénite. Les études de toxicité devraient être réalisées préalablement, accessibles à tous-tes et surtout revues par des scientifiques indépendant-es et compétent-es. La connaissance sur la dangerosité des produits utilisés ne devrait plus être dissimulée derrière les portes opaques d’Arkema.
Enfin, une fresque a été réalisée sur les quais du Rhône, dans le centre de Lyon. On peut y voir un représentant d’Arkema versant des PFAS dans l’eau d’une maman allaitante, à côté d’une salariée de la DREAL se cachant les yeux avec les mains. Cette fresque avait pour objectif la sensibilisation du grand public à la pollution de l’eau potable dont se rend coupable Arkema (plus de 148 000
rhodaniens boivent aujourd’hui de l’eau polluée aux PFAS [2]) qu’à dénoncer l’inaction et la
consilience de la DREAL (service de la Préfecture de Région chargée de surveiller les installations ICPE et SEVESO) vis-à-vis de l’industriel. Si la pollution provient d’Arkema, elle n’a pu être causée que parce qu’elle jouit de l’impunité que lui offre un État au « mieux » négligeant, au pire complice.
Cette action d’envergure a pris place dans un contexte difficile : alors que les connaissances sur la pollution engendrée par Arkema grandissent de jour en jour, l’entreprise reste impunie et même protégée.
En effet, le référé pénal environnemental déposé par Notre Affaire à Tous Lyon, 10
associations et syndicats et 47 victimes a été rejeté en première instance et en appel par la justice [3]. Alors que le député de la majorité Cyrille Isaac-Sibille appelle fortement le Gouvernement à agir face aux PFAS, et à soutenir l’initiative visant leur interdiction initiée auprès de l’Agence Européenne des Produits Chimiques par l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège et le Danemark [4], les PFAS devraient être un enjeu majeur des élections européennes à venir : les citoyen-nes lyonnais-es et des autres zones impactées [5] doivent connaître le positionnement de leurs candidat-es sur le sujet.
Par ailleurs, le contexte policier et la répression que connait le mouvement écologiste depuis
quelques temps n’aura pas fait exception à la règle. Aujourd’hui, ce n’est pas moins d’une quinzaine de camions de CRS qui ont été dépêchés pour la défense des intérêts d’une entreprise privée. Non contentes de repousser les militant-es avec véhémence, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène, de spray au poivre, et de matraques. Nos équipes de médics sur place rapportent 3 blessures, dont une potentielle fracture, dues aux coups infligés par les CRS
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