C’est le lent démantèlement de l’Empire Ottoman qui mena au pouvoir les fractions politiques les plus virulentes contre les minorités qui composent cette région immense à la fin du XIXe siècle. C’est au nom d’une idéologie raciste que furent menées deux vagues successives d’attaques violentes contre les arméniens qui peuplent cette région : tout d’abord entre 1894 et 1896, puis lors de la Grande Guerre de 1914-1918.
Personne ne conteste ces massacres qui ont fait près d’un million et demi de morts faisant ainsi disparaître deux tiers de la population arménienne de l’Empire Ottoman. La contestation qui a encore cours aujourd’hui consiste à nier la planification et l’objectif d’éliminer tous les Arméniens (le génocide), et il existe aussi un désaccord sur le nombre des victimes. Pourtant beaucoup d’historiens et de centres d’histoire ont rassemblé nombre d’archives du gouvernement turc et des instances consulaires, en particulier des écrits du ministre de l’Intérieur Talaat Pacha (assassiné à Berlin le 16 mars 1921 par un jeune Arménien) qui écrivit par télégramme durant la première guerre mondiale : « Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l’âge, ni du sexe. Les scrupules de conscience n’ont pas leur place ici » ou encore : « Il a été précédemment communiqué que le gouvernement a décidé d’exterminer entièrement les Arméniens habitant en Turquie. Ceux qui s’opposeront à cet ordre ne pourront plus faire partie de l’administration. Sans égard pour les femmes, les enfants et les infirmes, si tragiques que puissent être les moyens d’extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur existence ».
Le gouvernement turc fut l’allié des Allemands et des Autrichiens lors de cette guerre, certains affirment même que le régime nazi, quelques années plus tard, s’inspira des méthodes du gouvernement turc : élimination de la classe possédante, des intellectuels, spoliation des biens, travail forcé pour les hommes et déportation des femmes et des enfants avec son lot d’assassinats massifs. Il est important également de dire qu’en 1924, le gouvernement turc tente de parachever son œuvre de purification en expulsant les derniers grecs présents à Istanbul. Le nationalisme cultivé par Mustafa Kémal a encore de nombreux fidèles aujourd’hui.
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